Pour [ce lundi 09 décembre 2013] qui nous rapproche un peu plus de Noël, Google a décidé de commémorer la naissance de Grace Murray Hopper, une pionnière talentueuse de l’informatique qui n'a aucun lien de parenté avec le célèbre peintre Edward Hopper, et ce au sein de ce doodle animé sur sa page d’accueil.
Grace Brewster Murray est née à New York en 1906, où elle a étudié, puis enseigné, à l’Université de Vassar. Cette femme brillante devint plus tard la première dans l’histoire de l’Université de Yale à obtenir un doctorat en mathématiques (1934).
Elle épouse en 1930 Vincent Hopper, dont elle divorce en 1945, mais gardera le nom de Hopper.
En 1943, elle s'engage dans la marine américaine et est affectée à l'équipe de Howard Aiken pour travailler sur le Harvard Mark I. Elle est alors la première personne à le programmer.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, elle a servi en tant que chercheur pour l’armée américaine et est affectée à l’équipe de Howard Aiken pour travailler sur le Harvard Mark I.
Elle a travaillé sur un dispositif nommé Automatic Sequence Controlled Calculator, qui permettait de planifier des trajectoires de vol pour les fusées. Ce dernier a finalement été utilisé par les scientifiques du Projet Manhattan pour construire la bombe atomique.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle quitte le service actif de la marine, mais continue de travailler au développement des ordinateurs Harvard Mark II puis Harvard Mark III.
De cette époque date l’anecdote d'une panne de Mark II, due à un petit insecte pris dans un relais.
Nous devrions peut-être remercier Grace Hopper pour la vulgarisation du mot « bug » quand un vrai insecte, bug en anglais, a été trouvé dans l’ordinateur sur lequel elle travaillait, et qui ralentissait ses processus !
L'insecte fut enlevé avec soin et placé dans le journal de bord avec la mention "first actual case of bug being found" soit littéralement, « premier cas réel de découverte d’insecte » : la mathématicienne fut le témoin de la première panne informatique de l'histoire...
Cette plaisanterie popularisa l'expression « bug informatique ».
En 1949, Grace Hopper est employée par Eckert-Mauchly Computer Corporation et rejoint l'équipe développant UNIVAC I. En 1950, la compagnie est rachetée par Remington Rand, et c'est pour cette société qu'elle conçoit, en 1951, le premier compilateur pour UNIVAC I, nommé A-0 System.
Grace Murray Hopper est devenue célèbre pour son travail dans le développement de COBOL, l’un des premiers langages de programmation qui peut fonctionner sur toutes les machines. C’est ainsi que, dans les années 1950, elle inventa des technologies logicielles clés qui ont ouvert la voie aux langages informatiques modernes.
À partir de 1957, Grace Hopper travaille pour IBM, où elle défend l'idée qu'un programme devrait pouvoir être écrit dans un langage proche de l'anglais plutôt que d'être calqué sur le langage machine (code machine) comme l’assembleur, ou des langages proches de ce dernier ; ses pouvoirs de persuasion étant suffisamment forts pour obtenir des organismes gouvernementaux et de l’industrie à s’entendre sur un langage de programmation commun, de cette idée naquit, en 1959, le langage COBOL, procédé qui sera largement utilisé par les institutions financières dans les années 1980.
Grace Hopper et UNIVAC vers 1960
Plus tard, Grace Hopper revient en tant directrice du groupe de langages de programmation de la Marine américaine (rappelée par cette dernière en 1967) afin de mener les travaux d’établissement de normes pour les ordinateurs et en particulier les premiers langages de programmation évolués : le Fortran et le COBOL (dans les années 1970), avant de finalement être promue au grade de contre-amiral.
Commodore Grace M. Hopper en 1984
Grace Hopper reste dans la marine jusqu'en 1986, date à laquelle elle prend sa retraite. Avec le grade de contre-amiral, elle est alors l'officier le plus âgé de la Marine américaine.
Elle est décorée à cette occasion de la Defense Distinguished Service Medal, plus haute distinction existante pour les non-combattants.
Jusqu'à son décès, en janvier 1992 (à 85 ans), elle est employée comme consultante externe par Digital Equipment, pour des conférences sur les débuts de l'informatique.
Elle est enterrée avec les honneurs militaires au cimetière national d'Arlington.
Inscrite au National Women Hall of Fame, qui rend hommage à toutes les citoyennes américaines qui se sont particulièrement illustrées dans leur domaine, Grace Hopper fait office de pionnière de l'informatique avant que Steve Jobs et Bill Gates apportent leur vision révolutionnaire.
Cependant, son travail fait toujours partie de la vie quotidienne, lorsque vous retirez de l’argent d’un distributeur automatique de billets, sachez qu’un programme COBOL est utilisé.
Sources
- Yohann Poiron le 9 décembre 2013, dans Google [archive]
- Grace Hopper, l'inventrice du bug,
Le Figaro - Culture 09/12/2013 [archive sans le média]