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Causeur 21/04/2021

Qui est Alain Ternational ?

inconnu nu

Chronique sur la langue française, son charme, ses difficultés, et… ses nouveaux locuteurs.

La langue française est une belle langue complexe, subtile et riche, pleine de pièges qui la rendent encore plus délicieuse aux yeux de celui qui sait les déjouer. Ou qui croit savoir les déjouer car, rien à faire, à un moment ou à un autre, même le plus attentif et scrupuleux défenseur de la langue française trébuche. Dans une de ses chroniques, Alexandre Vialatte avouait avoir péché par orgueil et par « ignorance péremptoire » : il était convaincu qu’il fallait dire « vous contredites ». Un beau jour, en proie au doute, il consulte un dictionnaire, se frotte les yeux et bat sa coulpe : il faut dire « vous contredisez ». Dernièrement, dans un papier pour Causeur, j’ai écrit fautivement « quoiqu’elle en dise ». Un ami m’en ayant fait gentiment la remarque, j’ai recopié cent fois la règle qui stipule que « quoique » ne s’écrit en un seul mot que dans les cas où il peut être remplacé par « bien que ». On voit par là que l’homme, quoique remontant à la plus haute Antiquité, en apprend tous les jours ; et que, quoi qu’il pense de lui-même, il ne peut se passer ni d’un dictionnaire ni d’un solide Bescherelle, ces superbes outils lexicographiques et grammairiens qui devraient trôner sur le bureau de tous ceux qui se destinent à partager un peu de leur prose.

La réforme de l’orthographe ne convient pas à tout le monde

Tandis que je me remettais à grand-peine de ma faute, je tombai, dans un hebdomadaire réputé pour son sérieux, sur un article qui allait conforter l’adage selon lequel quand on se regarde on se désole et quand on se compare on se console. À la fin de ce court article consacré à Assa Traoré et ses multiples condamnations pour diffamation, le journaliste écrit : « Si, à l’issu des deux mois, Assa Traoré n’a pas appliqué la décision de justice “il pourra être statué sur une nouvelle astreinte”, a priori plus élevée. Assa Traoré devra dors et déjà reverser 100 euros aux gendarmes, pour n’avoir pas appliquer cette décision lundi, et 200 cents euros si elle n’applique toujours pas la décision aujourd’hui. Contacté par nos soins, l’avocat d’Assa Traoré, Maitre Yassine Bouzrou, n’a pas souhaité répondre à notre sollicitation. »

Certains plaideront que l’accent circonflexe sur la voyelle de certains mots n’est plus une obligation depuis la réforme de l’orthographe de 1990. D’autres, dont je suis, considéreront que cette absence blesse l’œil et le cœur. Retirer son accent circonflexe au mot château, c’est abattre ses hauts murs et ses tourelles et commencer de visiter des ruines. Une âme privée de son accent errera dans Dieu seul sait quel cercle de l’Enfer. Une “flute” jouera toujours faux. Les promoteurs de cette réforme nous privent à la fois de l’histoire et de la joliesse de cet accent et des mots qu’il coiffe. Ils n’imaginaient d’ailleurs sûrement pas les funestes conséquences de leurs recommandations pour « simplifier » l’orthographe : avec l’accent circonflexe, ce sont les accents graves et aigus, et l’orthographe des mots les plus simples, et la syntaxe la plus élémentaire, qui disparaissent des copies de nos lycéens, ces grands cimetières de notre langue.

Notre novlangue techno-globishisée

Passons rapidement sur cette « issu » qui m’a laissé sans voix. Quant à « dors et déjà », cette horreur montre que celui qui l’a écrite n’a vraisemblablement jamais lu la locution adverbiale « d’ores et déjà » ; il l’écrit par conséquent phonétiquement, c’est-à-dire comme il l’entend et non comme elle doit s’écrire. Ce n’est pas entièrement de sa faute : en cinquante ans, des « scientifiques de l’éducation » ont drastiquement diminué le nombre d’heures de cours de français dans l’école primaire puis au collège ; la dictée flash et la twictée ont remplacé la dictée traditionnelle ; la lecture d’œuvres littéraires a été réduite à sa plus simple expression. Le mauvais exemple vient de haut. L’écriture inclusive promue jusque dans certaines de nos universités et la novlangue techno-globishisée de nos élites participent également à cette entreprise de démolition linguistique. Ces dernières, sorties parfois de nos plus grandes écoles, déclarent aujourd’hui en toute impunité être en capacité de gouverner ou se sentir en responsabilité de mener telle action. Puis elles cherchent à savoir de quelle manière les habitants d’ici ou d’ailleurs, et en particulier Alain Ternational, ont été impactés par les dernières mesures du gouvernement.

À ce propos, quelqu’un, parmi les lecteurs de Causeur, peut-il me dire qui est cet Alain Ternational ? Où se trouve Alain Ternational ? Dans quelle officine secrète travaille obscurément Alain Ternational ? Car je n’entends plus parler que de lui. On l’interroge, on le questionne, on réclame son avis qu’il ne donne jamais. Dernièrement, un journaliste lui demandait : « Que pense-t-on de cette déclaration Alain Ternational ? » Panne de micro ou satellite défaillant, nous n’entendîmes pas la réponse d’Alain Ternational. Deux jours plus tard, un autre journaliste, après un bref exposé sur les relations diplomatiques entre la France et la Turquie, l’apostrophait : « Quelles sont les réactions Alain Ternational ? » Alain Ternational, sans doute interloqué par la brusquerie du journaliste, ne répondit pas, et ce dernier continua de lire son papier comme si de rien n’était. Le 15 avril dernier, face à Caroline Roux dans l’émission Les 4 vérités de France 2, Anne Hidalgo, vantant le travail réalisé par la mairie de Paris, déclarait : « Ce que nous avons su montrer ces dernières années, ça nous est reconnu, par les Parisiens et Alain Ternational, c’est que nous avons su conjuguer en même temps ce patrimoine et la modernité. » Voilà qui est bien étrange. Plus étrange encore, les auteurs du dernier rapport sur la diversité à l’Opéra de Paris préconisent de « démarcher des artistes non blancs de haut niveau », « y compris Alain Ternational. » Le mystère s’épaissit. Alain Ternational est-il noir ? Alain Ternational vit-il à l’étranger ? Est-il un artiste, un diplomate, un architecte urbaniste ou une éminence grise ? Qui est Alain Ternational ?

Didier Desrimais

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C’est une langue belle avec des mots superbes
Qui porte son histoire à travers ses accents
Où l’on sent la musique et le parfum des herbes
Le fromage de chèvre et le pain de froment

Et du Mont-Saint-Michel jusqu’à la Contrescarpe
En écoutant parler les gens de ce pays
On dirait que le vent s’est pris dans une harpe
Et qu’il en a gardé toutes les harmonies

Dans cette langue belle aux couleurs de Provence
Où la saveur des choses est déjà dans les mots
C’est d’abord en parlant que la fête commence
Et l’on boit des paroles aussi bien que de l’eau

Les voix ressemblent aux cours des fleuves et des rivières
Elles répondent aux méandres, au vent dans les roseaux
Parfois même aux torrents qui charrient du tonnerre
En polissant les pierres sur le bord des ruisseaux

C’est une langue belle à l’autre bout du monde
Une bulle de France au nord d’un continent
Sertie dans un étau mais pourtant si féconde
Enfermée dans les glaces au sommet d’un volcan

Elle a jeté des ponts par-dessus l’Atlantique
Elle a quitté son nid pour un autre terroir
Et comme une hirondelle au printemps des musiques
Elle revient nous chanter ses peines et ses espoirs

Nous dire que là-bas dans ce pays de neige
Elle a fait face aux vents qui soufflent de partout,
Pour imposer ses mots jusque dans les collèges
Et qu’on y parle encore la langue de chez nous

C’est une langue belle à qui sait la défendre
Elle offre les trésors de richesses infinies
Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre
Et la force qu’il faut pour vivre en harmonie

Et l’Île d’Orléans jusqu’à la Contrescarpe
En écoutant chanter les gens de ce pays
On dirait que le vent s’est pris dans une harpe
Et qu’il a composé toute une symphonie

Et de l’Île d’Orléans jusqu’à Contrescarpe
En écoutant chanter les gens de ce pays
On dirait que le vent s’est pris dans une harpe
Et qu’il a composé toute une symphonie.

Yves Duteil

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Documentation diverse (non exhaustive !)

2016 Sémantique, éthique et piques

2018-19 Femmes, féminisme et... vocabulaire

2020 État : incompétence +++

2021/04 Il est bien tard, le temps joue contre nous

Déliquescence socio-politique de la pensée (Féminisme anti-français)

Français - indigeste

La langue officielle, c'est le français. Pas le gloubi-boulga (BV 07/07/2019) [archive]

Moi pas vouloir speaker globish

Novlangue et jeux de cons

Regards sur notre français (avec citations)

 

 

 

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