Dans un mail du 23 avril 2019, Élisabeth Lévy plaide en faveur de la pérennité de Causeur, dont elle est Directrice de la rédaction, et lance un appel à la générosité de ceux "qui le peuvent". Mais ce qui est intéressant, c'est cette toute petite note explicative relative à l'introduction de ce message : "Chers lecteurs et, si vous le permettez, chers amis*, car un lecteur est un peu un ami auquel on s’adresse..." :
* Vous me pardonnerez je l’espère de ne pas céder à la mode inclusive pour utiliser le vieux mode neutre de notre langue.
Qu'elle en soit remerciée (plus que pardonnée !), c'est l'une des rares personnes "de l'écriture" qui ose en toute franchise remettre les activistes du point à leur place, c'est-à-dire celle du coin (ou "au piquet !", si vous préférez)...
__________
Voir dans Féminisme anti-français : Mauvais genres
Lire aussi [Féminisation des noms de métiers, fonctions, grades et titres] Académie française [archive]
« Comme l’Académie française le soulignait déjà en 1984, l’instauration progressive d’une réelle égalité entre les hommes et les femmes dans la vie politique et économique rend indispensable la préservation de dénominations collectives et neutres, donc le maintien du genre non marqué chaque fois que l’usage le permet. Le choix systématique et irréfléchi de formes féminisées établit au contraire, à l’intérieur même de la langue, une ségrégation qui va à l’encontre du but recherché. »
Pour info, reproduction intégrale de la lettre
Depuis plus de dix ans, grâce à vous, Causeur fait entendre sa petite voix singulière qui fait, qu’en dépit des caricatures et des diffamations de nos ennemis, les honnêtes gens nous disent inclassables. Dans un monde arraisonné par l’image, nous tentons de montrer que l’écrit n’a rien perdu de sa force, ni peut-être, quand il s’agit de réfléchir, de sa suprématie.
Causeur est un salon, votre salon : on s’y engueule parfois, et il arrive qu’on y profère des bêtises. Mais nous ne ménageons pas notre énergie pour que la discussion y soit aussi riche et civilisée que possible. Il nous arrive, bien sûr, de faillir à ces ambitions, et vous nous le faites savoir. Mais si vous êtes toujours là, c’est sans doute que vous pensez que la conversation publique serait un peu moins intéressante et un peu moins amusante sans Causeur, qu’il y manquerait en somme le petit piment que nous essayons d’y apporter.
Le mythe de la gratuité qui a régné dans les débuts d’Internet et qui continue en partie à configurer notre environnement économique a fait oublier que le travail intellectuel avait un coût. Causeur est une entreprise frugale qui n’emploie à plein temps qu’une dizaine de salariés – en plus des nombreux auteurs qui font votre joie et dont la rémunération, chiche ou inexistante, n’entame pas l’appétit de penser, de raconter et de transmettre. Nous subissons, outre la crise générale de la graphosphère, pour reprendre l’expression de Régis Debray, celle de la presse : en quelques années, un tiers des points de vente a disparu, tandis que les recettes publicitaires, déjà faibles à cause du conformisme idéologique du marché, se sont quasiment évanouies.
Autant dire que nous ne pouvons compter que sur nos lecteurs. Dans ces conditions, le prix de vente actuel ne permet pas d’assurer notre fonctionnement et encore moins le développement indispensable à notre survie. Mais l’augmenter reviendrait à pénaliser ceux d’entre vous, et ils sont nombreux, pour qui l’achat de Causeur représente déjà un effort.
Nous proposons donc à ceux d’entre vous qui le peuvent de contribuer à la pérennité de notre journal, en s’abonnant (tarif normal ou tarif soutien), en offrant un abonnement ou en faisant un don.
Élisabeth Lévy.
Voir