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Page créée le 19 avril 2023

Le "Bureau des légendes"

Le "Bureau des légendes" ou BDL est une série télévisée française en cinquante épisodes de 52 minutes créée par Éric Rochant.

Le Bureau des légendes ''DGSE''

La série a été diffusée entre le 27 avril 2015 et le 4 mai 2020 sur Canal+(1) et en Belgique depuis le 19 novembre 2017 sur La Une. Au Québec, de 2017 à 2019 sur la chaîne payante Canal+ International, puis en clair depuis le 19 septembre 2021 sur TV5.

Synopsis

Au sein de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) *, un département appelé le Bureau des légendes (BDL) forme et dirige à distance les agents dits clandestins. En immersion dans des pays étrangers, ils ont pour mission de repérer les personnes susceptibles d'être recrutées comme sources de renseignements. Opérant dans l'ombre, "sous légende", c'est-à-dire sous une identité fabriquée de toutes pièces, ils vivent de longues années dans la dissimulation permanente.

* Voir Philippe de Dieuleveult mort en 1985

Guillaume Debailly, alias Paul Lefebvre, alias Malotru, revient d'une mission clandestine de six années en Syrie. En contravention avec les règles de sécurité, il ne semble pas avoir totalement abandonné sa légende ni l'identité sous laquelle il vivait à Damas(1). Son histoire d'amour avec la Syrienne Nadia El Mansour va sérieusement compliquer les choses et l'amener notamment à jouer un double jeu entre la DGSE et la CIA.

Organisation de la DGSE

La série s'appuie sur l'organisation réelle de la DGSE. Les personnages faisant partie de la hiérarchie de la DGSE sont :

  • Pierre de Lattre de Tassigny, le directeur général de la Sécurité extérieure, joué par Stefan Godin
  • Marcel Gaingouin, le directeur des Opérations, joué par Patrick Ligardes.
  • Le colonel Marc Lauré, dit "MAG" (Moule à gaufres), le directeur du Renseignement, joué par Gilles Cohen, supérieur direct du chef de département.
  • Jean-Jacques Angel, dit JJA (James Jesus Angleton), le chef de la direction de la sécurité (DSEC) puis du Bureau des légendes, interprété par Mathieu Amalric.
  • Henri Duflot, dit "Socrate", chef de département, joué par Jean-Pierre Darroussin. Ce poste est ensuite occupé par Marie-Jeanne Duthilleul, jouée par Florence Loiret-Caille.

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Note de Wikipédia

(1) "Le Bureau des Légendes" sur Canal Plus

 

Le "Bureau des légendes" : ce qui est vrai, ce qui est faux

Bel article de Libération [archive] (comme quoi... *) dont je partage ici la quasi totalité.

* Libération : 50 ans et plus vraiment toutes ses dents (Boulevard Voltaire 18/04/2023) PDF

Désintox, la rubrique de "fact-checking" de Libération, s'est penchée sur la série de Canal + consacrée à la DGSE.

Réaliste, vraiment ?

À côté de son — gros — travail de documentation, Eric Rochant s'est parfois inévitablement arrangé avec quelques détails pour pimenter — efficacement — son scénario. Quels passages de la série reflètent fidèlement le métier d'espion ? Consultés par Désintox, des experts du renseignement donnent leur avis. Un fact-checking garanti sans "spoiler" * et sans politique.

* En anglais, le mot spoiler (du verbe to spoil qui signifie gâcher ou gâter) possède plusieurs significations. Ce terme anglais est directement issu de l'ancien français espoillier (qui donnera "spolier" en français moderne), verbe provenant du latin spoliare signifiant "ruiner", "piller". Le terme spoiler, comme une grande partie du lexique anglais est donc un dérivé direct du français (ancien en l'occurrence)

Ce qui est — a priori — impossible

• La durée des missions

Dans la série, Malotru revient de six ans de recrutement en Syrie, où il se faisait passer pour Paul Lebfèvre, un professeur de français agrégé. Une mission un peu trop longue. "La DGSE met en œuvre des agents clandestins sous couverture "civile" (donc nantis d'une "légende") pour des missions de courte durée (plutôt un mois qu'un an), fort heureusement, s'amuse Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE. Il est totalement surréaliste de penser qu'on pourrait agir "sous couverture" ou "en clandé" pendant six ans à Damas (à moins de ne rien faire et surtout de ne pas coucher avec la femme d'un ponte local…). Je suis bien placé pour le savoir, ayant moi-même été en poste à Damas plusieurs années dans les années 1970."

• L’appartement dans les beaux quartiers

À son retour en France, le même Malotru se voit reloger aux petits oignons dans un vaste et classieux appartement parisien, avec la bénédiction de son chef et ex-collègue Henri Duflot (Jean-Pierre Darrousin). Dans la vraie vie, la DGSE ne pousse pas la camaraderie à ce point. "Au retour de poste (clandestin ou pas), personne n'a jamais eu le privilège de se faire attribuer un appartement dans les beaux quartiers par le service, assure Alain Chouet. Chacun se débrouille comme il peut et difficilement puisque, sous couverture ou officiel, il n'est pas question d'exhiber ses feuilles de paye des six derniers mois…"

• Le nombre de clandestins en mission à l’étranger

Dans l'épisode 1, au cours d'une réunion de crise en vue du sauvetage de l'agent Cyclone, Darroussin évoque un total de huit infiltrés au compte la DGSE. C'est largement sous-estimé par rapport au nombre réel de clandestins en missions pour la France. Une estimation plus sérieuse place le curseur à une petite quarantaine de clandestins. "Il y a plusieurs dizaines de "clandestins purs" mais entre 100 et 200 personnes qui renseignent régulièrement, confirme Eric Denecé, directeur de Centre français de recherche sur le renseignement. La DGSE utilise notamment des "honorables correspondants", des Français qui travaillent pour les services ponctuellement, et le plus souvent bénévolement. Une hôtesse de l'air, un pilote, un professeur, un étudiant, un réfugié qu'on renvoie dans sa famille… Ce sont des personnes qui veulent servir la France mais ne seront pas transformées en clandestins."

• L’interception des télécommunications algériennes en direct

Un nuage de points en mouvement clignotant sur une carte d'Alger. C'est ce qui matérialise, dans l'épisode 2, l'interception en temps réel et en permanence par la DGSE des connexions GSM des portables algériens. Sisteron, un des personnages secondaires officiant dans les bureaux du boulevard Mortier, scrute cet écran dans l'espoir de repérer les potentiels agresseurs de Cyclone, le clandé algérien que le service s'escrime à sauver pendant la majeure partie de la saison. Pour les deux spécialistes contactés, cette prouesse technique est "improbable", voire "inutile". Un scepticisme partagé par le journaliste algérien "Akram", qui a lui aussi relevé quelques incohérences et intox dans la série. Un agent du renseignement bien au fait des techniques d'interceptions de la DGSE balaye définitivement : "À quoi ça servirait d'engorger les serveurs de la DGSE avec des milliers de bornages téléphoniques anonymes ? Les pattern, tels qu'ils sont présentés dans la série, sont inexploitables. Là, c'est vraiment du cinéma."

Ce qui est exagéré, inexact

• La surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre d’un agent au retour de sa mission

Malgré ses précautions pour conserver son identité de clandé et continuer à roucouler avec Nadia el-Mansour en toute discrétion, Malotru-Kassovitz, un peu trop sûr de lui, finit par éveiller les soupçons de sa hiérarchie. Par sécurité, Henri Duflot décide alors de le flanquer de deux agents qui s'efforcent de le surveiller nuit et jour. «Rocambolesque», estime Alain Chouet. "Sauf suspicion grave, personne ne se donne le mal de surveiller "H24" les rentrants de poste avec "sous-marin" et tout le toutim." "À la limite, si on a des doutes, on va suivre la personne pendant deux mois, mais dans des déplacements précis", complète Eric Denecé.

• La formation "à la dure" des agents

Dans LBDL, la future clandé Marina Loiseau se fait tester en se prenant des grosses baffes par un inconnu pendant des heures, enfermée dans un local obscur. Sa formatrice, Marie-Jeanne (très bien jouée par Florence Loiret-Caille), lui impose aussi des interrogatoires en état d'ébriété avancée (jusqu'au vomissement) pour vérifier si la nouvelle recrue "tient sa légende" à six grammes. Un protocole qui n'évoque rien aux agents sollicités par Libé. "Ce type d'exercice a pu exister, mais désormais, le cadre législatif restreint considérablement ce qui peut s'apparenter à des violences infligées aux agents", affirme Denecé. Chouet estime, lui, que "tous les détails de la formation sont exagérés. D'ailleurs, une polytechnicienne qui accepte de risquer sa vie en clandé à l'autre bout du monde, c'est surréaliste. Quelqu'un qui arrive à la DGSE avec ce genre de diplôme exigera un poste de cadre".

• Ces agents surdoués

Non contente d'apprendre à parler le farsi littéraire et celui des rues en quelques mois, la brave Marina Loiseau doit aussi avaler des pages de notions scientifiques indigestes en quelques heures pour se faire embaucher par une entreprise iranienne spécialisée en sismologie. Malotru affirme, lui, avoir appris l'arabe et passé l'agrégation de français dans le seul but de partir pour la Syrie. "Apprendre une langue rare en un an, oui, cela se fait, explique Denecé. Par contre, c'est absurde de faire croire qu'on fait passer des examens aussi difficiles aux clandestins. On recrute des personnes qui possèdent déjà ces diplômes, ou à la limite on fabrique de faux diplômes."

• Les tours de passe-passe

Dans le trépidant épisode 6, Malotru parvient à échapper à la vigilance de deux espions russes en sautant, ni vu ni connu, dans un camion à ordures de la mairie de Paris… conduit par deux complices de la DGSE. Farfelu ? "L'utilisation des véhicules municipaux ou autre est envisageable, mais cela demande évidemment de la préparation, impossible que cela se fasse au débotté, en une vingtaine de minutes", insiste Alain Chouet. Même topo pour l'agent qui «prend la main» sur l'ordinateur d'un hôpital public pour y inscrire le nom d'un patient. "Tout dépend du temps dont on dispose et de la vigilance des personnels de l'hôpital chargés de vérifier ces registres, souligne Denecé. Clairement, ça ne s'improvise pas. En revanche, l'usage répété des sas [changer de véhicule banalisé dans des parkings souterrains pour dérouter une éventuelle filature, ndlr] est une astuce régulière."

Ce qu’utilise vraiment la DGSE — ce qui est réaliste

• Les décors et les dialogues

La DGSE est claire : elle n'a collaboré d'aucune façon à l'élaboration du scénario mis sur pied par Eric Rochant. Toutefois, le réalisateur, comme Mathieu Kassovitz, a reconnu à plusieurs reprises avoir rencontré des espions pour s'inspirer de leurs techniques de travail. La DGSE a tout de même consenti à ouvrir ses portes, boulevard Mortier. Par souci de confidentialité, les décorateurs de la série n'ont pris aucune photo. En revanche, ils ont réalisé des croquis pour reproduire quasiment à l'identique la salle de crise et le fameux "grenier" où sont alignés les référents. "On s'y croirait presque", témoigne un habitué des lieux. Le tournage s'est pourtant déroulé à la Cité du cinéma à Saint-Denis.

Autre réussite, la crédibilité de certains personnages et les relations humaines entre agents, référents et techniciens. "Jean-Pierre Darroussin me fait vraiment penser à des chefs que j'ai connus, l'air toujours accablé avec ses dossiers sous le bras, témoigne un ex-agent. La référente, Marie-Jeanne, est très bien également. Mais mon personnage préféré est celui de Marina Loiseau. J'ai hâte que la saison 2 débute pour voir ce qu'elle devient [la saison 1 s'achève par son départ pour Téhéran, ndlr]." Seule fausse note, mais de taille, selon lui, l'intervention bien trop tardive du directeur de la DGSE. Dans la série, il n'apparaît qu'à l'épisode 8, moment choisi par le service pour organiser un entretien en visioconférence avec un général algérien au sujet de Cyclone, le clandestin disparu. "Sur un sujet d'une telle gravité, le directeur de la DGSE est au courant dans l'heure. Il est inconcevable de le voir apparaître seulement quelques heures avant l'intervention du service action [qui va mener une opération d'élimination des jihadistes détenant Cyclone, ndlr]." En revanche, le dialogue tel qu'il est retranscrit est un modèle : "Là, Rochant montre qu'il est bien informé, poursuit l'ex-agent. La discussion débute par une blague sur le foot avant de dériver sur des enjeux extrêmement lourds. C'est exactement comme ça que l'on s'y prend." Mohamed Mediène, l'actuel patron du puissant Département du renseignement et de la sécurité (DRS) algérien, est, de surcroît, un vrai fan de foot.

• L’épreuve du restaurant

Au tout début de sa formation de clandestine, Marina Loiseau déjeune avec Malotru au restaurant. Alors qu'ils discutent, Malotru la charge de récupérer les noms, professions et numéros de portable de deux hommes prenant un verre au bar. "Vous avez dix minutes", lui dit-il. Intimidée, Marina Loiseau s'exécute et… réussit sa mission. Problème, l'un des deux hommes a pris la manœuvre pour un plan drague et attend que Marina Loiseau ait fini de déjeuner pour, à son tour, quémander son 06. Pain bénit pour Malotru, qui en profite pour lui répéter la règle d'or en matière de renseignement : "En savoir le maximum sur quelqu'un sans être repéré." Deux agents contactés par Libération sont formels : "Cet exercice existe et fait même partie des fondamentaux. C'est comme le premier cours de code quand on se lance dans le passage du permis de conduire."

• La présence d’une psychologue

Le syndrome du clandestin révélé dans la série par le personnage de Malotru est quelque chose qui inquiète particulièrement la DGSE. Un ex-agent confirme que des cas ont bien été identifiés dans un passé plus ou moins récent. Sans toutefois révéler de noms ou d'exemples précis. Nul besoin d'être espion pour ressentir l'exaltation d'une vie peuplée de secrets. La différence, c'est que ceux détenus par les agents de la DGSE sont parfois autant d'affaires d’État. Afin de limiter les risques, les agents sont soumis, comme la série le montre avec le personnage de Léa Drucker, à un suivi psychologique sur la durée. "Nos agents étant des humains, le risque, bien entendu, est que certains finissent par souffrir de l'éloignement, de la pression, du danger, d'une dépression. Le grand drame de notre métier est de tenter d'être infaillible alors que nous sommes tous vulnérables, témoigne un ex-gradé. Le renseignement est parfois quelque chose de très artisanal, le tout étant de mettre en place des procédures opérationnelles permettant d'éviter la sortie de route."

 

Annexes

[Livre] Le bureau des légendes décrypté (Iconoclaste) [archive]

Livre Le bureau des légendes décrypté (couverture Iconoclaste)

[Jeu] Le bureau des légendes : le jeu (Sculpteurs de Rêves)

Jeu Le bureau des légendes (Sculpteurs de Rêves)

 

Voir

Agences d'alibis

Espions (dont James Bond et OSS117)

 

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