Fourchette & Bikini – Par Iris Pikita
Syndrome d'Hubris
Ego surdimensionné, déconnexion avec la réalité, baisse inquiétante de l’empathie, absence de considération pour les avis extérieurs… Le syndrome d’hubris touche particulièrement les sphères de pouvoir, alors même que c’est l’endroit où il fait le plus de dégâts. Comment détecter une personne qui en est mentalement atteinte ?
Nous devons la découverte de ce syndrome à David Owen, médecin et ancien ministre des Affaires étrangères britannique. Ce dernier en a même écrit un livre, "The hubris syndrome : Bush, Blair and the intoxication of power".
Le nom "hubris" remonte pourtant à la Grèce antique, où il servait à illustrer de quelle manière le pouvoir, le succès et la gloire transformaient les héros, leur faisant croire qu’ils pouvaient rivaliser avec les dieux.
Ce terme renvoie donc à la démesure, au narcissisme, à l’égotisme et à l’arrogance, voire au mépris et au mensonge. Il est aussi associé à un sentiment de toute-puissance et à un manque cruel d’empathie. En d’autres termes, tout ce qui ne concerne pas directement l’individu malade ne l’intéresse pas.
Pourquoi le pouvoir crée le syndrome d’Hubris
D’après David Owen, le pouvoir entraîne très souvent le syndrome d’hubris. Hitler, Mao, Tatcher… Nombreux sont les exemples de représentants politiques donnés par l’auteur. Ce syndrome expliquerait notamment certaines décisions politiques épouvantables et insensées pour nous, les individus lambda…
[...] Le pouvoir a des répercussions directes sur le cerveau : il libère un afflux important de dopamine, permettant – entre autres – une grande réactivité. Mais en quantité excessive, la dopamine a des conséquences négatives, à commencer par son caractère addictif. Elle entraîne aussi une déformation de l’égo et une confiance en soi excessive, ainsi qu’une diminution notable de l’empathie.
Un syndrome presque ironique, puisqu’il se développe dans les hautes sphères du pouvoir et qu’il produit l’extrême opposé de ce que nous sommes en droit d’attendre de la part d’un représentant politique…
Les symptômes du syndrome d’Hubris
Grâce à ses recherches, Owen a identifié certains symptômes qui permettent de reconnaître un individu atteint du syndrome d’hubris :
- Une personnalité narcissique à la recherche de la gloire et une tendance à voir le monde principalement comme une arène dans laquelle exercer son pouvoir
- Une appétence exagérée pour tout ce qui est attrait à l’apparence, à la représentation et à l’image
- Une confiance démesurée en son propre jugement et, à l’opposé, une mésestime des critiques, avis et conseils d’autrui
- Dans la continuité de cette confiance en soi excessive, une impression de toute-puissance, d’être capable de réaliser quoi que ce soit seul
- Une inclination à parler de soi-même à la troisième personne du singulier ou à la quatrième personne du pluriel
- Le développement d’une forme d’identification de soi à quelque chose de bien plus grand. Pour un chef d’état, il s’agira par exemple de la nation
- Une perte de contact avec la réalité, qui entraîne souvent une forme d’isolement social
- Un rejet de certains paramètres concrets et des éventuelles conséquences négatives, de façon à privilégier son point de vue, ses croyances et ses choix
- La certitude qu’il n’a pas de compte à rendre à l’opinion publique et que seule l’histoire pourra juger ses actes. Le plus souvent, il pense d’ailleurs que l’histoire lui donnera raison
- Des comportements impulsifs, une grande agitation et plusieurs marques d’insouciance
- Un culte de la personnalité exalté et tourné vers soi, allant jusqu’au fait de parler de soi comme d’une sorte de messie
- Une habileté à effectuer des actions qui lui permettront de se faire bien voir et de redorer son image
- Une incompétence notable, voire un déni de certains droits humains fondamentaux
Notez que pour considérer un individu atteint de ce syndrome, il ne doit pas nécessairement montrer tous ces signes. D’après Owen, en développer trois de façon simultanée est suffisant pour poser un diagnostic.
La solution ? Retirez le pouvoir des mains d’une personne atteinte ! Selon David Owen, les symptômes diminuent lorsque l’individu n’exerce plus son pouvoir.
Cette maladie peut aussi tirer profit d’autres pathologies, comme le syndrome de Stockholm ou encore le syndrome de l’imposteur.
Voir Orthographe & Vocabulaire
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