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C'est quoi l'agriculture 4.0 ?

Agriculture 4.0... c'est quoi ?

(Partie 1/2) Publié le 17 juillet 2018 Antoine Riot * et Benoit Egon • Terre-net Média (* voir plus bas)

Tout le monde entend parler d’agriculture 4.0 sans vraiment savoir de quoi il s’agit. Si nous prenons un peu de recul, la meilleure des définitions est de faire une analogie avec le monde de l’industrie 4.0. L’acquisition d’une masse de données et demain, leur traitement automatisé assisté d’une intelligence artificielle, doivent permettre à chaque exploitation d’optimiser ses performances économiques. Les changements sont en cours avec les interrogations qu’ils peuvent soulever. Un second article entrera plus dans les détails des solutions concrètes apportées par l'agriculture 4.0.

L’expression "agriculture 4.0" a été créée par analogie au terme "industrie 4.0"

On découpe généralement l’évolution du secteur industriel en quatre étapes. Dans les années 1880, il s’est transformé grâce aux machines à vapeur : c’était l’industrie 1.0. L’introduction de l’électricité sur les chaînes de montage correspond à l’industrie 2.0. La troisième phase de la transformation industrielle est caractérisée par l’avènement de l’informatique et l’automatisation des processus sur les chaînes d’assemblage. L’industrie 4.0, elle, regroupe les dernières mutations opérées grâce au numérique *, et à la possibilité d’interagir et de communiquer avec les différents matériels.

* Voir plus bas Discussion à propos de "digital' et de "numérique"

L’agriculture a connu les mêmes changements

Aujourd’hui en effet, toutes les machines-outils et tout l’environnement de la chaîne de production ont la possibilité de transmettre des informations en temps réel sur leur état et leurs performances. Ces informations centralisées dans l’usine permettent de commander les divers engins, en prenant en compte l’état des autres appareils. De cette façon, il est possible d’automatiser et robotiser une chaîne de production complète comprenant des robots travaillant sur le même produit, en même temps et de façon coordonnée. Le ramassage des poubelles illustre parfaitement cette problématique. Avant, un salarié passait plusieurs fois par jour pour vider des conteneurs parfois presque vides. Aujourd’hui, quand ces derniers sont pleins, ils appellent l’opérateur pour qu’il intervienne. D’où un gain de temps, donc de productivité.

L’agriculture 4.0 : c’est la même idée, l’activité agricole, très mécanisée, est une usine à ciel ouvert

Lagriculture a rencontré les mêmes transformations que l’industrie avec l’apparition de la machine à vapeur puis le développement du machinisme agricole. Aujourd’hui, l’ensemble des engins agricoles intègrent des commandes électroniques et sont entrés dans l’air du numérique, ce qui permet d’être informé de leur état et de leurs performances.

Par ailleurs, l’électronique s’est démocratisée, les capteurs et les drones collectent des données sur la météo, les parcelles, les animaux et globalement toute la vie de la ferme. Actuellement, on peut "prendre le pouls" de n’importe quelle activité de l’exploitation agricole et la traduire en performances.

Traiter des données rapidement pour prendre des décisions

Cette tendance est mondiale et touche tous les secteurs. Le développement de l’électronique, des logiciels et des bases de données permet de traiter beaucoup d’informations en un temps très court, afin d’assister un décideur dans ses choix.

Cette digitalisation aide à mieux comprendre une situation et à automatiser des tâches ingrates ou difficiles à effectuer car extrêmement précises, rapides ou répétitives. Il sera envisageable, par exemple, d’identifier une adventice en train de lever et de piloter un robot désherbeur travaillant en temps masqué 24h/24h pour qu’il traite la plantule.

Voir Un Projet de Grande Envergure

En tant qu'agriculteur, je gagne quoi avec tout ça ?

Ces progrès vont faciliter la compréhension des diverses problématiques agricoles, la prise de décision et l’amélioration des performances via les robots, drones ou capteurs… L’agriculteur est libre de les utiliser selon ses besoins ou pas.

L’agriculture 4.0 pourra d’abord fournir des outils d'aide à la décision : mieux comprendre une situation et capitaliser sur le comportement des cultures ou des animaux en fonction des saisons, de la météo. L’état de maturité d’une parcelle, l’apparition de maladie sur les plantes, l’état de santé d’une bête… L’ensemble de ces infos fait gagner du temps à l’exploitant agricole et simplifie la prise de décisions se basant sur des données objectives.

Une fois les infos capitalisées et comprises, l’agriculture 4.0 pourra permettre par exemple :

  • d’apporter des engrais de manière localisée, ou d’assurer un traitement géolocalisé des parcelles pour lutter contre les maladies avec, à la clé, une augmentation des rendements et une diminution du recours aux produits phytos, garantissant le retour sur investissement de cette opération.
  • de déterminer le moment idéal pour la moisson en fonction de la météo, des cours des marchés agricoles et des caractéristiques de l’exploitation avec, comme résultat, une optimisation des prix de vente.
  • la surveillance des animaux en élevage avec, notamment, les détecteurs de chaleur ; chaque bête est gérée individuellement de manière automatique pour la distribution de la ration, mais aussi la production ou l’état sanitaire. Conséquence : le troupeau est plus sain et plus productif et le travail moins pénible.

L’intelligence artificielle, prochaine évolution des pratiques ?

À terme, l’intégration de modèles mathématiques, la circulation des données entre les machines de l’exploitation et l’intégration de modules décisionnels embarquant des algorithmes d’intelligence artificielle permettront une prise de décision plus rapide et pourquoi pas automatisée dans certain cas. Par conséquent, les agriculteurs auront plus de temps disponible pour mieux gérer l’existant, voire piloter davantage de choses.

Les prémices des échanges de données sont déjà en marche. Primée à l’Agritechnica, la solution du groupe DKE, l’Agrirouter, en est un exemple. Des fabricants comme Kuhn se positionnent déjà fortement sur ce domaine. Vincent Arnould, membre du comité de pilotage Agrirouter du constructeur alsacien donne clairement la position de la marque sur ce point : « Nous participons à de nombreux projets de R&D, dont certains sont liés à l’automatisation. Notre priorité est d’améliorer le confort, la sécurité et la performance de nos machines. Dans ce domaine, l’automatisation peut fournir des solutions intéressantes. »

« Ainsi, Agrirouter pourrait s’accompagner de la création d’une multitude de services utiles à l’agriculteur, comme le transfert de tâches à distance sur le terminal de la machine, ou la remontée d’informations sur l’utilisation des machines vers le logiciel de gestion de l’exploitation. Agrirouter permettra à un agriculteur d’orchestrer la circulation de ses informations entre tous ses matériels, logiciels et partenaires externes, dans un mode collaboratif synonyme de gain d’efficacité. »

Vers une déshumanisation de l'agriculture ?

Les données et les machines sont conçues par les hommes et donc à leur service. L’agriculture 4.0 n’est pas "big brother", avec des décisions qui pourraient se prendre malgré nous de façon opaque et automatisée. Ces nouveaux outils seront au service l’agriculteur, libre à lui de les utiliser ou pas.

Certes, des changements sont en cours, mais l’agriculture devrait en bénéficier. Pour nous en convaincre, revenons en arrière, à l’agriculture 3.0, avant l’arrivée des tracteurs et de la mécanisation. À cette époque, nos grands-pères ont vu arriver cette vague de modernité, souvent avec méfiance. Cela a changé profondément le travail de l’agriculteur, pourtant personne aujourd’hui ne souhaiterait revenir en arrière, même les plus réfractaires à la modernité. L’agriculture 4.0 ouvre une transition de cette même ampleur. Il faut s’en saisir comme une chance supplémentaire d’améliorer le travail, la pénibilité et les performances économiques au sein des exploitations agricoles.

Lien vers l'article sur www.terre-net.fr [archive]

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Lire aussi la partie 2/2 Agriculture 4.0 : Le changement, c'est maintenant !

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Antoine Riot, entrepreneur dirigeant, fondateur de : 

  • Croissance Innovation : société de conseil en innovation (spécialisée dans l’AgTech)
  • L’innovation Collaborative Lab : structure collaborative spécialisée dans l’accélération de l’innovation

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Quelques commentaires, réactions

Bon article. La société dans son ensemble passe au 4.0. Pourquoi ? Car il y a eu une avancée technologique dans le domaine de l'intelligence artificielle qui semble déterminante ; avec les systèmes de neurones électroniques multicouches (deeplearning) nous sortons de l'informatique linéaire pour plonger dans une technologie qui transcende les schémas classiques. Faut-il avoir peur de la technologie ? Je ne crois pas, elle est là et ne cesse de progresser et son évolution ne peut être arrêtée, elle est ni bonne ni mauvaise, elle est un outil, un potentiel. Nous pouvons utiliser l'agriculture 4.0 pour détruire totalement la planète comme pour construire un écosystème planétaire paisible et harmonieux. C'est la peur qui est dangereuse. Je crois en l'humain et le monde de demain sera, ni plus ni moins, l'expression de nos actes d'aujourd'hui. ( )

Je pense que l’idée est bonne mais on voit ou les idées avant-gardistes nous ont mené ses 40 dernières années. Sols morts, pesticides, engrais traitements, graines génétiquement modifiées et tout ça pour avoir souvent des produits parfois nuisibles à la santé. La mort de 60% des oiseaux et des insectes et en particulier des abeilles etc. Attention au progrès non raisonné loin des procurations quotidiennes de nos agriculteurs aussi jardiniers et décorateurs de nos belles campagnes. Faisons appel tout le temps à leur bon sens en les associant à nos réflexions. ( é)

Le problème est que le libre arbitre de l'agriculteur est en train de disparaître avec ce machine qui "aident" à la décision.  Même si les données de la machine ne sont que celles que des humains lui ont enregistrées, l'agriculteur n'aura plus aucun choix. Les machines ne pouvant pas prévoir les aléas, si un jour il arrive un événement climatique brutal ou une incapacité inopinée, ou je ne sais quoi, cela contrariera la machine qui fera ce pourquoi elle a été conçue alors que ce n'est plus le bon moment. On peut imaginer toutes sortes de scenarii.  Et que devient le cerveau humain dans tout cela ? Si tout est pensé à notre place et pas raisonné. Que l'agriculteur soit aidé dans ses travaux, c'est une chose mais que les machines prévoient absolument tout, c'est confier la terre à n'importe qui n'en a pas la culture ni la fibre. Quelle tristesse ! ( )

Déshumaniser le travail de la terre par la mise en œuvre de technologies de plus en plus sophistiquées est à mon avis une grave erreur. Certes, il ne faut pas faire le procès de la modernisation qui a soulagé les agriculteurs de tâches ingrates et à la limite peu productives, et augmenté la production de manière remarquable ; mais la mécanisation intégrale, pour ne retenir que cette étape de l'évolution des systèmes d'exploitation, n'a-t-elle pas engendré "la fin des paysans" et de plus en plus aujourd'hui "la fin de l'agriculture", l'endettement des producteurs sous l'effet de la course à la productivité, la disparition de "la culture rurale" et le dépeuplement des campagnes ? Les pays développés en savent quelque chose. Finalement les gagnants du productivisme a profité à l'amont aux fournisseurs de technologies, et à l'aval aux agro-industries. (Abdallah Cherif Géographe ruraliste)

Mais non, l'agriculteur n'est pas libre. Toutes ces données ne lui permettront que d'exploiter encore plus de surfaces acquises grâce au temps gagné. C'est sa nature d'avoir toujours plus et à la fin, la Terre se meurt. D'ailleurs, c'est déjà le cas, voyez les transhumances humaines. ( )

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* Discussion à propos de "digital' et de "numérique"

Si vous pensez que je vais utiliser "digital", vous vous mettez le doigt dans l’œil. Mais bravo pour l’article (coreight 11 février 2015)

Demander l’avis à des personnes qui conseillent les entreprises/agences de com’ est une erreur car elles utilisent ces termes dans leurs documents et discours et ne sont pas objectif, il y a clairement conflit d’intérêt. Pourtant, c’est simple, si l’Académie française dit que c’est Numérique, bah , c’est Numérique ! (Gluk 13 février 2015)

[...] Connaissez vous la différence entre une langue véhiculaire et une langue vernaculaire ? Si oui pardon de vous le rappeler. La langue vernaculaire est parlée par les autochtones. Une langue véhiculaire permet à des personnes de langues différentes de se comprendre. Le latin et le grec en sont des exemples dans l’antiquité. L’anglais, l’espagnol et le français jouent ou ont joué ce rôle. Pour moi le terme DIGITAL appartient au langage véhiculaire le plus répandu du XXIe siècle : l’anglais. C’est pourquoi vous le rencontrez et l’utilisez partout à travers le monde. NUMÉRIQUE appartient selon moi au français dans son usage vernaculaire. C’est pourquoi je préfère utiliser NUMÉRIQUE quand je m’adresse à des Français. [À propos] de précision, j’en profite pour dire aussi un petit mot à Sam en toute sympathie (entre ingénieurs on doit pouvoir se comprendre :-)) : Mes leçons de théorie du signal sont un peu loin mais il me semble qu’un signal discret est un signal "discontinu". Discret est le contraire de "continu" et non le contraire d'"analogique". La discrétisation consiste à prendre des valeurs à une fréquence donnée d’un signal continu ou continu par morceau (au sens de l’analyse mathématique) en utilisant des techniques d’échantillonnage. Ces valeurs sont alors traduites en nombres (valeurs numériques) dans l’unité qui caractérise la nature physique du signal. C’est cette dernière opération qui donne son caractère « numérique » au résultat et non l’opération d’échantillonnage. Enfin, un petit mot sur le titre de cette discussion : FAUT-IL dire… Comme le dit Florent, chacun fait comme il veut. Il ne s’agit pas d’imposer quoi que ce soit. Personnellement, je constate tous les jours des glissements de sens dus à l’utilisation d’un terme pour un autre. La plupart du temps c’est uniquement par erreur involontaire, parfois le doute existe, parfois c’est clairement volontaire. À notre époque d’hyper communication, de marketing, de publicité et de rhétorique électoraliste, je considère que conserver à chaque mot un signification non ambiguë est un acte nécessaire qui relève de ce que l’universitaire québécois Normand Baillargeon appelle de l’autodéfense intellectuelle. (Thierry 20 juin 2015)

Lorsque je vais en France - je suis Québécoise - je suis toujours estomaquée d’observer à quel point l'amour de la langue de Shakespeare prend le dessus sur celle de Molière. Vous parlez ici de digital que nous nommons numérique, mais on pourrait aussi parler de fitness center (centre de conditionnement physique), de collect call (appel à frais viré), high-tech (haute technologie), blog (blogue) et de tant d’autres expressions anglo-saxonne que vous adoptez sans avoir d’autres justificatifs que celui de faire cool (à la mode)… Chez nous, comme nous sommes 8 millions de francophones dans une mer de 300 millions d’anglos, nous sommes plus sensibles à cette capitulation linguistique. Ça me frappe d’ailleurs à chaque fois que je vais à LeWeb à Paris et que j’entends des Parisiens avec un anglais approximatif, poser des questions ou donner des conférences dans la capitale francophone de la planète. Pratiquement aucun français n’y est parlé sur scène. on dira "mais il faut bien que les américains nous comprennent" ! Ici nous avons une technologie toute simple pour ça. Ça s’appelle des écouteurs qui diffuse la traduction simultanée des conférences. Mais c’est vrai que ça fait "cool" de se faire croire qu’on parle au monde entier en reniant son propre héritage culturel. (Michelle B. 12 février 2015)

Je suis d’accord avec le fait que "digital" désigne les doigts. Il faut tout de même reconnaître que les smartphones et tablettes, qui se contrôlent avec les doigts, se sont généralisés. Conclusion : l’utilisation du terme "digital" était mauvaise il y a 10 ans mais prend tout son sens aujourd’hui. (Matthieu K. 11 février 2015) [À contre-courant peut-être ? je croyais, il y a quelques années, quand j'entendais le mot "digital", qu'il s'agissait d'appareils munis de touches que l'on actionnait avec les... doigts. Gigeoju]

[...] en tant que développeur et donc du côté technique, je n’utiliserais jamais "digital" même si les arguments développés ici me font au moins comprendre pourquoi d’autres l’utilisent. À ceux qui pensent que les tablettes et smartphones réhabilitent le mot "digital", je leur répondrai : "tactile". Eh oui, il faut évoluer, c’est comme la différence entre portable et portatif. Les écrans ne sont pas digitaux, mais tactiles. L’informatique (traitement automatique de l’information) est la science que nous avons inventée dans laquelle on transpose des concepts en nombres pour pouvoir les manipuler avec de simples calculs. Cette science du traitement de l’information par l’intermédiaire de nombres ne peut être qualifié que de numérique. L’usage de "digital" vient clairement de l’anglais, langue dans laquelle le terme digit représente le mot… nombre. Si le terme prend de l’ampleur auprès du grand public, c’est probablement parce que ces gens "copient" le langage des grandes compagnies… qui utilisent l’anglais pour communiquer. (moi 05 novembre 2015)

Je préfère en tant que matheux numérique que digital. Numérique fait penser à nombre et digital à doigt. L’informatique utilise la base 2 un nombre! 2 n’est pas digital ! (Vienne 10 mars 2016)

Laissons le digital aux anglo-saxons et digitale à l’herbacée. En français c’est numérique le reste n’est que ‘marketing’. (Franck L. 11 février 2015)

Il est question d’anglais d’outre manche, quid de l’anglais outre atlantique, pas certain du tout que la sensibilité soit la même comme sur pas mal de termes ou expressions. Opposer digital à numérique n’a pas vraiment de sens c’est un peu comme dire à un Américain je "vais faire un jogging" et lui de se demander de quoi vous parler. (Bernieshoot 12 février 2015)

Digital vient peut-être de l’anglais mais le terme est utilisé en allemand, en danois, en italien, espagnol, portugais, catalan et donc dans des langues latines proches du français. Le mot numérique a un sens ancien et toujours utile en sciences qui se traduit en anglais par "numerical", cela se retrouve en français dans les expressions comme "calcul numérique", "analyse numérique", "méthode numérique", "simulation numérique" ou même de manière ordinaire dans l’expression "supériorité numérique" qui veut dire "être plus nombreux" plutôt que d’avoir plus de moyens informatiques. Numérique vient directement du mot nombre et a un rapport avec les chiffres. Il y a 40ans que je fais des mathématiques et je travaille depuis 1988 dans un lieu qui se nommait en 1957 et 1972 Institut de Calcul Numérique, les activités qui sont les miennes en tant que mathématicien ont un rapport très fort les nombres et donc quelque de chose de très numérique mais n’a pas grand chose à voir avec ce que le grand public nomme le numérique qui a plus de rapport avec l’usage des ordinateurs comme moyens de communication et non comme machine à calculer, l’usage initial des ordinateurs. En 2009 j’ai écrit un petit texte intitulé "Les ordinateurs servent-ils encore à faire du calcul", il s’agissait d’une réaction face des défenseurs du numérique qui ne voyaient à travers ce mot que les usages liés au web, facebook, tweeter etc en oubliant que les ordinateurs sont très utiles pour faire du calcul numérique. (Joseph S.P. 20 février 2015)

[La] définition [de Anthony Mathé ("docteur en sciences du langage" et "en sciences de la communication")] est claire et me paraît très juste : "numérique" pour la partie codage et encodage, "digital" pour la partie utilisateur. L’un étant lié à l’autre mais ne désignant pas la même chose. Numériser un document signifie bien l’encoder. Un document numérique est un document encodé. Le monde du numérique est le monde des objets encodés. Digitaliser une marque, c’est lui donner des outils numériques, donc encodés. Un appareil digital envoie des données numériques. L’utilisateur se moque des outils et données numériques, seule l’utilisation compte. Le monde du digital regroupe tous les appareils et marques connectés. (Jeanne 12 février 2015)

Comme beaucoup ce mot digital m’énerve simplement parce qu’il est le fruit de ces petits génies du marketing qui sont à mon goût beaucoup trop présents dans nos vies pour (en parlant simplement) vendre de la merde à prix d’or. Je n’ai pas lu l’article en entier. Voir qu’on pouvait être "docteur en sciences du langage et en sciences de la communication" spécialisé dans le "branding" m’a définitivement tué… Quel gâchis. (MrHaineux 24 février 2016)

La règle est assez simple : Si vous aimez la technique, si pour vous "numérique" est le complément de "analogique", si vous savez de quoi vous parlez, si vous baignez dans la culture geek, si les technologies de l’information vous intéressent, alors dites "numérique". Si vous avez fait des études de marketing fourrées à l’anglicisme, que le digital n’est pour vous qu’une pompe à fric ou un moyen de vous faire une réputation, que vous ne savez pas de quoi vous parlez, alors employez "digital". Ça permet de repérer du premier coup d’œil si on a affaire à un geek ou à un vendeur de rêve qui baratine. (Grunt 15 février 2015) La différence entre e-mail/digital VS courriel/numérique, c’est que e-mail n’est pas ambigu en français. (Rhalph 19 janvier 2016)

Pas banal de la part de ces experts que de conspuer des usages prétendument rétrogrades de "numérique" au motif que l’usage prime, puis de préconiser une opposition en français entre "numérique" et "digital" d’après leur propre sentiment qui n’est ni techniquement justifié, ni évident en termes d’usages. Le tout, pour encourager un sens nouveau pour le terme "digital"… alors que la polysémie de "numérique" leur apparaît comme génératrice de flou ! Il n’y a pas besoin de convoquer des concepts extraordinaires pour comprendre le fond du problème : "digital = numérique" est juste un faux-ami. Les définitions de "digital" en anglais et de "numérique" en français se confondent, pas celles de "digital" dans chacune de ces deux langues. Là où d’autres termes n’ont également pas été traduits ou sans succès (web, e-mail…), le problème que pose "digital" est qu’il existe déjà en français, avec un autre sens. C’est d’ailleurs aussi pour ça qu’il est directement transposé en français sans réfléchir, justement parce que c’est naturel… parce que ça sonne français. C’est pour la même raison qu’on entend de plus en plus aujourd’hui l’expression "adresser un problème" (horresco referens), alors qu’il ne viendrait à l’esprit de personne de dire "on va coper avec ces difficultés", quand bien même "to cope with a problem" est sémantiquement équivalent à "to address a problem". L’argument-repoussoir de l’anglophobie de l’Académie (ou des gens qui sont d’accord avec elle, on l’aura compris) est fallacieux: je suppose qu’aucun de nos deux experts ne se pique de dire "computer" plutôt que "ordinateur" au prétexte que franciser des termes est une pratique d’arrière-garde, et qu’on se retrouverait soudain à la ramasse de la #RévNum parce qu’on aurait la bêtise de ne plus se faire comprendre du reste du monde en employant (… dans notre langue) des termes non-directement transposés depuis la nouvelle lingua franca ? [...] (JF 16 février 2018)

 

 

 

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