Sans doute ne pouvait-on pas prévoir ce qui allait arriver à ce jeune médecin de 41 ans, le 27 mai 2022, de là à occulter sa mort parce qu’elle dérange le clientélisme électoral et le racolage communautariste, il y avait un pas. Il a été franchi. (Causeur)
Un message attristé du maire de Marseille sur Twitter, un communiqué de condoléances succinct du nouveau ministre des Armées qui parle du "médecin-chef Alban Gervaise" - sans faire mention de son titre de professeur agrégé, sa trop courte mais brillante carrière de radiologue, sa médaille d’honneur du Service de santé des armées, sa récente décoration de chevalier de l'ordre national du Mérite (décret du 22 avril, quelques jours avant son agression). Elliptique, le communiqué dit de lui qu’il a été "mortellement blessé". Si ne suivait pas la mention "une information judiciaire est en cours : elle permettra de faire toute la lumière sur ce drame", on pourrait le croire disparu dans un accident de voiture. (BV)
Inhumé sans hommage national
Alban Gervaise a été inhumé très discrètement mardi 07 juin [2022] à Marseille dans une stricte intimité familiale. Le sort de ce médecin militaire, père de famille catholique, égorgé devant ses enfants de 3 et 7 ans, n’a pas ému les médias. CNews, Le Figaro, Boulevard Voltaire (sous la plume de Gabrielle Cluzel), Valeurs actuelles, Causeur, Tribune juive, entre autres, en ont parlé, mais ce drame indicible n’a pas atteint nos grandes chaînes. Très peu de responsables politiques se sont exprimés. (BV)
Le médecin militaire assassiné devant ses enfants à Marseille a été inhumé sans hommage national et sans une ligne dans un journal comme Le Monde. Pendant que le monde politico-médiatique est occupé à parler du programme économique de LFI ou des “violences policières”, la France s’habitue au jihadisme d’atmosphère, s’indigne Céline Pina, essayiste et journaliste ("Silence coupable"). (Causeur)
Vous souvenez-vous d’Alban Gervaise ?
Sa mort dramatique a été occultée. Il ne fallait pas déranger la campagne législative et la fausse sécurité que l’on essaie de vendre aux Français en leur faisant croire que le terrorisme de proximité a disparu. Hélas, il n’en est rien. À Marseille, ce médecin militaire de 41 ans a été égorgé devant ses deux enfants de trois et sept ans qu’il venait chercher à l’école. Mais pardon, déjà dans ce bref exposé des faits je commets un impair : dans la novlangue médiatique on ne dit plus "égorgé", c’est trop connoté, on dit que des "coups de couteau lui ont été portés à la gorge", sinon cela fait trop penser à un crime d’islamiste. Or dans le microcosme parisien, si vous laissez penser cela, cela signifie que vous montrez du doigt la communauté musulmane et donc que vous êtes probablement raciste. Il est vrai qui si cette façon de tuer est liée à certaines cultures, pour autant aucune origine ne prédispose au meurtre. Ce luxe de précaution relève donc de l’hypocrisie ou de la condescendance. (Causeur)
Pesant silence
Ce silence médiatico-politique tranche avec la mobilisation générale qu’avait soulevé l’assassinat du père Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, ou de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine. Certes, le mobile terroriste n'a pas été retenu par la police et la justice pour le meurtre du médecin militaire : restent tout de même le couteau, les mots religieux prononcés par le tueur, les circonstances du meurtre. Rien à dire de tout cela ? Il y a donc meurtre et meurtre, victime et victime. (BV)
Voir
Assassinat du père Hamel : ce qui a changé depuis (Boulevard Voltaire 26/07/2020) PDF. Moins de deux semaines après le drame de Nice du 14 juillet [2016] et son camion fou sur la promenade des Anglais, un homme de 85 ans venait de mourir sous la lame et sous les cris d’"Allah Akbar", en pleine messe, dans une petite église de la banlieue rouennaise. Cet homme était prêtre, il avait voué sa vie à Dieu et aux autres. À Saint-Étienne-du-Rouvray, le père Hamel mourait en ayant juste le temps de désigner celui qui lui ouvrait la voie au martyr : le diviseur, Satan.
David Amess assassiné le 15/10/2021
Le macron-président pensait enjamber l’élection
Ce grand silence surprend, voire indigne. "Pourquoi Macron rend-il hommage à un journaliste tué sur une zone de guerre et pas à un militaire tué devant l’école de ses enfants, dans son propre pays ?" s’interroge un anonyme sur Twitter, quelques jours auparavant, Éric Ciotti avait évoqué une mort dans "le silence médiatique". Pour l’essayiste Maxime Tandonnet, dans Le Figaro du 1er juin "la faible médiatisation de ce drame renforce le sentiment d’angoisse et de révolte qui émane dans le pays". (BV)
Ce silence tient à au moins trois – mauvaises – raisons
- D’abord jusqu’ici on a fait des victimes de l’islamisme des symboles. Le père Hamel fut le symbole de l’Église et de l’homme de Dieu défiés, Samuel Paty celui de la laïcité et de l’enseignement. Les victimes des attentats de Toulouse et de Montauban ont symbolisé l’armée et la communauté juive. Tous les médias s’étaient alors émus de la sauvagerie qui frappait la France. Cette fois, on peine à trouver les symboles pour parler de ce crime odieux. Le crime est nu. Alban Gervaise appartenait certes à la grande muette, mais il était venu incognito chercher ses enfants à l’école, comme d’innombrables parents le font chaque jour. C’est évident : le sort d’Alban Gervaise peut ainsi rattraper n’importe quel Français [...] Le constat a de quoi angoisser et pourtant, la vérité s’impose. Le couteau du tueur frappe au hasard. Toutes ces victimes étaient innocentes, mais désormais, les symboles manquent : Alban Gervaise était au mauvais endroit, au mauvais moment. Qui sera à sa place demain ?
- Deuxième mauvaise raison de cet insupportable silence, la période. Ce n’est pas le moment, pour nos médias, "d’agiter les peurs", comme ils disent. Ce n’est pas non plus le moment, à quelques jours des législatives, de regarder en face le terrible bilan sécuritaire de nos politiques. On craint des conséquences sur le vote. Et si jamais ce drame faisait "le jeu" de l’extrême droite ! Mais le métier de nos responsables politiques est de gérer la France, de garantir la sécurité des Français. Celui de nos médias consiste à informer, pas à cacher l’information, pas non plus à calculer le meilleur moment pour informer en fonction des intérêts de telle ou telle liste. Cette deuxième raison en dit long sur une faillite française et sur ses complices, un refus de regarder en face les défis du pays.
- Troisième mauvaise raison du silence, et c’est sans doute la pire : l’accoutumance. Quelle est la part de renoncement dans le silence qui accompagne la dépouille d’Alban Gervaise ? Nous nous sommes habitués, nous tolérons ce mensonge par omission. Le même drame aurait occupé tous les médias des semaines durant, voilà dix ans. Nos médias ont préféré verser dans la polémique déclenchée par la phrase insensée de Mélenchon qui aura un jour sa statue parmi les démolisseurs du pays : "la police tue" *. L’inconséquence et le mensonge tuent bien davantage.
* ... au fait Monsieur Mélenchon, la honte, c’est quand ? (YouTube 08/06/2022). Tant de blabla partout sur cette douloureuse histoire alors que l'enquête a tout juste commencé. Qu'est-ce qui est le plus "honteux" ? Le propos cash de JLM, qu'il a d'ailleurs explicité et nuancé ensuite, ou les jacasseries interminables des journalistes et des réseaux sociaux sur un événement auquel ils n'ont pas assisté et n'en connaissent que ce qu'ils en disent eux-mêmes ? Tout le monde tire dans les pattes de tout le monde, ça occupe. (un internaute). Voir aussi Non, tout le monde ne déteste pas la police
Ce meurtre porte pourtant lui aussi un symbole : celui de l’immense lâcheté de la France, de ses responsables politiques, de ses élus et de ses médias vis-à-vis de cette menace. Il faut croire que ce symbole-là gêne aux entournures...
Sources
Causeur 09/06/2022 [archive] Vous souvenez-vous d’Alban Gervaise ?
Boulevard Voltaire 02/06/2022 [archive] Pourquoi un si grand silence ?
Boulevard Voltaire 08/06/2022 [archive] Une grande lâcheté française
Mort sans la France
Alban Gervaise est mort dans l’indifférence. La France ne lui a pas rendu l’hommage qu’il méritait. Sa fin cruelle intervient au croisement de deux tragédies : la guerre que nous livrent des terroristes invisibles et le terrifiant déni de celle-ci. Or, on ne peut régler un problème qu’on refuse ou interdit de voir. Ce refus du réel est sûrement le mal français le plus profond.
Causeur 22/07/2022