L’actrice italienne Gina Lollobrigida, véritable "sex-symbol" des années 1950, est morte à l’âge de 95 ans, ce 16 janvier 2023.
Icône des années 1950 et d’une certaine insouciance. l'actrice italienne a marqué le cinéma français et hollywoodien des années 1950, avant de s’engager en politique.
Merci pour tous ces beaux films. (un internaute)
Rivale de Sophia Loren, Gina Lollobrigida naît en 1927 dans le petit village de Subiaco (région du Latium), au centre de l'Italie. Avec sa famille, modeste, elle s'installe ensuite à Rome. Élève de l’École des Beaux-Arts, passionnée de dessin et de sculpture, elle fait ses premiers pas au cinéma un peu par hasard. "Je ne voulais pas être actrice mais artiste. J'étais figurante seulement pour ramener de l'argent à la maison", racontait-elle au Vanity Fair italien en 2007.
Gina était la forme la plus avancée du miracle italien de l’Après-guerre, la mascotte des années 1950, la Vénus impériale des Prisunic, les courbes de la Vespa et l’esprit d’une Rome caligulesque fictionnée par Cinecittà, l’écho du roman-photo allié à une imagerie en provenance directe d’Hollywood, trop clinquante pour être honnête. Fellini n’avait pas encore posé sa caméra sur la Via Veneto que déjà Gina affolait les foules et les rotatives. Elle fit vendre plus de papier luisant que n’importe quel philosophe au torse glabre et dépoitraillé. Elle était charbonneuse et sentimentale, piquante et aimante, avec ce tour de force inouï de ne jamais nous révéler sa véritable identité. Là, réside l’inassouvie tentation qui taraude le public. Le mystère se niche dans le silence. Elle fut une pionnière du genre girond et tempétueux, bien avant Ornella Muti ou Monica Bellucci.
Gina, Sophia Loren, Claudia Cardinale... J'ai longtemps cru que le monde était ainsi fait, vallonné... Pour ma défense je dirai aussi que j'étais mal entouré... Toutes (ou presque..) autour de moi me confirmaient dans mon erreur... Et bien sûr, je fus rattrapé par la réalité du terrain caillouteux, quoique plat, des années 70... J'ai dû chercher, souvent sans trouver, ce qui pouvait me guérir de ce mal inconnu que je portais partout... jusqu'au jour... (internaute Marius)
Nous n’étions pas dupes de tous ces trucages et de cette publicité outrancière autour d’une si charmante personne. Cherchez la star et vous trouverez une victime en puissance du système. Derrière tous ces décors factices et de si nombreuses histoires à l’eau de rose, Gina incarnait malgré tout une féminité que l’on pourrait qualifier de conquérante, quelque chose dans le ton et l’attitude qui ne plie pas, quelque chose de ferme qui bataille, coûte que coûte, sans rancœur, l’époque était moins amère et victimaire. Sa consœur Sophia Loren est faite du même marbre de carrare, cette blancheur étincelante veinée d’incertitudes qui ne se dévoile presque jamais. Gina arrêta relativement tôt sa carrière, comme notre Brigitte nationale, pour se consacrer à la photographie et à la sculpture.
C’était Lolo belle comme c’est pas possible et une très bonne sculptrice au demeurant. Ciao bella, Lolo. (internaute Caco)
Gina n'a pas fait comme B.B, elle a pas délaissé les hommes pour les bébés phoques, elle a continué de s'intéresser aux p'tits jeunes amoureux de sa sagesse et de son expérience comme leur grand-père l'avaient été de sa beauté et de sa jeunesse. (internaute J.J.)
Sophia Loren a joué dans le film Une journée particulière avec Marcello Mastroianni. L'histoire se passait dans les années 1930, sous Mussolini, avec la chasse aux homos (arrivé au pouvoir en 1922, avant la guerre donc, et le contexte politique n’est pas sans rapport avec le scénario du film). Sophia jouait le rôle d'une mère de famille, une ménagère fatiguée, joué magnifiquement, qui tombe amoureuse. (des internautes)
Pourquoi Gina, au-delà d’un physique avantageux et d’un accent chantant, nous touche autant alors que sa filmographie tend à disparaître de notre mémoire ?
Durant quatre longues années, de 1947 à 1951, le cinéma, jouant de sa superbe plastique, ne lui offrira que des rôles secondaires : dans L'Aigle noir de Riccardo Freda, Le Crime de Giovanni Episcopo d'Alberto Lattuada, Achtung! Banditi! de Carlo Lizzani et Traqué dans la ville de Pietro Germi entre autres, elle travaille aussi avec Luigi Zampa et Mario Monicelli, jusqu'au film de Christian-Jaque, Fanfan la Tulipe, aux côtés de Gérard Philipe (ou le Fanfan la Tulipe dans une superproduction voltigeuse aux côtés de Tony Curtis et Burt Lancaster en trapézistes cabossés).
Les premiers rôles ne tardent alors pas à arriver : Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy ou encore Salomon et la reine de Saba de King Vidor. Nous nous souvenons aussi d’elle (évidemment, comment l’oublier) dans une romance à l’italienne, aussi drôle que subtile, tentant de contrer les avances d’un carabinier trop entreprenant (Vittorio de Sica) sous la direction de Luigi Comencini.
Pain amour et fantaisie, un film réalisé par Luigi Comencini (comme Pain, amour et jalousie) avec Vittorio de Sica, où l'on retrouve une Gina éblouissante et drôle. "Du même réalisateur, je vous recommande une courte série, Pinocchio... Un bijou" (selon l'internaute H.)
Ensuite, sa carrière semble s’effacer dans la brume vénitienne. Pourquoi cette Gina en Esmeralda au décolleté rougeoyant sur le parvis de Notre-Dame ou en vieille comtesse bijoutée à la fin de sa vie n’est-elle pas sortie de notre imaginaire ? Certainement que cette grand-mère romaine du fond des âges nous rappelle le bonheur du Cinémascope et des chocolats glacés à l’entracte. Gina, en bohémienne ou en caissière, en princesse de sang ou en roturière, dans les pas de Mario Soldati ou de Roger Vailland, dans la jungle birmane ou à Portofino, était notre Italienne de carte postale aussi capitale qu’un amour de vacances.
Gina tourne jusqu'en 1962 aux États-Unis puis finit par rentrer en Italie où elle n'apparaît que rarement au cinéma et à la télévision. "La Lollobrigida" revient ensuite à ses premières amours artistiques, la photographie puis la sculpture, à laquelle elle se consacre entièrement au début des années 1980. Elle est la première à recevoir la Caméra de la Berlinale, en 1986, afin de récompenser sa carrière et les éminents services rendus au festival allemand.
Une femme engagée en politique
Son fort tempérament la conduit à se présenter en 1999 aux élections européennes sur la liste du Parti démocrate, sans pour autant être élue. Cela ne l'empêche pas de tenter sa chance en 2022 aux élections générales italiennes. Elle est candidate à un siège au Sénat sur la liste Italie souveraine et populaire afin de se battre "pour que le peuple décide, de la santé à la justice".
La liste, composée de partis de gauche eurosceptiques et du parti communiste, prône entre autres la sortie de l'Italie de l'UE et de l'Otan, la fin de l'aide militaire à l'Ukraine, la levée des sanctions frappant la Russie et s'oppose à l'obligation vaccinale. Son hospitalisation, en septembre dernier, à cause d'une fracture du fémur, la contraint cependant à renoncer à se présenter.
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Sources