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L'enfer de la subjectivité *

Trois traducteurs, trois époques et trois versions : voici, d'après l'original italien, les premières lignes de La divine comédie de Dante.

Actualités Politique, Monde, Economie et Culture - L'Express

avec https://ekladata.com/kkc6ev6DrDMzW4dGRGQynihMVes/LiRE.jpg

Publié le 1er février 1997 [archive]. Dans la revue d'origine, Lire, l'article était bien plus joliment présenté, mais nous avons le plus important, c'est l'essentiel ;-) 

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* Dans son sens ordinaire, "subjectif" (le propre du "sujet" - subjectivité) désigne le caractère de ce qui est personnel, en opposition à "objectif" (objectivité) qui tient de la neutralité.

La "subjectivité" est aussi l'état de quelqu'un qui considère la réalité à travers ses seuls états de conscience. C'est une question philosophique.

Vu dans Sémantique, éthique et piques


Chant I de l' « Enfer »
in La divine comédie de Dante

Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura,
ché la diritta via era smarrita.
Ahi quanto a dir quai era è cosa dura
esta selva selvaggia e aspra e forte
che nel pensier rinova la paura!
Tant' è amara che poco è piú morte;
ma per trattar del ben ch'i' vi trovai,
dirò de l'altre cose ch'i' v'ho scorte. 

 

Traduction André Pézard
(La Pléiade) 1965

Au milieu du chemin de notre vie
je me trouvai par une selve obscure
et vis perdue la droiturière voie.
Ha, comme à la décrire est dure chose
cette forêt sauvage et âpre et forte,
qui, en pensant, renouvelle ma peur !
Amère est tant, que mort n'est guère plus ;
mais pour traiter du bien que j'y trouvai,
telles choses dirai que j'y ai vues. 

 

Traduction Jacqueline Risset
(Garnier-Flammarion) 1985

Au milieu du chemin de notre vie
je me retrouvai par une forêt obscure
car la voie droite était perdue.
Ah dire ce qu'elle était est chose dure
cette forêt féroce et âpre et forte
qui ranime la peur dans la pensée!
Elle est si amère que mort l'est à peine plus;
mais pour parler du bien que j'y trouvai,
je dirai des autres choses que j'y ai vues. 

 

Traduction Marc Scialom
(La Pochothèque) 1996

Au milieu du chemin de notre vie,
je me trouvai dans une forêt sombre,
la juste direction étant perdue.
Ah! si rude est l'effort pour la décrire,
cette forte forêt, farouche et âpre,
qui ravive la peur dès qu'on l'évoque !
la mort même est à peine plus amère !
Mais - pour traiter d'un bien que j'y trouvai -
voici encor ce que j'ai vu là-bas...

 

« [...] il me paraît utile d’ouvrir une parenthèse sur le vocabulaire et les termes utilisés chez les yogis indiens.
Tout le monde connaît la subjectivité des traductions *, surtout quand il s’agit de traduire une langue d’une culture aussi éloignée de la nôtre que celle, sacrée et ancienne, de l’Inde, le sanskrit. Termes hermétiques ou faisant référence à la mythologie indienne, comprise vraiment de quelques autochtones érudits, mots oubliés, mots trop vieux, puisque c’est une langue ancienne, comme peut l’être « notre » latin...
Quand il s’agit de postures, c’est le moindre mal, mais dès que l’on entre dans la philosophie, la morale, la méditation ou des notions comme "ascèse" ou "Kundalini", le plus grand soin et la plus grande honnêteté, dans la traduction et l’explication de ces thèmes, méritent d’être apportés, tant les propos mal interprétés (par ignorance ou intentionnellement, plus prosaïquement : des propos devenus bêtes et méchants *) peuvent, dans ces domaines, faire les plus grands ravages sur la santé tant physique que mentale * »

* ... la Bible ?... [+ voir note * en début de page]

(Où l’on discute des problèmes liés au Yoga

Voir aussi la note * - 3e paragraphe - dans Tārā blanche)

 

Abonnée au magazine Lire dans les années 1990, plongée dans la traduction de textes médicaux venant des État-Unis (anglais d'outre-atlantique) à la même période, l'article [L'enfer de la subjectivité] avait forcément attiré mon attention... Hélas ! je n'ai pas retrouvé le numéro de Lire dans lequel était l'article en question, pas même une photocopie... Heureusement, j'ai eu l'idée de faire une recherche sur le net... ;-) ...

Vu dans Sémantique, éthique et piques

 

Voir aussi

La langue française et ses caprices :

Traducteur : une profession dépassée ? (1 de 4) [archive]

Traducteur : une profession dépassée ? (2 de 4) [archive]

Traducteur : une profession dépassée ? (3 de 4) [archive]

Traducteur : une profession dépassée ? (4 de 4) [archive]

 

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