Une organisation disparue qui gagnerait pourtant à être revisitée ne serait-ce pour tirer leçon de ses erreurs.
Le Palais Wilson de Genève en 1928, premier siège de la SDN
Précurseur de l'Organisation des Nations Unies (ONU), la Société des Nations (SDN) a été créée dans des circonstances similaires, pendant la Première Guerre mondiale, elle a été établie en 1919 par le Traité de Versailles "pour promouvoir la coopération internationale et obtenir la paix et la sécurité".
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Les objectifs de la SDN
La SDN a trois buts fondamentaux : faire respecter le droit international, avec la CPJI (Cour permanente de justice internationale) abolir la diplomatie secrète, résoudre les conflits par arbitrage.
Les prémices de la Société des Nations furent, à bien des égards, les conférences internationales de paix de La Haye de 1899 et 1907 qui aboutissent à la création de la Cour d'arbitrage international de La Haye. La "Confédération des États de la Haye", comme l’a appelée le pacifiste néo-kantien Walther Schücking, formait une alliance universelle dont le but était le désarmement et le règlement pacifique des conflits par l’arbitrage. [...] Le concept d’une communauté paisible des nations avait été précédemment décrit dans l’ouvrage d’Emmanuel Kant, Vers la paix perpétuelle (1795) [...]
La création de la SDN fut également l'objet des "Quatorze points de Wilson", en particulier le dernier : "Une association globale de nations doit être formée par des engagements spécifiques garantissant une indépendance politique et une intégrité territoriale mutuelle identique à tous les pays grands ou petits." [...]
- fin de la diplomatie secrète
- liberté de navigation sur les mers
- suppression des barrières économiques et égalité commerciale pour toutes les nations
- réduction des armements
- arrangement sur les questions coloniales en tenant compte des intérêts des populations concernées
- évacuation de la Russie et possibilité pour les Russes de choisir librement leur gouvernement
- évacuation et restauration de la Belgique
- libération du territoire français et retour de l’Alsace-Lorraine à la France
- rectification des frontières italiennes selon le principe des nationalités
- autonomie des peuples d’Autriche-Hongrie
- évacuation de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro ; libre accès à la mer pour la Serbie
- autonomie des peuples non-turcs de l’Empire ottoman ; liberté de passage dans les détroits vers la mer Noire
- création d’une Pologne indépendante avec accès à la mer
- création d’une association des nations pour garantir l’indépendance et les frontières des États
Le projet est achevé le 14 février 1919. Le 28 avril 1919, on choisit Genève comme siège de l’organisation. Ce choix est justifié par le rayonnement international acquis par la cité au cours des siècles et son appartenance à la Suisse – pays neutre. [...]
La Société tint sa première réunion à Londres le 10 janvier 1920. Son premier geste fut de ratifier le Traité de Versailles, terminant ainsi officiellement la Première Guerre mondiale. Les instances dirigeantes de la SDN se sont déplacées à Genève le 1er novembre 1920. La première Assemblée générale y fut tenue le 15 novembre 1920 avec les représentants de 41 nations. Son premier président est le Belge Paul Hymans. Le Français Léon Bourgeois fut le président de la première réunion du Conseil (16 janvier 1920). Il reçut le Prix Nobel de la Paix en 1920.
David Kennedy a étudié la SDN au travers de textes savants la concernant, des traités qui la créèrent, et des votes lors des sessions plénières. Kennedy suggère que la Société fut un moment unique où les affaires internationales étaient "institutionnalisées", par opposition aux méthodes légales et politiques d’avant la Première Guerre mondiale.
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Le rôle des États-Unis
Dans un programme en quatorze points, le président américain Woodrow Wilson propose la création d’une Société des Nations qui doit garantir la paix mondiale. Le projet est relativement mal accueilli en France à cause de la modération des États-Unis envers les nations vaincues lors de l’élaboration du Traité de Versailles. Cependant, le président du Conseil Georges Clemenceau accepte d’adhérer à la Société car il comprend que, de cette manière, il obtient le consentement des États-Unis sur ses exigences envers l’Allemagne. Wilson essuie un grave échec lorsque le Congrès américain refuse d’adhérer à la SDN par tradition isolationniste vis-à-vis de l’Europe. Les États-Unis n'en seront jamais membres.
Les limites de la SDN
En 1918, la Société des Nations est affaiblie dès sa création. Le refus des États-Unis d'y adhérer, l'hostilité allemande à une SDN intégrée dans le Traité de Versailles, et la non-application du principe d'origine "une nation = un État", laissent en germe de nombreuses difficultés.
Les causes de l'échec de la SDN
En 1936, la SDN ne put éviter le déclenchement de la guerre civile en Espagne, guerre qui perdura ensuite jusqu'en 1939. Mais c'est finalement l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale qui donna son coup de grâce à la SDN et fit disparaître l'organisation.
La SDN a été remplacée par l'ONU
À la fin de la guerre d'Espagne en 1939 l'Espagne franquiste quitte la SDN. L'agression soviétique contre la Finlande (Guerre d'Hiver) fin 1939, aboutit à l'exclusion de l'URSS. La faillite de la SDN aboutit à sa dissolution en avril 1946. Ses biens et ses missions sont remis à une nouvelle organisation, l'ONU (déjà en vigueur le 24 octobre 1945, après signature de la Charte des Nations unies le 26 juin 1945).
Voir org FMI, BM, OMS, OTAN...