Philippe Muray essayiste et romancier
« La voix de cet homme discret, secret même, fait cruellement défaut dans le paysage de la critique. Pourtant, combien étaient-ils à le lire vraiment de son vivant, à écouter et à percevoir la justesse de ses constats, si salutairement rudes, si pertinemment assenés, sur une époque de médiocrité absolue ? Muray avait ses "fidèles", qui attendaient impatiemment sa chronique dans les multiples revues où il s’illustrait ; Dieu merci, il n’avait pas une vaste "audience", et c’est sans doute ce qui a garanti à sa pensée le privilège de ne pas avoir été récupérée, donc avilie. »
Lire la suite L'Internaute 24/01/2013 [archive]
Documents
Muray reviens, ils sont restés fous
« Et nombre de pisse-froids, de sodomisateurs, de diptères, de bien-pensants, de faux rebelles, doivent eux aussi trouver à redire aux imprécations de Muray.
Parce que cette charnière 1998-2000, cohabitation Chirac/Jospin, Zidane héros de la décennie, Jack Lang revenu d’entre les morts de fête, a marqué notre entrée dans ces temps barbares qui constituent notre modernité.
Ce n’est pas le terrorisme islamique qui nous a fait entrer dans un siècle incertain : c’est Homo Festivus qui a marqué — avec la Fête de la musique et Paris-plage, parmi tant d’événements — la vraie fin de l’Histoire dont causait alors Francis Fukuyama.
Comme le dit fort bien Valérie Toranian en introduction à ces 136 pages de perles de culture, "on imagine sans peine le torpillage que Philippe Muray aurait réservé à notre XXIe siècle si 'murayen', qui communie dans la religion transhumaniste, le PowerPoint et la trottinette" ».
"'on imagine sans peine le torpillage que Philippe Muray aurait réservé à notre XXIe siècle'... On imagine [plutôt] sans peine le torpillage que le XXIe siècle aurait réservé à Philippe Muray" (internaute Villaterne)
Petit éloge du silence
Ou comment résister à l'assourdissante Cordicopolis *
Causeur 27/02/2021 [archive pour les commentaires !] [PDF]
"Éveillé dans cette chambre,
Aujourd'hui est hier.
Bruissement de la rue." (transmis par l'internaute Fausto consolo)
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* Voir
Définitions ou
La "cancel culture" c’est l’enrôlement de la jeunesse par L’Empire du Bien
Causeur 06/03/2021 - Une tribune de l'auteur de "Voir le pire" [PDF]
« Ferments de tous les délires voués à être pérennes, les corps et esprits des enfants doivent être façonnés par les programmes scolaires du régime et par la propagande culturelle de masse.
Cet objectif de modélisation dès le plus jeune âge se retrouve donc aussi bien dans l’Hitlerjugend (jeunesse hitlérienne) que dans la Komsomol (jeunesse communiste de l’Union soviétique) ainsi que dans toutes leurs resucées.
Et aujourd’hui ?
Un nouveau totalitarisme n’échappe pas à la règle de ce racolage de la jeunesse à des fins idéologiques. Il s’agit de l’autoproclamé progressisme libéral, celui de L’Empire du Bien prophétisé par Philippe Muray. Une visée impérialiste pour imposer le Bien contre le Mal : "Tout ce qui a définitivement raison contre tout ce qui a tort à jamais". Ce totalitarisme est porté par les Woke (les éveillés). Parce qu’ils considèrent être les seuls à être conscients des discriminations touchant les origines (eux préfèrent parler de race, tiens, tiens…), les genres et les prétendus dominés, ils pensent être en droit d’imposer une seule vérité, leur vérité. Oubliant la leçon de l’altérité comme moyen de se mettre à la place de l’autre et ainsi le comprendre, ils préfèrent paradoxalement au nom de l’altérité comme source d’affrontement, vouloir bannir l’autre si celui-ci a le malheur de penser différemment d’eux, donc pas "bien comme il faut".
En effet, l’arme de ce totalitarisme moderne, disons plutôt contemporain, est d’effacer tout ce qui n’est pas conforme à son idéologie par le biais de la pratique de ce qu’on appelle depuis quelques années la cancel culture et que Philippe Muray avait déjà décrit en 1991 comme "le lynchage" qui "prend maintenant des masques progressistes". On pensait à tort avoir évité 1984 d’Orwell, mais comme il le rappelait : "Tout le monde se félicite de l’avoir vu, au long des années du XXe siècle, Big Brother, s’écrouler sous pas mal de masques. En vrai, en énorme, en sanglant. Et s’il avait changé, lui aussi ? S’il était devenu gentil, convivial, sécurisant, Big Brother ?".
Alors on efface quoi dans l’actuel Oceania pour bien pétrir nos enfants et taire leur esprit critique ?
Il faut tout d’abord les protéger des œuvres culturelles passées. Disney rajoute ainsi des avertissements à tout va : "Ce programme comprend des descriptions négatives et/ou des mauvais traitements de certains peuples ou cultures". Cela concerne par exemple les Indiens dans Peter Pan, les chats siamois – donc asiatiques – dans les Aristochats et La Belle et le Clochard, et même les corbeaux dans Dumbo, qui sont racisés – comme on dit chez les "éveillés" – et représentent donc un stéréotype afro-américain *.
Cette semaine [la 1ère de mars 2021], ce sont six albums du lauréat d’un Prix Pulitzer et auteur pour enfants très populaire aux États-Unis, Dr Seuss, qui ont été retirés de la vente car considérés comme véhiculant des préjugés raciaux.
Il faut également protéger les enfants non pas des œuvres, mais de leurs auteurs "malveillants". La créatrice des romans Harry Potter, J.K. Rowling, est ainsi une affreuse transphobe qu’il faut boycotter car elle a osé affirmer qu’une femme est une personne qui a ses règles !
Enfin il faut bien entendu effacer les différences entre les hommes et les femmes. Ce qui pourrait être un objectif louable en matière de différences sociales et économiques s’est malheureusement mué dans une guerre violente aux préoccupations futiles comme la couleur des vêtements ou l’écriture inclusive.
Au lieu de soutenir par exemple la proposition d’une députée (pourtant En Marche) voulant interdire le port du voile pour des petites filles et ainsi les protéger du séparatisme dans les banlieues, la bien-pensance des beaux quartiers se satisfait que le jouet Monsieur Patate ne soit plus "genré" (avant de corriger le tir, le fabricant de jouets Hasbro indiquait vouloir désormais "s'assurer que tout le monde se sente le bienvenu dans le monde des têtes de patates en abandonnant officiellement la marque et le logo de 'Monsieur Tête de Patate'")…
Comme dans tout fascisme, le prétendu et autoproclamé progressisme veut modeler la jeunesse afin de pérenniser son idéologie. Mené de longue date aux États-Unis le combat semble déjà perdu outre-Atlantique. Ce n’est peut-être pas le cas en France où la question fait débat en amont de changements qui seraient irréversibles. Dans Cordicopolis, cette cité du monopole du cœur, Philippe Muray rappelait que les Français en étaient fort heureusement les "mauvais élèves".
Trente ans après son pamphlet, s’agit-il d’un vœu pieux ou d’un espoir pour combattre cet Empire du Bien qui veut tant de mal à nos enfants ? »
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