Les Berbères, explique l'historien et africaniste Bernard Lugan, sont arrivés d’Orient en Afrique du Nord il y a… neuf mille ans. Bien, bien avant, donc, les Arabo-musulmans, qui les ont colonisés et convertis par la force au VIIe siècle. Les Berbères de l'Est (Tunisie et une partie de l'Algérie actuelles) étaient en grande partie chrétiens. Quant à ceux de l'Oranie et du Maroc, qui ne furent pas évangélisés, ils étaient animistes. La résistance berbère a pris le visage, dans l'imaginaire littéraire, de Al Khaina, ou Dihya. Cette reine des Aurès, dont Gisèle Halimi fit l’héroïne d’un roman (La Kahina, 01/01/2008)1, prit la tête de la résistance… avant que sa propre tête, justement, n'aille rouler, vaincue, aux pieds du chef de guerre arabo-musulman Albd-al-Malik. Le statut de dhimmi et des impôts - djizya et kharadi - furent imposés aux Berbères par ces pilleurs de richesse, y compris quand ils avaient accepté de se soumettre à l’islam.
Les relations chaotiques des Berbères avec le pouvoir algérien - oscillant entre révolte, répression et compromis - restent, encore aujourd'hui, caractéristiques d’un rapport entre colonisateur et colonisé attaché à son identité. En novembre 2019, 18 personnes arrêtées lors d’une manifestation à Alger ont été condamnées à 6 mois de prison ferme pour avoir brandi des drapeaux berbères. Une peine bien sévère…
Cette vulgate binaire et enfantine, mariage de Marx et de Walt Disney, avec des méchants arrivants dominants et des gentils "déjà-là" dominés, ne tient que par la mauvaise foi bruyante d’une extrême gauche dont la pensée dominante colonise les cerveaux un peu partout dans le monde depuis les années 1960. Il est temps de les décoloniser.
Extrait de l'article [archive] de Gabrielle Cluzel
La Kahina, reine des Berbères
Note
1. "Mon grand père paternel me racontait souvent, par bribes, l'épopée de la Kahina. Cette femme qui chevauchait à la tête de ses armées, les cheveux couleur de miel lui coulant jusqu'aux reins. Vêtue d'une tunique rouge. Enfant, je l'imaginais ainsi, d'une grande beauté, disent les historiens. (...) Elle régna, comme un chef militaire, sur une grande partie de l'Afrique du Nord, de l'Aurès à Bizerte, de Constantine à Tacapas. Aucun maître incontesté ne commanda à ses troupes avec une générosité aussi parfaite. G.H." Au terme d'intenses recherches, Gisèle Halimi redonne vie à cette reine de l'Aurès qui, au IIe siècle, résista aux troupes du général arabe Hassan. Entre son amour pour Khaled, le neveu de son ennemi, et son implacable désir de victoire, elle incarne le destin d'une femme exceptionnelle qui, jusqu'à la mort, commanda aux hommes, des montagnes de l'Aurès aux plaines de l'oued Nini. Née en Tunisie, Gisèle Halimi s'est très tôt engagée dans différentes causes, elle a notamment milité pour l'indépendance de l'Algérie. Avocate au barreau de Paris, elle est reconnue comme une militante politique et féministe de très grand courage.