1976-2016 : Une sacrée organisation derrière Bison Futé
Derrière l’image de ce petit indien sympathique, il y a du monde. Bison Futé est l’emblème du service public de l’information routière. C’est en fait une marque portée par le ministère de l’Écologie, précise le site internet bison-futé.gouv. C’est la Direction générale des infrastructures des transports et de la mer (DGITM), une administration gouvernementale, qui a en charge l’animation de la marque.
Les informations en temps réel et les données pour établir les prévisions viennent, elles, directement du terrain et plus précisément des centres d’ingénierie et de gestion du trafic (CIGT), qui sont les tours du contrôle du trafic routier, qui font partie des onze Directions interdépartementales des routes (DIR).
Avant leur fermeture en 2016, sept centres régionaux d’information et de coordination routière (CRICR) étaient chargés de recueillir ces informations. Il y a aussi eu une époque, où "deux fonctionnaires embarqués dans deux avions de tourisme affrétés par le ministère des Transports, étaient chargés de surveiller la circulation sur l’axe Paris-Lyon-Marseille, pour recueillir des informations en temps réel", expliquait France 3 Bourgogne en 2016.
En juillet 1995, à l’occasion des départs en vacances, deux avions affrétés par le ministère des Transports permettent de surveiller la circulation sur l'axe Paris-Lyon-Marseille dans le cadre du plan Palomar (qui a pour objectif d’améliorer la fluidité du trafic autoroutier lors des grandes migrations)
France 3 Bourgogne (09/072016)
Des remontées automatiques
Mais aujourd’hui, concrètement, ce sont les informations des sociétés d’autoroute et des directions interdépartementales des routes (DIR) qui sont remontées automatiquement. Et cela grâce à des systèmes automatiques de recueil des données et de surveillance du trafic, principalement des stations positionnées en bord de route pour mesurer le trafic et des caméras pour surveiller la circulation et détecter les encombrements et accidents.
Cela permet d’établir les prévisions de Bison Futé, publiées, sous la forme d’un calendrier annuel du trafic routier, tous les ans au mois de décembre pour l’année à venir. Ainsi qu’une trentaine de prévisions détaillées par an, disponibles quinze jours avant la période concernée.
Les prévisions détaillées précisent notamment les axes qui seront sous tension, les horaires à éviter, les chantiers éventuellement prévus sur ces axes pouvant générer des ralentissements. Le recueil des données permet aussi de mettre à jour, en continu, la carte qui informe en temps réel des perturbations sur le site internet et l’application, disponible sur Android et iOS de Bison Futé.
Timothée l’oiseau, Ginette la girafe
Mais pourquoi c’est un petit indien qui nous informe ? Pour le comprendre, il faut remonter en 1975. Cet été-là, un immense bouchon s’est formé sur la N10 qui relie Paris à la frontière espagnole à Hendaye, la route est saturée. "L’été est caniculaire, l’accès à de l’eau n’est pas aisé étant donné que les stations-service étaient nettement moins nombreuses à l’époque et au total plus de 600 kilomètres de bouchons se forment dans toute la France", précise la radio Europe 1 *. Alors pour que cela ne se reproduise pas, l’État a décidé de renforcer sa politique d’information routière, et de créer un outil pour informer les automobilistes sur la route des vacances de l’état du trafic.
Avant cela, dès 1968, des informations routières étaient diffusées, mais pour qu’elles arrivent aux automobilistes, le ministère des Transports de l’époque décide de lancer une campagne de communication pilotée par une mascotte.
En 1983, la journaliste Isabelle Moeglin joue la fille de Bison Futé dans un reportage sur les départs en vacances diffusé sur France 3 Bourgogne.
Et l’indien Bison Futé n’était pas le seul choix. D’autres propositions avaient été faites. En 2022, le prévisionniste chez Bison Futé, Fabrice Vella, détaille au micro d’Europe1 : "Il y avait Timothée, représenté par un oiseau avec des jumelles. Il y avait Ginette, une girafe au long cou qui permettait d’observer la circulation au loin. Et puis finalement, c’est le côté réconfortant et qui plaisait aux enfants" qui a été retenu, en optant pour Bison Futé.
Dès l’été suivant, Bison Futé commence à s’activer :
"600 000 cartes de France sont éditées qui décrivent les 3 500 kilomètres d’itinéraires bis. Dix-huit aires d’accueil sont aménagées sur les axes les plus chargés à hauteur des difficultés prévisibles. Les médias relaient les conseils. Soixante-quatre quotidiens nationaux et régionaux publient les heures de départ à éviter en fonction des régions"
détaillait le journal de presse quotidienne régionale Le Progrès, en 2021.
L’opération est un succès : "30% d’encombrements de moins que l’année précédente", précise le journal. Alors elle se poursuit et Bison Futé devient une référence pour beaucoup de Français.
Édition du soir Ouest-France (21/07/2023)
Depuis le 1er mai 2016, Bison Futé, c’est terminé
... tout au moins dans sa forme d’origine. L’État a, en effet, décidé de faire des économies en réorganisant l’information routière. Les sept centres régionaux de la coordination routière ont été fermés (les CRICR de Villeneuve-d’Ascq, Metz, Rennes, Bordeaux, Lyon, Marseille et Créteil). Économies de l’État certes, mais les applications GPS sur smartphone (Coyote ou Waze par exemple) sont aussi pour quelque chose dans la disparition de Bison futé.
Comment Bison Futé pourra-t-il établir des prévisions de trafic si sa tribu disparaît ? Il est vrai que ces applications d'aide à la conduite lui en font voir des vertes et des pas mûres, mais quand même ! La raison de cette réorganisation est à chercher ailleurs, et plus exactement dans deux ministères.
Celui de l'Intérieur, d'abord, qui cherche à étendre ses compétences et interventions du côté de l'information routière. Et celui de l'Environnement ensuite, qui était en charge de ces questions jusqu'à présent. N'y a-t-il vu que du feu ?
Pour des questions budgétaires, il n'y aura plus de coopération entre police, gendarmerie et personnels de l'équipement pour les prévisions de Bison Futé, qui risque de se sentir bien seul.
On nous dit qu'il ne va pas disparaître, les bulletins seront toujours diffusés et une application en temps réel a vu le jour. Mais le petit Indien sera-t-il toujours aussi futé ? Certains ont quelques réserves. Si les bouchons sont de retour l'été prochain, les automobilistes pourraient à leur tour voir rouge ou noir.
D'après France 3 Bourgogne (09/07/2016) – Ouest-France (26/03/2016)
Documentation "Nostalgie"
La grande époque de la N7
Automobilistes parisiens qui pestez contre les embouteillages générés par Mme Hidalgo, un saut à Lapalisse, ce week-end, vous les aurait peut-être rendus plus sympathiques. La petite commune de l’Allier, surfant sur l’engouement actuel pour les commémorations et les restaurations, a eu l’idée, dès 2006, de reconstituer l’embouteillage des 31 juillet et 1er août sur la route des vacances des années 1960. La Route bleue avant le maillage autoroutier.
À l’époque, la fameuse N7, descendante directe d’une des anciennes routes royales reliant les provinces du royaume, traversait la France et connaissait de nombreux étranglements dans la traversée des villes. Lapalisse comme Nemours, Cosne-sur-Loire ou Orange assistaient au défilé des Aronde, 4 CV, Ami 6, Traction, Versailles et autres Dauphine roulant à la vitesse des escargots, pare-chocs à touche-touche, comme sur le périphérique parisien... La traversée de ces bourgs était un pensum pour les vacanciers en route pour la Côte d’Azur, en quête de soleil pour un mois de vacances. Mais chacun prenait son mal en patience et rares étaient ceux qui s’énervaient...
Suite dans Lapalisse fête la nostalgie de la grande époque de la N7 (Boulevard Voltaire 12/10/2024) [PDF]
Site https://www.embouteillage-n7-lapalisse.com/
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Programme du 11 au 13 octobre 2024 (PDF)