La viticulture n’est jamais une activité facile
Fondé par un Français dans les années 1990, le domaine de Rangiroa produit du vin dans des conditions inhabituelles et dans un cadre paradisiaque...
L’histoire de ce vignoble, c’est celle d’un pari fou, lancé il y a quelques années, à la fin du XXe siècle, par un entrepreneur passionné de vin, Dominique Auroy. En 1992, il plante des vignes sur plusieurs îles de la Polynésie française, où il vit.
Le Français Dominique Auroy, Bourguignon d'origine, a eu l’idée de commencer à cultiver du vin à Tahiti. En effet, il remarqua que les habitants des îles étaient demandeurs de vin. Il se lance donc dans ce pari fou en 1992, étant la première personne essayant de cultiver du vin sur un atoll. Il importe donc des cépages de France et d’Italie avant de se lancer dans la plantation de vignes dans l’archipel des Tuamotu.
La tâche étant loin d’être aisée, il faudra de nombreux essais sur plusieurs îles avant de pouvoir commencer à cultiver la terre. Finalement, en 1997, après plusieurs années de préparation, le choix final de Dominique se porte sur le village d’Avatoru situé sur un îlot corallien, de l’atoll de Rangiroa, de quelques centaines de mètres de large. Si l’endroit ne paraissait pas tout indiqué à la base, le sol calcaire de l’atoll favorise néanmoins la viticulture. Car le corail a l’avantage d’être calcaire : "Le PH du sol corallien est basique, ce qui est intéressant pour faire du vin" explique l'œnologue Sébastien Thépenier, qui a rejoint l’aventure au début des années 2000. En effet, l'on retrouve un sol calcaire dans certains sols viticoles du monde.
Le vignoble de Rangiroa est lancé. Pour s’installer, l’équipe a dû façonner son terroir et se faire une place au milieu des cocotiers. Ils ont d’abord débroussaillé plusieurs dizaines d’hectares infestés par les moustiques, puis géré les crabes et les cochons qui dévoraient les premières vignes. Sur les cinq premières années, pas moins de 50 cépages ont été testés. Le carignan, le grenache et le muscat importés d’Espagne et du Sud de la France se sont imposés.
Si ces cépages rustiques se sont habitués au sol, il a fallu aussi s’acclimater. Ici, le thermomètre descend rarement en dessous de 20 degrés, la vigne ne connaît donc pas de repos hivernal. La taille génère donc le cycle végétatif, qui dure de 5 mois à 5 mois et demi. En effet, remplaçant les rigueurs des hivers en métropole, la taille permet un autre genre de "stress" qui renforce la vigueur les ceps.
Au lever du jour, plusieurs bateaux quittent le port d’Avatoru, petit village de l’archipel de Tuamotu. Après une journée en mer, la plupart reviendra avec du poisson, mais l’une de ces embarcations a une destination quelque peu inattendue. Ces travailleurs se rendent à la vigne, sur un lagon turquoise, à une dizaine de minutes de navigation. À chaque vendange, les raisins sont transportés hors de l’île en canoë avant la vinification, un cas unique au monde.
Au fil des années, l’activité se développe et les vins blancs et rosés de Tahiti commencent à se faire une réputation. Cependant, pas de vin rouge à cause du climat. Les pluies régulières risqueraient de dégrader la qualité du raisin rouge, et celui-ci doit être récolté à une certaine maturité pour produire du vin rouge. Il est donc trop risqué de tenter d’en cultiver. Si le vignoble a la chance de se situer dans un endroit magnifique, il est en risque constant d’inondation, à seulement un mètre au-dessus du niveau de la mer.
Sources
Voir aussi
Vignobles Languedoc-Roussillon (PDF)