• Pétrole, bagnoles et camisole

    Lettre du mercredi 21 novembre 2018 - Investisseur Sans costume

    Pétrole, bagnoles et camisole

    ou

    Le pétrole c'est mal mais pas ses recettes fiscales

    Pétrole, bagnoles et camisole

    Quelques gilets jaunes descendent les Champs-Elysées à Paris, 17 novembre 2018.
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    En France, 70% de notre énergie provient des hydrocarbures (pétrole, gaz et 3% de charbon). Avec le nucléaire, cela fait 85% d’énergie « sale » selon la terminologie à la mode.

    Donc : Quand Édouard Philippe vous parle de "transition écologique" — et il en bave tant il en parle — pour vous cela veut dire que vous allez devoir trouver de nouvelles manières de vous chauffer, déplacer, travailler, consommer... 85% du temps, c'est à dire toutes les semaines du mardi au dimanche, compris.

    En revanche, ne lui demandez pas comment faire, il n'en a pas la moindre idée... Il ne voit déjà pas le problème de se balader en jet privé autour de monde. Voyons ce que nous pouvons faire à partir des 15% "propres" dans lesquels vous trouvez :

    • Le bois : 6%
    • L’eau (barrages) 3%
    • Les biocarburants 1,5%
    • Les pompes à chaleur 1%
    • Le vent 1%
    • Le soleil 0,4%
    • Et un peu de biogaz, valorisation de déchets etc.

     

    Notez que dans ces 15%, il n'y a que 4 ou 5% de "nouvelles énergies", celles dont on vous bassine tant depuis 10 ans. Tandis que le bois et l'eau, c'est vieux comme Hérode.

     

    Le bois est un combustible intéressant pour vous chauffer. Il peut être produit localement — c’est bien pour l’indépendance énergétique — il est neutre en CO2 puisqu’il relâche à la combustion le CO2 qu’il a absorbé durant sa croissance. En revanche, vous pouvez immédiatement l’oublier en zone urbaine. Cela fait belle lurette que les feux de cheminées sont interdits à Paris et ce n’est pas pour rien : vous étouffez tout le monde au monoxyde de carbone et aux particules fines. Il y a donc peu à chercher de ce côté d’autant que nos voisins européens réputés plus friands de bois que nous en consomment en fait… moins. Voir Bois de chauffage

    L’eau, c’est saturé, nos cours d’eau sont déjà équipés à près de 100% en barrages, il n’y a plus beaucoup d’emplacements disponibles et les rares qui restent sont gardés farouchement par les écologistes et défenseurs des zones humides. Il n’y a rien de plus à en tirer.

    Les biocarburants, c’est la cata. En France on fait surtout de l’éthanol qui consomme presque autant d’hydrocarbures à produire qu’il n’en économise : il faut l’équivalent de 800ml d’essence pour produire 1 000ml (1litre) d'éthanol et quand bien même vous voudriez en produire à grande échelle, nous n’aurions plus de quoi nous nourrir, les émeutes de la fin ne sont pas si loin. Il y aurait bien le bio-diesel qui est bien plus efficace que l’éthanol… Mais non, je vous rappelle que le gouvernement a déclaré la guerre au diesel. Passez votre chemin, il n’y a rien de ce côté.

    Les pompes à chaleur seraient intéressantes pour le chauffage, mais pas n’importe lesquelles. Cela coûte cher pour qu'elles soient efficaces, il faut faire de la géothermie et du chauffage au sol : même à coup de subventions éhontées et peu regardantes depuis 10 ans, on ne passe pas le 1% dans le mix énergétique et difficile de savoir combien d’installations sont réellement efficaces (vs celles qui consomment autant d’électricité qu’un.. chauffage électrique conventionnel, avec l'avantage d'être financées par la gabegie publique). Ajoutons qu'obliger tout le monde à changer sa chaudière n'est pas bien intéressant : il faut encore valoriser toutes les anciennes chaudières, qui polluent certes, mais dont nous n’avons plus à payer le coup — financier et écologique — de fabrication et d’installation au contraire des pompes à chaleur.

    Avec le vent et le soleil, on entre dans le delirium tremens. On voit pousser un peu partout des éoliennes qui rendent fous les hommes et les bêtes (littéralement), quant aux panneaux solaires, ils ont surtout permis d’envoyer des tombereaux d’argent public (encore) directement en Chine, premier producteur des panneaux dans lesquels nous sommes tombés.

    Je me souviens à ce sujet d’une discussion il y a une dizaine d’années avec le directeur de la recherche d’Engie (GDF-Suez à l’époque). J’étais sa plume et j’avais apporté à un de nos entretiens un magazine pseudo scientifique qui promettait de faire pousser des panneaux solaires dans les déserts. "C’est très bien m’avait-il répondu, il n’y a qu’un problème avec le désert, c’est le sable. Mais si on enlève le sable du désert, c’est une excellente idée" (le sable est abrasif, et avec un peu de vent, cela vous démolit un panneau en quelques semaines à peine)… depuis, on n’a toujours pas trouvé la solution.

    Bref : nous n’avons pas le début d’une solution au remplacement, même très partiel, des hydrocarbures et du nucléaire. Le problème avec le pétrole, c’est qu’il en faut très peu pour faire beaucoup de choses. Avec une petite bouteille d’essence (format 500ml) vous faites marcher une voiture sur 10km en quelques minutes... Essayez avec vos bras, vous ne ferez pas 100 m en une heure, même avec la meilleure des boissons énergisantes dans votre bouteille.

    Il n’existe absolument aucune autre source à l’heure actuelle qui permette de stocker autant d’énergie, littéralement dans une bouteille. Si nous ne pouvons le remplacer, nous pouvons bien apprendre à nous en passer. À vrai dire, ce n’est pas bien compliqué, l’humanité a vécu sans pétrole plus de millénaires que nous n’avons vécu de décennies avec.

    Il suffit de mieux isoler nos maisons, moins les chauffer, moins nous déplacer et arrêter de fabriquer des kilotonnes de produits en mauvais plastique à durée de vie extra-courte pour retrouver les vertus de l’artisanat, de la qualité et du partage.

    Mais là, c’est le gouvernement qui n’est plus d’accord. Bien sûr il ne vous le dira jamais mais il tient à son énergie comme un bulot à son rocher pour deux raisons :

     

    1. LES TAXES : Il fait aux automobiliste le même coup qu’aux fumeurs. L’essence comme la cigarette, c’est mal, mais pas les recettes fiscales. Alors, plus la consommation baisse, plus il augmente les taxes pour préserver ses recettes.
      Le problème c’est que la cigarette on s’en passe, mais la voiture c’est déjà plus compliqué. Il faut changer son mode de vie, trouver des alternatives, déménager, changer de travail… Cela prend un temps incompressible. Je ne sais pas pourquoi la presse n’en parle pas, mais la consommation d’essence a baissé de 10% cette année : c’est énorme ! Et cela représente un manque à gagner d’1 milliards d’euros pour l’État en taxes non perçues. C’est un milliard dont il ne peut pas se passer. Alors il augmente les taxes, améliore ses radars... Baisse la limite de vitesse.

      Voyez-vous l’ironie chers automobilistes, vous vous faites taxer parce que vous n’avez pas assez roulé !
       
    2. LA CROISSANCE : L’État vous reproche d’être accro à votre voiture mais il est lui-même accro à la croissance, sans croissance pas de rentrées fiscales et vu les niveaux d’endettement public, c’est inconcevable. Alors ils font comme les petits enfants ils se cachent les yeux et imaginent que cela ira mieux demain. Ils invoquent la croissance comme on invoque la pluie et leurs outils sont aussi efficace qu’un bâton de pluie. Or la croissance, comme la montré l’économiste Gaël Giraud, dépend à 60% de notre consommation d’énergie. À vrai dire, ce n’est pas très difficile à comprendre : la croissance, cela veut dire plus de PIB : plus de production, plus de consommation, plus de déplacements… plus d’énergie pour faire tout cela. Il n’existe pas de croissance verte qui ne consomme pas d’énergie… Ce serait comme un ado en poussée de croissance qui ne mangerait que de la salade…

      Ça ne marche pas.

     

    Bien sûr, cela ne veut pas dire que tout était mieux avant et qu'il ne faut pas changer. L'enjeu majeur de notre époque est produire mieux plutôt que produire plus.

    Et cela vaut aussi pour nos voitures, c’était d’ailleurs la conclusion d’une conférence passionnante de Nicolas Meilhan sur le pétrole qui :

    • Dézingue la voiture électrique : au niveau mondial, c’est une voiture au charbon (40% de l’électricité mondiale provient du charbon), sans impact en terme de consommation d’énergie car il faut beaucoup d’énergie pour produire la batterie. Et surtout, vous consommez moins de pétrole mais plus de métaux : lithium, cobalt… Vous déplacez le problème sans le résoudre.

    Pétrole, bagnoles et camisole

    Voir Le patron de PSA qui ose dénoncer la supercherie du véhicule électrique (Insolentiae)

    • Dézingue l’utilisation actuelle de la voiture : qui ne roule en moyenne que 5% du temps avec 1,3 personne pour occuper les 4 places habituelles. Cela fait une utilisation de 1,6% des capacités de la voiture en moyenne (5%x1,3/4). C'est PEU et c'est peu de le dire.

     

    Alors plutôt que de vouloir changer toutes les voitures, ce qui ne règle rien au problème, on ferait bien mieux d’utiliser plus les véhicules existants : avec du covoiturage et de l’auto partage.

    Selon Meilhan, ces deux mesures permettent de multiplier par 10 l’efficacité du parc de voitures : sans dépenser un centime !

    Mais cela veut dire vendre moins de nouvelles voitures, et moins d’essence, donc moins de consommation et moins de carburant (quel qu'il soit) et moins de taxes et cela l’État ne peut pas l’accepter.

    Dans un monde contraint en pétrole, on va avoir moins de choses chacun, le PIB par personne va vraisemblablement baisser. on ne pourra plus chacun avoir sa voiture, sa perceuse… Et on v faire comme avant : on se prêtait les choses, on partageait. On ne vivra pas moins bien et la bonne nouvelle c’est que cela va recréer du lien social…

    Faudrait-il encore que l’État nous laisse faire.

    L’ennemi de la « transition écologique », le vrai, c’est Édouard Philippe.

    En tant qu'investisseur je vous suggère donc de ne pas vous laisser berner par le miroir aux alouettes du politiquement correct. La voiture électrique, c'est non, Tesla c'est l'argent par la fenêtre. Les énergies renouvelables sont aussi des puits sans fond.   En revanche, regardez le nucléaire, il est sous représenté dans le mix énergétique mondial depuis l'accident de Fukushima. Aucun banquier n'osera vous en parler de peur de passer pour un méchant mangeur d'ours polaire.

    Pourtant les investissements reprennent en ce moment ouvrant de belles opportunités. Et c'est franchement préférable aux ignobles centrales à charbon que l'Allemagne a rouvertes pour remplacer son nucléaire (charbon 3% en France, 16 en Allemagne...). Demandez aux Chinois d'ailleurs qui ne peuvent plus respirer dans leur pays tant ils ont fait de charbon et se dépêchent maintenant d'en sortir... Notamment par le nucléaire.

    Voir Les centrales à charbon les plus polluantes d'Europe sont allemandes (L'Échelle de Jacob)

    À bon entendeur, Guy, l'investisseur sans costume

     

    Pour aller plus loin

    « Selon le discours officiel du GIEC, "la science a parlé", et tout opposant sceptique est passible d’être ostracisé. Car il faut faire vite, et cela fait plus de 20 ans que l’on nous rabâche qu’il y a extrême urgence et que la Planète ne pourra plus être sauvée d’ici trois à cinq ans (et même 500 jours selon Laurent Fabius ! …) sinon la Planète risque de devenir une "poêle à frire" (sur le feu, bien sûr) si nous ne réduisons pas drastiquement nos émissions de CO2, à n’importe quel prix, même au prix de la décroissance, de la misère et de la ruine de nos économies.
    Or, toute personne ayant une assez bonne culture scientifique, et qui se donne la peine de travailler la question, en arrive très vite à la conclusion que les thèses du GIEC sont fausses, pour nombre de raisons, dont voici une liste non exhaustive... »
    • L'enregistrement de la conférence de Nicolas Meilhan (en direct le 06/12/2017) à partir de 1h09 : https://www.youtube.com/watch?v=mbbKDdFTx9w 

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    Voir aussi

    "carbu et transition"

    Pollutions (Liens pollueurs)

    Samedi 17 novembre 2018 : Gilets Jaunes

    Voiture électrique : STOP avant le désastre (Les Lignes Bougent Pétition 2023) PDF

    Thèmes annexes

    Changement climatique

    Greta Thunberg...

     

     

     

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