L'éthique chevaleresque
Chevalier médiéval en armure
Née en France, la chevalerie se propagea rapidement dans les autres pays ; mais la France et ses nobles en restèrent le foyer et les modèles. Basée sur les trois grandes passions de cette époque, la foi, la valeur et l’amour, cette institution toute poétique, tout idéale, ne fut jamais réalisée ; et néanmoins, dans l’imperfection et le vague où elle resta, elle fit faire de grandes choses, excita beaucoup d’enthousiasme, et eut sur le développement moral de la société la plus belle influence. (La France pittoresque)
La chevalerie n'est pas héréditaire ; c'est l'aptitude à être chevalier qui l'est. La chevalerie s'acquiert par l'adoubement ; elle se mérite par le respect d'une éthique qui repose essentiellement sur deux vertus : prouesse et largesse.
Adoubement de chevaliers par Jean II le Bon (1319-1364)
À noter, une "veillée d'armes" est, historiquement, la nuit de méditation qui précédait l'adoubement du chevalier. (Voir Expressions Françaises [archive])
La prouesse associe vaillance et loyauté : vaillance dans le combat, mais aussi dans la vie quotidienne ; loyauté envers son seigneur, son roi, sa dame ; le preux chevalier des chansons de geste est « sans peur et sans reproche », comme l'est encore le chevalier Bayard au XVIe s.
La largesse comprend la prodigalité, la générosité, le faste. Dépenser sans compter, mais aussi être généreux envers ses adversaires, envers les faibles, tel est le code de l'honneur chevaleresque.
Le chevalier a maintes occasions de prouver ses qualités, dans les tournois (joute équestre) ou à la guerre, à la croisade ou dans les fêtes, sur les chemins ou auprès des dames, dans les châteaux.
Tournoi : Charles V (1338-1380) participant aux joutes (extrait des 'Grandes chroniques de France')
Tous ces sentiments se fondent dans la courtoisie, qui correspond très précisément au transfert de la notion de service : il s'agit désormais de servir sa dame, de lui obéir en toute circonstance.
Les contraintes de la paix de Dieu
L'idéal religieux, la chevalerie ne l'a pas accepté d'emblée ; l'Église a dû combattre les mauvaises tendances des chevaliers ; par la paix de Dieu, puis la trêve de Dieu, elle a imposé des contraintes, des interdits.
Adoubement
L'Église a développé pour cet ordre, reconnu indispensable, une ascèse adaptée à ses fonctions, dirigeant les instincts belliqueux des chevaliers dans le sens du combat contre les ennemis de Dieu ; l'Église a offert à la chevalerie un modèle de sainteté qui débouche sur la croisade, sur la conception d'une milice du Christ.
Sacralisée par l'Église et la croisade, distinguée des « pauvres » par ses activités militaires et ses privilèges, la chevalerie est prête à se fondre avec la noblesse.
La fusion de la noblesse et de la chevalerie a entraîné la diffusion des modèles chevaleresques ; une idéologie de classe se forme, qui donne à la noblesse une plus grande cohésion et qui dresse, entre elle et le commun, une barrière infranchissable : roman courtois, épopée, poésie lyrique sont littérature de noble, non de vilain.
(Encyclopédie Larousse en ligne)
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Pour en savoir plus
- Chevalier (chevalerie) - Wikipédia
- Le dictionnaire de l'Histoire : chevalerie - Hérodote
- La chevalerie - Imago Mundi, encyclopédie gratuite en ligne
Quelques chevaliers célèbres
- Godefroy de Bouillon (vers 1058-1100)
Godefroy de Bouillon en tenue de Héraut aux armes du royaume de Jérusalem. Premier souverain de ce royaume au terme de la première croisade, il refuse le titre de roi pour celui, plus humble, d'avoué du Saint-Sépulcre.
- Bertrand du Guesclin (1320-1380)
Statue équestre de Bertrand du Guesclin à Dinan
- Jean II le Meingre (1364-1421)
e Meingre (ancien français mingre : maigre, chétif), surnommé Boucicautbouciquaut désignait un mercenaire) est un maréchal de France.
- Bayard (1476-1524)
Le chevalier Bayard est à l'origine du personnage du chevalier sans peur et sans reproche qui symbolise les valeurs de la chevalerie française de la fin du Moyen Âge.
Une de ses devises est « Accipit ut det » : il reçoit pour donner.
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Documentation
Voir
Joutes et Tournois au Moyen Âge
Médiéval1 - Un voyage au Moyen Âge
Peut-on imaginer le Moyen-Âge sans le choc des lances sur les armures, sans les chevaliers cuirassés, les belles dames, le harnachement des chevaux ? Le tournoi, c'est un peu l'âme du Moyen-Âge... Quelle en est l'histoire ?
[https://www.youtube.com/watch?v=ngDBg_XrVbE] YouTube 02 décembre 2019
Voir Béhourd, sport de combat 'médiéval' (Yantra)
Grandeur et décadence des joutes et tournois
L'Histoire nous le dira # 192
Commençons par distinguer les tournois des joutes, parce que ce n’est pas la même chose. Les tournois étaient faits à l’imitation des batailles, les joutes à l’imitation des duels.
[https://www.youtube.com/watch?v=Y0L8iPCiS7Y] YouTube 05 décembre 2021
Divers
- Arts martiaux et Sport de combat
- Casques et armures qui ont marqué l’Histoire (DGS)
- Escrime et Arts Martiaux Historiques Européens
- Histoire de l'arbalète (Yantra)
- Isidore nous prend au mot… Chevaleresque (Boulevard Voltaire 16/04/2021)
- Voir Inusable
- Javelot (Yantra)
- L'art de la guerre (Gigeoju)
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- Ordres religieux - Les Templiers (Yantra)
- Pères du désert (IIIe-IVe s.) (Yantra)
- Rois fainéants (639-751)
- Samourai – Rōnin (Yantra)
- Tapisserie de Bayeux (Wikipédia)
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