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Jimmy Carter, ancien président des États-Unis (arrivé à la Maison-Blanche en 1977) s’est éteint dimanche 29 décembre 2024 à l’âge de 100 ans.

Jimmy Carter au Capitole

Jimmy Carter au Capitole

Le bilan mitigé d’un président idéaliste

Né en 1924 en Géorgie, dans le Sud profond, Jimmy Carter est arrivé à la Maison-Blanche en 1977, porté par la vague de désillusion post-Watergate. Offrant une image de moralité et d’honnêteté, il séduisit les électeurs lassés des scandales et d’une Amérique fracturée par la guerre du Vietnam. Pourtant, cet ancien fermier et ingénieur naval, adepte d’un style de vie modeste, s’est rapidement heurté aux limites du pouvoir exécutif.

Sur le plan intérieur, son mandat a été marqué par une stagflation * galopante, conjuguant chômage élevé et inflation, et par la crise énergétique de 1979, qui a symbolisé l’impuissance de son administration face aux défis économiques. Ces difficultés ont durablement entaché son image, le rendant vulnérable face à un Ronald Reagan au discours optimiste et résolument tourné vers le renouveau.

* Qu'est-ce que la stagflation ? La stagflation décrit une situation dans laquelle l'économie souffre simultanément d'une forte inflation (augmentation générale et durable des prix) et d'une croissance faible, voire nulle. La stagflation est un phénomène rare. Stricto sensu, elle s'est produite seulement une fois, dans l'histoire économique récente, durant les années 1970, à la suite du premier choc pétrolier.

Son rapport au pouvoir était atypique. Carter s’est distingué par son refus de jouer selon les règles établies de la politique à Washington, méprisant le clientélisme et les manœuvres partisanes. Mais cette posture d’outsider a isolé son administration du Congrès et des élites, compliquant la mise en œuvre de réformes structurelles. Visionnaire sur certains dossiers – notamment les énergies renouvelables et l’environnement – il n’a pas su convaincre une opinion publique en quête de solutions immédiates à ses problèmes.

Un humaniste plus à l’aise hors du pouvoir

Sur la scène internationale, Jimmy Carter s’est démarqué par son rôle de médiateur lors des accords de Camp David, qui ont conduit à une paix fragile mais historique entre Israël et l’Égypte, en 1978. Ce succès, cependant, a été éclipsé par la crise des otages en Iran, qui a duré 444 jours et affaibli l’autorité de sa présidence. Ce drame, retransmis en boucle par les médias, a laissé l’image d’un président incapable de protéger les intérêts américains.

Ironiquement, c’est après son départ de la Maison-Blanche que Carter a véritablement trouvé sa vocation. Avec son engagement sur les droits de l'homme, la lutte contre les maladies tropicales et la construction de logements pour les plus démunis via Habitat for Humanity, il a remporté, en 2002, le prix Nobel de la paix. Cet héritage post-présidentiel, souvent célébré, a parfois occulté les insuffisances de son passage à la tête de la première puissance mondiale.

Une figure contrastée

Jimmy Carter était un homme de paradoxes : moralement rigoureux, membre actif de l'Église évangélique, il se dira personnellement opposé à l'avortement… mais il soutiendra la légalisation de l'IVG après l'arrêt Roe v. Wade.

En définitive, son mandat reste un objet de débat et il laisse derrière lui l’image d’un homme plus grand en tant qu’ancien président qu’en tant que président.

Boulevard Voltaire 30/12/2024 [archive]

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Lire aussi Carter, pas un pacifiste béat (Causeur 02/01/2025) [archive]

Il y a un aspect symbolique dans la mort de Jimmy Carter qui avait fêté ses cent ans et dont les obsèques nationales sont prévues pour le 9 janvier [2025]. Ce sera l’un des derniers événements présidés par Joe Biden. Ni Carter, ni lui n’ont pu obtenir le deuxième mandat qu’ils espéraient, le premier parce qu’il avait été battu par Reagan, le second parce qu’il n’était pas en état de se représenter. Là ne s’arrêtent pas les analogies entre les deux hommes, considérés par le public comme des présidents faibles. Le slogan de campagne de Reagan contre Carter était : "Let’s make America great again". Trump s’est limité à retirer le let’s, ce qui donne MAGA, et, comme c’est un homme d’affaires, il a déposé son slogan, ce que Reagan n’avait pas fait…

Signature du Traité de paix de Camp David, 26 mars 1979. De gauche à droite, l'Égyptien Sadate, l'Américain Carter et l'Israélien Begin.

Signature du Traité de paix de Camp David, 26 mars 1979. De gauche à droite, l'Égyptien Sadate, l'Américain Carter et l'Israélien Begin.

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