• Y a-t-il un expert en linguistique dans la salle ?

    Lettre de Christophe Bernard (Blog Althea Provence) – vendredi 18 mars 2022

    La semaine dernière, j'ai beaucoup appris au sujet des allégations que l'on peut faire sur un sachet de plantes médicinales. Vous savez, le sachet de feuilles d'ortie que vous trouvez dans votre boutique favorite ou sur le marché.

    On parle d'allégations... de santé ?

    Ben non, on ne peut pas vraiment parler de santé, car ces produits sont classés comme alimentaires, figurez-vous. Du coup, si vous me vendez un sachet de thym1 ou autre plante libérée du monopole pharmaceutique2,3, il va falloir faire un drôle d'exercice.

    [1. Voir aussi Le thym, enfant terrible de la garrigue

    2. Note : Plantes aromatiques et médicinales en vente libre. Vous trouverez la liste des plantes aromatiques et médicinales libérées du monopole pharmaceutique en cliquant sur le le lien suivant. Notez que ceci implique des règles à suivre (pas d'indications thérapeutiques par exemple). Ventes de plantes médicinales [archive]

    3. Voir aussi Phytothérapie & Herboristerie]

    On marque quoi, sur le sachet ?

    Je vous le dis, il faut quasiment avoir un doctorat en linguistique. Et je n'ai clairement pas compris tout ce que la Fédération des Paysans Herboristes a expliqué lors du colloque Biovallée la semaine dernière. Mais eux comprennent ce dossier épineux, ce sont eux qui font tout le travail avec la répression des fraudes. Une fois que tout ceci sera enfin officialisé, ils nous feront, on l'espère, un manuel d'explication !

    Mais revenons au thym.

    "Aide à soigner un rhume"... pas mal non ? Eh non, deux mots interdits.

    Soigner : réservé au médecin.

    Rhume : idem (bien que là, j'aurais pensé que ça passe, mais non).

    En revanche, quelque chose comme "soutient les fonctions respiratoires", ça devrait le faire.

    Et pour la cystite, peut-on dire que le thym est efficace ? Je vous laisse répondre à cette question qui vous semblera relativement simple à ce stade. Il faudra plutôt dire un truc du style "aide à obtenir des urines plus saines"... J'imagine le consommateur qui achète un sachet de thym et regarde cette phrase avec questionnement... "Dis donc, Roger, elles sont saines mes urines, tu penses ?"

    Prenons un autre exemple avec le jus de betterave rouge,

    Mes recherches récentes montrent qu'il peut aider les personnes souffrant de maladie de Raynaud. Ben là, on est bien embêté...

    [Voir aussi Mains et pieds froids]

    Que pourrait-on mettre sur une bouteille de jus ?

    "Soulage la maladie de Raynaud" ? Surtout pas, on ne peut pas parler de maladie.

    Il faut plutôt évoquer un soutien de fonctions normales et physiologiques.

    "Soulage la sensation de doigts froids et blancs" ?
    "Ramène des doigts rouges et chauds" ?
    "Permet de retrouver une fonction optimale des doigts" ?

    J'imagine ma mère, au magasin, en train de regarder l'étiquette sur la bouteille. Et d'interpeller le gentil vendeur pour lui poser quelques questions... "Justement, mon fils a toujours voulu faire du piano, ça pourrait l'aider vous pensez ?"

    Heureusement, je ne vends pas de jus de betterave. Je n'ai pas à me poser ce genre de questions.

    En revanche, j'avais vraiment envie de vous faire une vidéo. Non pas sur l'art de faire des allégations, oh que non, ça je le laisse à ceux qui savent. Mais sur les bienfaits du jus de betterave :-) Vous allez voir, mes recherches m'ont conduit à des découvertes plutôt intéressantes.

    >> Jus de betterave : hypertension, maladie de Raynaud, fonctions cognitives <<

    PS : pour revenir à la Fédération des Paysans Herboristes, ces gens-là sont au four et au moulin en ce moment. Pas littéralement, hein, ils sont au champ et dans des réunions pour faire avancer de nombreux dossiers. Le tout pour pouvoir nous cultiver et nous vendre de bien belles plantes.

    On a besoin d'eux ! Et on peut les soutenir en allant ici : https://paysans-herboristes.org/adherer/

     

     

     

    haut de page