26 espèces éteintes
... candidates à la "résurrection" (Sciences et Avenir 08/04/2013) [archive]
Dans un article du 19/03/2013, Sciences et Avenir évoquait l'intérêt de scientifiques pour la grenouille à incubation gastriquea, qui souhaitaient la "ressusciter".
— La grenouille plate à incubation gastrique (Rheobatrachus silus) fut décrite en 1973 et déclarée disparue en 1983. Des travaux de recherche visent à la cloner. (2013)
a. [archive]
Le sympathique batracien n’est pas le seul à faire l’objet d’un programme de "résurrection"... La fondation LongNow a proposé une liste de 26 espèces emblématiques candidates à la "résurrection" grâce à des techniques de clonage. Cette liste comprend 8 oiseaux américains, 1 mammifère africain, 4 oiseaux terrestres, 2 mammifères européens, 1 papillon, 1 marsupial, 3 mammifères aquatiques, 2 oiseaux tropicaux, 1 palmierb et 3 espèces préhistoriques. Toutes ces espèces ont été [plus ou moins] victimes des activités humaines qui ont fini par mener à leur extinction.
b. Il n'y a donc pas que des animaux...
— Le palmier de l'Île de Pâques (Paschalococos disperta) était originaire de cette île. On attribue souvent sa disparition, aux alentours de 1650, à son utilisation par les indigènes pour le transport des statues à travers l'île.
Réactions
Professeur Alain Dubois, du Muséum d’histoire naturelle :
"C’est un message redoutable envoyé à la société. On va finir par se dire qu’en pouvant réparer les extinctions, on peut continuer à détruire les milieux naturels. Cela risque de faire baisser la garde de l’opinion publique. Au-delà de ça, ces recherches ne portent que sur des animaux spectaculaires, principalement des grands vertébrés. Or la biodiversité concerne tous les êtres vivants."
D’autres scientifiques y voient au contraire un formidable espoir pour la conservation de la biodiversité, ainsi qu’un passionnant défi scientifique. Il est certain que ce débat ne fait que commencer...
L'internaute Jean-Marie, quant à lui :
"Disposer de l'ADN complet d'individus ne ressusciterait pas ces individus à l'identique. On aurait des clones physiques (à conditions de croissance et de nutrition égales) , mais complètement différents en termes de comportement, de mentalité, de goûts, de connaissances, sauf, peut-être à reproduire exactement tout le parcours socio-environnemental et éducatif des individus d'origine. L'ADN ne fait pas tout, ça n'est pas un code-source informatique garantissant des individus intellectuellement semblables par simple copie."
Illustrations d'animaux sélectionnées
— L'auroch (ou aurochs) Bos primigenius, est l'ancêtre des bovins domestiques. Les mâles étaient plus grands et plus agressifs que nos taureaux actuels. Présente de l'Europe à l'Asie du Sud-Est, l'espèce a disparu au XVIIe siècle.
L'aurochs a fait en 1920 l'objet de tentatives de reconstitution par élevage sélectif de races bovines jugées primitives...
Voir Aurochs
— Le bouquetin des Pyrénées (Capra pyrenaica pyrenaica) était une sous-espèce de bouquetin espagnol.
Disparu en 2000, le bouquetin des Pyrénées a déjà fait l'objet de plusieurs tentatives de clonage, toutes infructueuses. En 2009, un clone est mort quelques minutes après sa naissance, souffrant de malformations.
— Le dauphin de Chine, ou baiji (Lipotes vexillifer), était un dauphin d'eau douce originaire de Chine. Il a été victime de la pollution de son milieu d'origine, le fleuve Yangzi Jiang. L'espèce s'est éteinte en 2007.
— Le dodo ou dronte (Raphus cucullatus), endémique de l'île Maurice (1) et emblème même des espèces dont la disparition a été causée par l'homme, s'est éteint en 1662.
(1) "Petite (ou grosse) erreur : le dodo n'est pas endémique de Madagascar mais de l'île Maurice." (Internaute Kevin 08/04/2013)
— Le mammouth laineux (Mammuthus primigenius) et le mastodonte américain (Mammut americanum) géants préhistoriques aujourd'hui disparus. Bien qu'appartenant à 2 familles et 2 continents distincts, ces 2 géants ont disparu à la fin de l'ère glaciaire.
Voir Mammouth
Documentation Mammouth cloné (Sciences et Avenir 14/09/2012)
Quagga en captivité. Zoo de Londres
— Le quagga ou couagga (Equus quagga quagga) était une sous-espèce de zèbre d'Afrique du Sud. De couleur beige, il fut chassé par les colons pour faire des sacs et être mangé. Le dernier est mort au zoo d'Amsterdam en 1883.
Depuis le début des années 2000, un groupe de recherche a permis, par sélection successive de zèbres des plaines, de recréer un animal qui présente la même robe que le couagga mais qui n’en sera jamais réellement un. (MNHN [archive])
Voir aussi Wikipédia
— Le tétras Tympanuchus cupido cupido est originaire des plaines nord-américaines. Chassé comme nourriture, certains spéculent que les premiers pèlerins l'ont consommé à Thanksgiving, plutôt que des dindes. L'espèce s'est éteinte en 1932.
— Le tigre à dents de sabre Smilodon ("dent en forme de couteau à double tranchant") populator, est une espèce préhistorique aussi emblématique que le mammouth. Superprédateur de son époque, il aurait souffert, comme d'autres, du changement climatique à la fin du Pléistocène (et de la chasse des humains ?). Sa disparition est estimée à 10 000 av. J.-C. avec la mégafaune sud-américaine.
Documentation. Smilodon populator, carnivore prédateur, est le plus gros félin ayant vécu sur la planète. Il mesurait plus de 2 m de long – plus de 1 m au garrot – et son poids aurait pu atteindre 400 kg. Il se caractérise par des canines supérieures très allongées – jusqu’à 28 cm – une musculature des membres antérieurs hyper-développée – bien plus que chez un lion ou un tigre actuels – et par une queue très courte. Des empreintes de Smilodon populator ont été découvertes dans les années 2020 pour la première fois en Argentine ; l’une d’elles indique un animal 20% plus gros qu’un tigre du Bengale. À noter, un autre "tigre à dents de sabre", marsupial, Thylacosmilus atrox, vécut en Amérique du Sud (connu par quelques spécimens découverts en Argentine). Beaucoup plus petit que Smilodon populator, il disparut bien avant l’arrivée de ce dernier et il n’y eut pas de compétition entre eux.
L'expression "prédateur ou tigre à dents de sabre" n’est donc pas très précise et ne renvoie pas uniquement à Smilodon populator. Elle fait référence à un grand nombre d'espèces éteintes d'animaux terrestres carnivores sans lien de parenté. Plusieurs espèces de mammifères – et pas que des Félidés – ont présenté par convergence des canines hyper-développées à plusieurs reprises au cours du Tertiaire. On y trouve des thérapsides (un groupe ancestral des mammifères), des mammifères métathériens (marsupiaux...) et des mammifères placentaires. Tous possèdent deux longues canines supérieures qui chevauchent la mandibule. Ce trait est apparu de nombreuses fois dans différentes lignées par homoplasie (convergence évolutive).
Sources MNHN [archive] - Wikipédia
— Le tigre de Tasmanie, ou thylacine (Thylacinus cynocephalus), a été victime de la chasse et de l'introduction des chiens sur l'île de Tasmanie. Le dernier aurait été abattu (légalement) par un fermier en 1930. Entre déforestation et chasse, l'animal n'avait pas survécu à la raréfaction de ses proies. En fait, depuis 1936, il n'a plus été aperçu, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a classé l'espèce éteinte en 1982, cependant que les amateurs de cryptozoologie ont espéré prouver la présence de thylacines en Tasmanie en 20131 (des traces significatives de l'animal auraient été découvertes en Australie), puis en 2017 et en 20182,3.
Documentation. Notes de Wikipédia
1. Le tigre de Tasmanie aurait-il survécu ? (Huffington Post 12/11/2013) [archive]
2. À la poursuite du tigre de Tasmanie (Paris Match 31/03/2017) [archive]
3. Le tigre de Tasmanie a t-il vraiment disparu ? (Ohmymag 08/01/2019) [archive]
Le thylacine, également appelé tigre de Tasmanie, loup de Tasmanie ou loup marsupial, est un mammifère marsupial carnivore de la taille d’un loup, au pelage tigré. Il n'appartient pas à l'ordre des Carnivores (ce n'est donc pas un Canidé) mais à l'ordre des Dasyuromorphia. On sait peu de choses sur le comportement ou l’habitat du thylacine. Certaines caractéristiques comportementales ont été déduites à partir du comportement de son proche parent, le diable de Tasmanie.
Bien avant d’être menacé d’extinction, le thylacine était un animal emblématique de l’Australie, représenté volontiers dans des œuvres d’art comme celle-ci, tirée d’une édition de 1833 des Proceedings of the Zoological Society of London (Actes de la société zoologique de Londres)
Des chercheurs ont réussi à réussi à isoler et séquencer des molécules d'ARN du tigre de Tasmanie, disparu depuis 1936. Cette découverte est prometteuse dans l'espoir de "ressusciter" l'animal. (Geo.fr 21/09/2023 [archive])
Lire aussi La résurrection du tigre de Tasmanie, une quête controversée (National Geographic 22/06/2023) [archive]
— La tourte voyageuse, ou pigeon migrateur (Ectopistes migratorius), était extrêmement abondante en Amérique du Nord au début du XIXe siècle. Le dernier spécimen est mort en 1914.
Voir Tourte voyageuse (Pigeons)
— La vache de mer, ou rhytine de Steller (Hydrodamalis gigas), était un mammifère marin de la famille des dugongs *, vivant dans les eaux arctiques. Elle pouvait atteindre 8 m de long et peser 11 tonnes. En 1768, seulement 27 ans après sa découverte par les Européens, l'espèce disparut totalement à cause de la chasse.
* Documentation Le dugong, un animal en danger (WWF France 2024) [archive]
Mythe de la sirène. Le dugong aurait inspiré, avec les lamantins, le mythe de la sirène, ce démon mi-femme, mi-poisson peuplant les fonds marins et dont les chants séducteurs provoquaient des naufrages. C’est pourquoi ces espèces ont été regroupées sous l’ordre des Siréniens.
— Le xerces bleu (Glaucopsyche xerces) est un papillon californien disparu en 1941. C'est l'un des premiers papillons américains à avoir été victime de l'urbanisation de la côte ouest des États-Unis.
Et maintenant la liste complète
... de ces "26 espèces à ressusciter" (selon Fondation Long Now)
— Voir le "défilé" de photos dans Sciences et Avenir
Documentation
Aurochs (dont tentatives de reconstitution)
Des grands singes aux australopithèques
Documentation externe
Faire une croix sur un vrai "Jurassic Park" (Sciences et Avenir 11/10/2012)