Des organisations aux racines vieilles comme le monde.
Ils sont partout dans les livres d’histoire. Les gardes du corps d’aujourd’hui sont les héritiers d’une très longue tradition de protection rapprochée. Impossible d’en retracer les origines. Le premier garde du corps est né avec le premier de nos ancêtres qui, riche, ou puissant, ou les deux, a eu besoin de se protéger personnellement de l’hostilité de ses rivaux. Bref, le premier garde du corps est né avec le Pouvoir et la Société. Il est probablement donc né avec l’Humanité.
Le terme "garde du corps" est employé par les médias et le langage courant. Le terme "agent de protection personnelle" est aussi souvent utilisé. Le mot "gorille" est quelquefois employé dans le langage familier1. Dans le secteur de la sécurité privée, les termes utilisés sont "agent de protection rapprochée" ou "exécutive", "A3P" (=> "agent de protection physique de personnes") ou "officier de sécurité".
Toutefois, les services de protection comprennent bien plus que la simple affectation d’un agent de sécurité expérimenté. Aujourd’hui, les besoins spécifiques des clients exigent des compétences (inter)personnelles spécifiques et une approche unique.
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1. Note de Wikipédia Définition gorille [archive sur Wikiwix] [archive] sur Larousse.fr
Curiosité. Sbire, de l’italien sbirro, lui-même dérivé de l’italien birro, provenant du latin birrus (pardessus à capuche) et, plus lointainement, du latin burrus (roux, rouge). Histoire. Au Moyen Âge et à la Renaissance, nom qu’on donnait en Italie à un archer, agent de la police (barigel) - Par extension (péjoratif). Homme à tout faire, homme de main au service d'un particulier ou d'un pouvoir oppressif, qui exerce des violences ou accomplit des opérations de basses besognes. (CNRTL - Wiktionnaire). Pour illustration : l'affaire Benalla-Macron Si le Président a mené une diplomatie personnelle à l'aide de sbires douteux, il est cuit (Combaz de Campagnol) YouTube 17/01/2019
Divers types de personnes peuvent avoir besoin de protection rapprochée
Personnalités politiques ;
Personnalités du monde des affaires ;
Membres de familles royales ;
Célébrités (du spectacle, des sports ou des médias, journalistes, auteurs, etc.) ;
Figures religieuses de premier plan ;
Témoins pouvant être soumis à des menaces graves ;
Particuliers ayant reçu des menaces sérieuses.
Les personnes occupant une même fonction ne sont pas exposées aux mêmes risques selon les pays et ne bénéficient pas du même niveau de protection.
Histoire des gardes du corps
Historiquement, on trouve en France la première acception du terme "garde du corps" sous Philippe-Auguste, qui institue cette charge en 1192. C'est une partie des sergents d'armes1 qui constitue dès lors les premiers gardes du corps destinés à la protection de sa personne. On peut voir ici la résurgence du principe de la garde prétorienne2, qui assurait dans l'Antiquité la protection de l'empereur.
Dans la Rome antique : licteurs et garde prétorienne
La genèse connue des gardes du corps débute dans la Rome antique, quand les magistrats d’alors s’entourent d’un groupe plus ou moins grands – selon leur rang, de deux à vingt-quatre personnels – de licteurs. Ces derniers, mi- gardes du corps, mi- bourreaux, marchaient en file devant l’homme de loi, pour lui ouvrir un passage dans la foule de la Cité, tout en exécutant ses décisions (punition et exécution) dans le même temps.
Les licteurs sont une préfiguration de la future et légendaire garde prétorienne, une unité mythique de l’histoire antique qui tire son nom de la prétoire, c’est-à-dire le commandement de la Légion romaine. Les officiers généraux s’entouraient en effet d’une véritable armée de gardes du corps pour assurer leur sécurité, au quotidien comme en dernier ressort dans les combats. La garde prétorienne, élitiste et grassement payée, s’est notamment distinguée pour avoir permis des changements dynastiques réguliers. Impossible en effet de conquérir le pouvoir sans payer son tribut aux gardes du corps les plus proches du trône…
Au Moyen-Âge : gardes du corps, « rynda » et « rōnin »
En 1192, en France, le roi Philippe Auguste ravive donc la tradition de la garde prétorienne en dédiant certains de ses meilleurs chevaliers à sa protection personnelle. Le terme de "garde du corps" vient de naître officiellement dans les textes de loi. Le principe reste similaire à celui de la Rome antique. Dans le cas de la garde du corps de Philippe-Auguste, les membres la constituant appartenaient à la noblesse : on recrute les protecteurs du roi parmi les meilleurs de l’Armée et cela signifie au Moyen-Âge qu’ils sont forcément nobles et qu’ils sont donc naturellement mieux payés.
Au fil des ans, le terme de "garde du corps" va évoluer mais la fonction demeure, se développe et gagne ses lettres de noblesse. La fonction officielle de "garde du corps" sera supprimée en tant que telle en 1792, en même temps que les "Gardes de la manche"3, un corps de vingt-quatre gentilshommes ne quittant pas le roi, créé par Charles VII.(règne 1422-1461), Louis XVIII (roi de France et de Navarre 1814-1824) rétablira ces deux corps, qui seront à nouveau dissous en 1830. Le 24 mars 1854, Napoléon III (empereur des Français 1852-1870) crée par décret l'escadron des cent-gardes4 à cheval, corps de cavaliers d'élite chargé de sa protection.
Ailleurs dans le monde, les gardes du corps rentrent également dans la légende
Au Japon, l'équivalent de ce rôle est tenu par le yojimbo ("garde du corps" en japonais). Dans le Japon médiéval, les samouraïs (= servir. Terme apparu au XIIe siècle à la fin de l’ère Heian) sans maîtres, les fameux rōnin (浪人) que l’on voit dans tant de films asiatiques, vendent leurs compétences en combat aux plus offrants, notamment leurs services de protection, ou comme mercenaires. À l’origine, les premiers Samurai furent les guerriers qui servaient auprès de la cour impériale où il existait 6 rangs de Samurai.
D’autres dynasties, comme les Perses, les Chinois et les Byzantins, utilisaient également des gardes pour assurer la sécurité de leurs dirigeants.
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Notes de Wikipédia 1. Sergent d'armes. Le sergent (du latin serviens, « qui sert ») est un grade militaire. Au Moyen Âge, les sergents d’armes sont des soldats permanents, qui ne sont au départ que des forces d’appoint en campagne. Ils sont au service de simples chevaliers, ou de villes, d'évêques, d'abbayes ou même de corporations. Au combat, ils pouvaient être engagés en bataillons complets, et chargés de soutenir, voire de remplacer, les chevaliers, ou parfois être chargés de diriger individuellement des groupes de guerriers moins expérimentés. On peut citer les Templiers ou l'ordre Teutonique, dont la majorité des combattants étaient appelés sergents, car le statut de chevalier était réservé aux membres d'origine noble... Suite Wikipédia 2. La garde prétorienne était, dans l'Antiquité romaine, une unité de l'armée romaine constituée de soldats d'élite initialement recrutés en Italie. Ces unités tirent leur origine du petit groupe d’hommes dont s’entouraient les magistrats républicains connus sous le nom de préteurs et leur nom du camp des légions romaines où était dressée la tente du commandant de la légion, le prétoire (latin : prætorium), quand ils partaient en campagne. C'est l'une des unités militaires les plus célèbres de l'histoire romaine... La suite dans Wikipédia Voir Gladiateurs |
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3. Dans la compagnie écossaise sont choisis vingt-quatre gardes parmi les plus anciens, qui portent le titre de "gardes de la manche". Ils sont chargés d'escorter la personne du roi en permanence. Parmi les gardes de la manche, on distingue encore six "gardes écossais", chargés des mêmes fonctions lors de cérémonies exceptionnelles telles que sacre ou mariage. Les gardes de la manche se distinguent par le port d'un hoqueton, sorte de casaque blanche brodée d'or portée par-dessus leur uniforme. Ils assurent également la garde du corps du souverain défunt et sa mise en bière. Surnommé "3e Cie française", ce groupe fait partie du Corps des Gardes du corps du roi. Dissolution : 11 août 1830. Vu dans Wikipédia 4. L’escadron des cent-gardes à cheval, couramment appelé l'escadron des cent-gardes ou plus simplement les cent-gardes, était un corps de cavalerie d’élite du Second Empire (12/1852 - 09/1870), attaché exclusivement à la personne de l’empereur Napoléon III. Remarque, on trouve fréquemment une majuscule à "Cent-gardes", voire deux pour "Cent-Gardes". Toutefois, tous les documents officiels de l'époque les concernant, de leur création en 1854 à leur dissolution en 1870, sont systématiquement orthographiés "cent-gardes". C'est également cette forme sans majuscules [archive] qui est donnée dans le Grand Larousse encyclopédique. Créé par un décret impérial en 1854, l'escadron des cent-gardes sera dissous en octobre 1870 après la défaite de Sedan (1er/09/1870). Constitué exclusivement de cavaliers expérimentés de grande taille, l'escadron des cent-gardes escortait à cheval l'empereur dans ses apparitions publiques, et assurait sa garde et celle de sa famille dans les palais impériaux et au cours de leurs déplacements. Leur haute stature et leur brillant uniforme leur conféraient un très grand prestige... La suite dans Wikipédia Prise d'arme de l'escadron des cent-gardes au camp de Chalons (Marne) en 1857 |
EEPR [archive] (École Européenne de Protection rapprochée)
Les mousquetaires
Les mousquetaires sont des militaires armés d'un mousquet1, arme plus puissante que l'arquebuse2. Ils forment la garde habituelle du roi à l'extérieur, la garde à l'intérieur des appartements royaux étant assurée par les gardes du corps et les gardes suisses.
Le corps des mousquetaires de la maison militaire du roi de France est créé en 1622 lorsque Louis XIII (roi de France et de Navarre 1610-1643) dote de mousquets une compagnie de chevau-légers de la Garde3, créée par Henri IV (règne 1572-1610). Elle est connue sous le nom de Compagnie des Mousquetaires du Roi. Louis XVIII, qui avait reconstitué le corps des mousquetaires le 06 juillet 1814, le dissout définitivement le 1er janvier 1816... La suite dans Wikipédia
Voir Maison du roi (France Archives)
Écouter aussi Les mousquetaires du Roi [Podcast]
Émission présentée par Jean-Baptiste Noé.
Fondées sous le règne de Louis XIII, les compagnies de mousquetaires du Roi se sont illustrées par leur bravoure et leur maîtrise technique du mousquet. Si elles sont aujourd’hui connues grâce à la littérature, notamment par Alexandre Dumas et Edmond Rostand, leur histoire est tout aussi passionnante.
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Notes de Wikipédia
1. Ancêtre de notre fusil actuel, le mousquet est une arme à feu portative au long canon à âme lisse, crosse d'épaule et platine à mèche ou à rouet, en usage dans l'infanterie aux XVIe et XVIIe siècles. Le mousquet est utilisé, pour la première fois, par les Espagnols, lors du siège de Parme de 1521. Les auteurs et les manuels militaires français du XVIIIe siècle différencient bien le mousquet à mèche, en usage dans les armées jusque vers 1700, du fusil à silex qui lui succéda. "Le mousquet diffère du fusil, en ce qu’au lieu de la pierre dont on se sert pour faire prendre feu à cette dernière arme, on se sert de mèche dans la première", Encyclopédie Diderot, article « mousquet » [archive] |
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Une baguette de fusil, ou refouloir, est un dispositif utilisé avec les premières armes à feu pour pousser le projectile contre la poudre. La baguette a été utilisée avec des armes à chargement par la bouche tels que les mousquets et les canons, et était généralement tenue par une encoche située sous le canon. |
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2. L'arquebuse est une arme à feu individuelle de portée effective limitée (moins de 50 mètres), assez lourde et encombrante, mais dont on pouvait épauler les dernières versions. Curiosité. L'eau d'arquebusade ou "Arquebuse", appelée ainsi car était employée par les arquebusiers (fin XVe - déb. XVIIe s.) en cas de blessures par cette arme d'épaule à feu, est un alcool stimulant et vulnéraire, à employer notamment en cas de coups ou chutes. |
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3. La Garde comme unité militaire désigne différentes classes de troupes comme une unité d'élite utilisée par le commandant en chef comme dernier recours. Elle peut aussi désigner une unité de réserve ou de milice. Elle peut désigner une unité rattachée à la sécurité du souverain. Aussi appelés carabins (cavalerie légère), ils ne combattent pas initialement à cheval car le mousquet, trop long et lourd (8 kg), doit être posé sur un piquet en métal appelé fourquine. Sous Louis XIV, (roi de France et de Navarre 1643-1715). le mousquet est raccourci et allégé, les mousquetaires pouvant désormais l'utiliser à cheval. (Source : Stéphane Thion, Les armées françaises de la guerre de trente ans, LRT Éditions, 2008, p. 93) |
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Voir |
Dans la littérature
Des corps d'armée de ce type ont existé dans plusieurs pays, mais le plus célèbre a été formé par les mousquetaires français, qui ont existé principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Les mousquetaires ont été rendus célèbres au XIXe siècle par plusieurs œuvres littéraires, dont le roman "Les Trois Mousquetaires" (1844) d'Alexandre Dumas et la pièce de théâtre "Cyrano de Bergerac" (1897) d'Edmond Rostand, qui s'inspirent librement des vies respectives de l'homme de guerre D'Artagnan et de l'écrivain libertin Savinien de Cyrano de Bergerac.
Ces œuvres ont elles-mêmes alimenté le genre du roman de cape et d'épée,
Retrouvez les BD "Les Trois Mousquetaires" publiées par Plein Vent.
Voir aussi Zorro (Californie début XIXe s.)
Liste des mousquetaires français
Alexandre de Martin de Viviés (1667-1695), mousquetaire du Roi dans la compagnie des mousquetaires à cheval.
Armand de Sillègue d'Athos d'Autevielle, dit Athos, né vers 1645, petit-cousin paternel de Jean Armand de Peyrer, entré à la Compagnie des Mousquetaires en 1640, tué en duel en 1643 ou 45.
Charles d'Aramitz, maréchal des logis, père de Henri d'Aramitz.
Charles de Batz de Castelmore (entre 1611 et 1615 - 1673) dit d'Artagnan.
Henri d'Aramitz, connu sous le nom d'Aramis, second mousquetaire de la famille en 1640. Il meurt en Béarn vers 1674.
Isaac de Porthau, dit Porthos, né à Pau en 1617, entré à la Compagnie des Mousquetaires en 1643.
Philippe Mancini, capitaine-lieutenant de la 1re Compagnie des Mousquetaires du Roi.
Pierre de Montesquiou d'Artagnan, comte d'Artagnan et de Montesquiou, cousin germain de Paul & Charles de Batz de Castelmore et aussi de Joseph de Montesquiou d'Artagnan, mousquetaire à la 1re compagnie en 1666.
etc.
À suivre dans Wikipédia – Et dans Le50enligneBIS
Les gardes du corps du roi
Les gardes du corps du roi sont une unité de cavalerie de la maison militaire du roi de France, sous l'Ancien Régime et la Restauration.
La première unité des gardes du corps est la garde écossaise créée par Charles VII vers 1423. Cette unité est composée de soldats écossais portant le titre d’archers du corps du roi. Le terme d'archer désigne à l'époque un cavalier légèrement armé, à la différence des gens d'armes ou cavaliers cuirassés. Louis XI adjoignit à cette garde deux compagnies d'archers français. Une quatrième compagnie est créée par François Ier en 1515. Dès cette époque, la compagnie écossaise compte plus de Français que d'Écossais.
Les quatre compagnies de gardes du corps — ce terme supplantant au XVIe siècle celui d'archer du corps — n'ont toutefois aucun lien entre elles. Elles sont dirigées par des capitaines différents, souvent de haut rang. La compagnie écossaise est ainsi souvent commandée par des membres de la famille royale d'Écosse, les compagnies françaises par des maréchaux de France. En 1664, Louis XIV dote les gardes du corps d'un état-major commun.
Les compagnies de gardes du corps sont supprimées en 1791. Nombre d'entre leurs membres participent à la contre-révolution. Le corps est rétabli en 1814 et définitivement supprimé en 1830.... |
La suite dans Wikipédia
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Documentation
Liste des gardes du corps de Louis XV. Cette unité est composée de soldats écossais portant le titre d'archers du corps du roi. Le terme d'archer désigne à l'époque un cavalier légèrement armé... Academic
"Les gardes du corps du roi Louis XVI", dictionnaire biographique, de Gilbert Bodinier : Consultation de la table des noms de famille. Memodoc
La Compagnie écossaise des gardes du corps du roi au XVIIIe siècle : recrutement et carrières. Persée
Rôles et états (gages et pensions) des Compagnies des gardes du corps du Roi, écossais, gendarmes, chevau-légers, cavalerie, suisses, officiers... Gallica
La reine Élisabeth II et un officier de sécurité irlandais, à Dublin en 2011. Remarquez dans la main de cet officier, on dirait la crosse d'un Parapluie de défense, n'est-il pas ? ;-)
Les gardes du corps de la République
De l’amateurisme au professionnalisme, l’histoire du service chargé de la protection des personnalités de l’État et des hôtes de la France.
Tout est parti d’une fusillade meurtrière
En octobre 1934, à Marseille, un nationaliste bulgare nommé Vlado Tchernozemski abat avec un pistolet Mauser le roi Alexandre de Yougoslavie, en visite officielle en France. Deux autres balles tuent le général Georges qui se trouve dans la Delage noire décapotée transportant le souverain. Le ministre des Affaires étrangères français, Louis Barthou, est tué lui aussi dans la fusillade qui suit, non par le Mauser du Bulgare mais par le tir malencontreux d’un policier français.
De ce cafouillis sanglant, venant après l’assassinat du président Sadi Carnot en 1894 et celui de Paul Doumer en 1932, naquit un constat : la protection des hautes personnalités, françaises ou étrangères en visite en France, ne pouvait être du seul ressort des gardiens de la paix, des inspecteurs de police et des gendarmes.
Il fallait des équipes spécialisées. Ainsi fut créé, en mars 1935, le Service des voyages officiels et de la sécurité des hautes personnalités, le SVOSHP. Un sigle compliqué rapidement réduit, en jargon policier, à VO (pour Voyages officiels).
Passé les années du régime de Vichy, où le service se transforma en Sûreté du Maréchal, complété par une compagnie de gendarmes d’élite surnommés “les mousquetaires du Parc” (nom de l’hôtel où résidait le chef de l’État), les VO évoluèrent sous les IVe et Ve Républiques jusqu’à devenir un outil bien rodé et performant, le Service de protection des hautes personnalités (SPHP).
Créé sous sa forme actuelle en octobre 1994 par Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de la seconde cohabitation (Balladur), le service a son siège rue de Miromesnil, à deux pas du ministère de l’Intérieur et de l’Élysée. À sa disposition quelque 770 fonctionnaires, policiers ou gendarmes, parmi lesquels 70 femmes, ayant reçu une formation spéciale, en parfaite condition physique et mentale, entraînés au tir et aux sports de combat.
L’arme de poing de référence est le pistolet Glock autrichien, utilisé tant par le Raid (unité d’intervention de la police) que par le GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) : une arme à la fois légère et redoutable, dont certains chargeurs peuvent contenir jusqu’à trente-trois cartouches. Autre outil à disposition : des valises en Kevlar, pouvant se déployer pour former des boucliers à l’épreuve des balles. (Voir aussi le Parapluie comme arme défensive)
Chaque président de la Ve République, véritable chef de l’exécutif (contrairement à ses prédécesseurs) et par conséquent cible de choix, imposa sa marque sur le service de protection des personnalités. Le général de Gaulle, qui, de tous, fut le plus menacé mais adorait les bains de foule et ne voulait pas d’une garde envahissante, fut le plus difficile à protéger. Il accepta, au plus fort du drame algérien, la présence à l’Élysée du commando de marine Hubert, constitué d’hommes rompus à toutes les formes de combat. Mais sa confiance allait à ses gardes du corps personnels, issus du service d’ordre du mouvement qu’il avait fondé en 1947, le RPF (Rassemblement du peuple français). Ces hommes s’appelaient Paul Comiti, Henri Djouder, Roger Tessier et Raymond Sasia. Quatre “gorilles” prêts à se faire tuer pour lui. [...]
Mitterrand à l’Élysée : le GIGN entre en scène
Sous la présidence de Georges Pompidou, en 1971, le nom du service fut simplifié pour devenir Service central des voyages officiels, tout en conservant son surnom de VO. Puis Valéry Giscard d’Estaing allégea le dispositif. Mais c’est avec l’arrivée de François Mitterrand à l’Élysée que les choses changèrent vraiment. Sous l’influence de son ami Charles Hernu, ministre de la Défense, lui-même fils de gendarme, le chef de l’État donna son aval à une réorganisation du service confiée au commandant Christian Prouteau, fondateur du GIGN et son chef pendant neuf ans.
Celui-ci releva toutes les failles décelées dans le système de sécurité en vigueur. Des tests se révélèrent concluants : ainsi, une boîte d’allumettes placée dans une église sous le siège réservé au président ne fut pas décelée. Cela prouvait que la fouille n’avait pas été sérieusement exécutée et qu’un explosif aurait très bien pu se trouver à la place de la boîte d’allumettes…
Nommé conseiller pour la sécurité à l’Élysée, Prouteau ajouta donc aux VO, en janvier 1983, un nouveau service baptisé Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR). Sur son refus d’en prendre le commandement, cette unité fut confiée au capitaine Le Caro puis au capitaine Fortemps, l’un et l’autre anciens du GIGN et bientôt promus commandants. Théoriquement, les effectifs du GSPR devaient se partager entre policiers et gendarmes. En réalité, ce furent surtout des gendarmes.
Outre la protection du chef de l’État, y compris à son domicile parisien de la rue de Bièvre, le GSPR se vit confier une mission très particulière : la sécurité de Mazarine Pingeot, fille de François Mitterrand, dont l’existence était alors tenue secrète. Les membres du GSPR, dont huit étaient affectés en permanence à cette protection rapprochée, surent conserver ce secret pendant des années, la discrétion étant l’une des vertus cardinales exigées des membres du service.
Le retour à la parité gendarmerie-police au sein du GSPR se fit en 1995 avec l’arrivée à l’Élysée de Jacques Chirac qui, en outre, divisa par deux ses effectifs. Puis, en 2007, Nicolas Sarkozy, lui-même ancien ministre de l’Intérieur, rendit aux policiers toutes leurs prérogatives, un nouveau GSPR voyant le jour sous l’autorité du commandant (commissaire) Michel Bernard. Et c’est un policier, Jean-Louis Fiamenghi, ancien chef du Raid, qui reçut en août 2007 la direction du Service de protection des hautes personnalités (Gilles Furigo l’a remplacé en mai dernier). L’année suivante, le GSPR fut intégré au service.
Valeurs-actuelles (2010) [archive] [PDF]
Le métier de garde du corps
Née aux frontières du militaire et du mercenariat, la profession a mis des siècles à se structurer. Elle n’en reste pas moins l’héritière d’une histoire riche en légendes et faits d’armes. Les qualités requises sont forme physique, sang-froid et discrétion.
Les gardes du corps et les agents de protection qui travaillent dans une société de sécurité privée sont formés pour récupérer les données à partir de sources ouvertes et traiter des informations secrètes afin qu’ils puissent garder leurs clients en sécurité.
Une partie importante de la protection des clients aujourd’hui est de savoir où trouver des informations spécifiques, comment protéger des informations spécifiques et avoir tous les faits droites. Sur la base de ces informations, un plan de protection sur mesure offre la meilleure stratégie de sécurité.
Voir Espions !
Aujourd'hui en France, le métier de garde du corps peut être exercé... => Wikipédia
Liste des métiers de la sécurité privée
La sécurité d’une haute personnalité réclame une vigilance de tous les instants : le garde du corps doit savoir protéger la personne dont il a la charge même contre les désirs de cette dernière, et en respectant des consignes strictes. Au SPHP, chacun garde en mémoire la disparition tragique de Pierre Bérégovoy, le 1er mai 1993. On raconte que l’ancien premier ministre, affecté par la défaite de la gauche aux élections législatives, dont il se jugeait responsable, et par une campagne de presse concernant l’achat de son appartement parisien, s’était rendu à Nevers, la ville dont il était le maire. Il abandonna son garde du corps pour une promenade près du canal de la Jonction, au sud de la ville. Prétextant l’urgence d’un appel téléphonique, il pria son chauffeur de s’éloigner. C’est alors que, s’emparant de l’arme de service que le garde du corps, négligeant une consigne impérative, avait laissée dans la boîte à gants, il se tira une balle dans la tête. Mais ça, c'est "raconté"...
“Un président américain qui se déplace, c’est mille personnes”
Le métier peut se révéler harassant, qu’il s’agisse d’accompagner le président ou un ministre dans un déplacement lointain ou, plus encore, de préparer une rencontre internationale de haut niveau, et par conséquent à risques multiples. Chaque chef d’État ou de gouvernement étranger dispose en effet de son propre service de sécurité, dont les impératifs doivent être pris en compte... La suite dans Valeurs-actuelles (2010)
La limousine présidentielle américaine protégée par des gardes du corps à pied (2009)
Le conducteur de sécurité fait partie du dispositif de protection rapprochée, il est employé par une société de transport, sauf pour les services d'État. En plus d'être formé pour la conduite, il n'est pas obligé de suivre une formation de protection rapprochée. Cette profession n'a pas de statut spécifique. (Wikipédia)
L'atelier d'Épicure [archive] Voir aussi [en] Recruter un garde du corps UK
Documentation
Un livre : Mémento des gardes du corps
Mercenaire
Le terme "mercenaire" décrit à l'origine toute personne offrant un service contre un paiement. À ce titre, le terme employé à l'époque se rapproche de celui de "salarié" et désigne la classe ouvrière qui n'a pas "l'initiative industrielle". Le terme vient du latin mercenarius, lui-même dérivé du mot merces qui signifie "salaire".
Un mercenaire est un combattant étranger aux parties en conflit, "spécialement recruté dans le pays ou à l'étranger" et qui "prend une part directe aux hostilités". Ce combattant doit également avoir un "avantage personnel" à participer à ce conflit, qui doit prendre la forme d'une rémunération "nettement supérieure à celle" de ses homologues de l'armée régulière.
Lire Traités, États parties et Commentaires [archive] (Open-Document)
Comité international de la Croix-Rouge, 8 juin 1977
Un mercenaire est un combattant de métier qui est recruté moyennant finance par un État, une entreprise, un mouvement politique ou toute autre organisation, en dehors du système statutaire de recrutement militaire d'un pays. Un combattant de carrière, bien que rémunéré et parfois recruté sur contrat, se distingue d'un mercenaire par son adhésion à un statut professionnel découlant d'une législation ou d'une coutume locale stable. Les services des mercenaires sont généralement sollicités pour une opération militaire identifiée et pour une durée limitée ou pour un type de service spécialisé.... La suite dans Wikipédia
À partir de la deuxième moitié du XIIe siècle, les mercenaires sont presque toujours présents dans les armées royales. Ils sont considérés comme les précurseurs de l'armée de métier. Philippe Auguste utilise les mercenaires après ses rivaux Plantagenêt. Mais il réussit par deux fois à retourner les troupes de routiers de ceux-ci. Aux alentours de 1194 (calendrier julien), il récupéra Lambert Cadoc, (V.1170-1231) un Gallois recruté par Richard Cœur de Lion. Cadoc lui restera fidèle durant 20 ans. Ensuite, au printemps 1204, en guerre contre le roi Jean sans Terre, Philippe Auguste négocie le ralliement de Lupicaire et de sa troupe. (Wikipédia)
Durant les guerres de la fin du Moyen Âge, la France fait souvent appel à des mercenaires arbalétriers étrangers (notamment italiens, et en particulier génois), dont le tir pouvait percer une armure jusqu'à une distance de 90 à 100 mètres. L'une des victimes les plus célèbres fut Richard Cœur de Lion qui mourut de la blessure infligée par un carreau d'arbalète en 1199.
Le problème d’une armée anonyme, c’est qu’elle n’a aucun code d’honneur. Elle n’a pas de glaive justicier mais des petits canifs de poche qui vous lacèrent avec de petits gestes courts quand vous avez le dos tourné. Elle recrute chez les pleutres [sans courage] et les mercenaires - réels ou virtuels - qui la servent sans état d’âme. Ils n’ont d’ailleurs pas d’État. Et leur âme est bien sombre. (Extrait de Didier Maïsto)
La longue histoire des armées privées
Les souverains de tout temps ont eu recours aux forces militaires privées et irrégulières
et ils ont appris à les craindre.
Extraits [...]
Le recours à des armées irrégulières et privées est tout sauf nouveau. Durant des siècles, les souverains ont recruté chevaliers, régiments privés, organisations paramilitaires ou, plus près de nous, des entreprises dites "de sécurité" pour accomplir leurs volontés
Ces mercenaires peuvent former des troupes à usage spécial, telle la Légion étrangère française créée en 1831 pour enrôler des étrangers dans l’armée française. Depuis sa création, la Légion a attiré des aventuriers du monde entier en leur offrant une bonne paie, l’immunité légale, l’excitation du combat et la camaraderie. Les légionnaires y ont trouvé ce qu’ils cherchaient alors que l’Afrique du Nord et le Sahel traversaient des périodes turbulentes durant un siècle de colonisation et aujourd’hui encore alors que la situation demeure fragile.
Nous pourrions également évoquer un épisode bien plus ancien avec le génois, Giovanni Giustiniani, noble et mercenaire. Avec les 700 recrues qui étaient sous son commandement, il a acquis à jamais dans le monde chrétien la renommée d’un homme habile et généreux en défendant —finalement, sans succès— la ville de Constantinople durant le siège de 1453.
De la même manière, l’ère élisabéthaine a donné naissance aux fascinants "corsaires" britanniques ; des pirates mandatés par Londres qui pillaient les navires espagnols transportant des objets précieux en provenance des Amériques et commettaient viols, pillages et meurtres dans les colonies espagnoles des caraïbes. Curieusement, l’Angleterre connaissait à cette même époque une renaissance culturelle, un âge d’or de la poésie, de la musique et de la littérature. C’est l’époque où William Shakespeare couchait sur le papier ses sonnets et pièces immortels. La culture s’épanouissait dans un État qui répandait la terreur à l’étranger, tout comme le régime de Téhéran soutient aujourd’hui la terreur.
Cette piraterie offrait des avantages stratégiques à l’Angleterre et remplissait les caisses royales. Jusqu’au XVIIIe siècle, la guerre était un business. Des particuliers recrutaient et équipaient des régiments avant de vendre leurs services aux puissances européennes.
À travers l’Histoire et aujourd’hui encore, les dirigeants ont également eu recours à des forces privées pour assurer leur sécurité personnelle et, si nécessaire, défendre leur pouvoir. [...]
Cependant, les mercenaires payés pour garder le chef d’un État peuvent devenir dangereux et menacer leur maître lorsqu’ils sont mécontents. Les Janissaires, un corps d’élite Ottoman, tuèrent un sultan en 1622 et se révoltèrent contre un autre en 1826 après que les souverains eurent l’ambition de contrôler et, finalement, d’anéantir leur corps. Dans la Rome antique, la Garde prétorienne fut impliquée dans l’ascension et la chute sanglante de nombreux empereurs. Mais les hommes politiques pourraient eux aussi ordonner l’élimination des chefs de groupes mercenaires si ces derniers venaient à devenir trop puissants.
Le risque est élevé des deux côtés. Ce n’est pas un hasard si la Suisse, qui a fait de l’exportation de combattants et de gardes l’un de ses métiers les plus prospères entre le XVe et le XVIIIe siècle, l’interdit aujourd’hui. La seule exception encore autorisée pour les hommes suisses est de rejoindre la garde papale au Vatican. [...]
IREF Europe FR 07/09/2023 [archive] [article original]
Remarque : "Cet article a été rédigé quelques jours à peine avant la mort d’Evgueni Prigojine. Nous le publions sous sa forme originale car la mort de ce dernier n’enlève rien à la pertinence de l’analyse. Bien au contraire."
Voir aussi
Quoi ! Des cohortes étrangères ?!
Voir
Curiosité, voir Kalaripayatt : les neuf ‘mercenaires’ (Animaux martiaux)
À développer
L'Ancien Régime et la Restauration
À voir
RAID (Lexique "sportif")
Lien externe
Les petits "gardes rouges" version Playmobil des réseaux sociaux ne m'impressionnent pas ! (Entretien avec la musicienne Zhang Zhang)
Voilà donc une jolie chinoise émerveillée par Dumas et Debussy. Voilà des auteurs et compositeurs français qui sont lus et influencent des citoyens d'un peuple innombrable, dans un pays-continent situé à des milliers de kilomètres. Toutes proportions gardées, combien de Français parleraient ainsi d'auteurs ou compositeurs Micronésiens ou même Maltais ? À part cela, la culture française n'existe pas. (Un internaute)
Quelques définitions pour finir
- Antrustion. Chez les Francs et les Mérovingiens, l'antrustion (on parle aussi de leude) était un homme libre qui avait juré fidélité à la personne du roi et l'accompagnait notamment dans ses campagnes guerrières ; il appartenait à sa truste, c'est-à-dire sa "garde personnelle" (Cf. Geneviève Bührer-Thierry, Charles Mériaux, La France avant la France (481-888), Éd. Belin 2010, p.639)
- Sômatophylaques. Les sômatophylaques (grec ancien σωματοφύλακες / sômatophylakes), littéralement "gardes du corps", constituent la garde rapprochée du roi de Macédoine. Ils ne doivent pas être confondus avec l'agéma (garde royale) des Compagnons ou avec l'agéma des hypaspistes.
- Spathaire. Un spathaire (latin spatharius ; grec σπαθάριος, spatharios, littéralement "porteur de spatha" ou spathe) est un garde du corps impérial dans l'Empire byzantin des Ve et VIe siècles. La fonction devient ultérieurement un titre purement honorifique.
Reconstitution d'une spathe (fin du IIe siècle)
Voir À propos de "légionnaire" : quelques pistes (Vaincre)