Appel à déserter – Remise des diplômes AgroParisTech 2022
[https://www.youtube.com/watch?v=SUOVOC2Kd50] YouTube 10/05/2022
On s’imagine assister à une soirée solennelle et émouvante, qui symbolise la fin des études et le début de la vie active. Les étudiants, coutume oblige, sont invités à faire un discours dans lequel ils peuvent faire l’éloge de l’école et des professeurs qui se sont tous révélés passionnants et à l’écoute des difficultés de chacun. En clair, on anticipe une soirée monotone et sans coup de théâtre.
Mais parfois, tout ne se passe pas comme prévu. Ce fut le cas mardi 10 mai [2022] à l’AgroParisTech (l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement), une grande école française qui délivre chaque année des centaines de diplômes d’ingénieurs en agronomie.
Lors de la cérémonie, huit étudiants ont pris la parole pour expliquer leur opposition aux principaux débouchés offerts par leur école. En effet, selon eux, cette dernière "pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours".
Ils considèrent que les emplois qu’ils pourraient occuper sont des "métiers destructeurs", raison pour laquelle ils invitent les étudiants présents dans la salle à "bifurquer" et à s’engager, comme eux, dans les luttes...
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Une tribune en bémol
de Philippe Charlez chez Boulevard Voltaire 17/05/2022 [archive]
Une vidéo a fait le tour du Web, la semaine dernière [9-15 mai 2022], sur les réseaux sociaux. La scène se déroule en plein 8e arrondissement de Paris, dans la très chic salle Gaveau choisie par la renommée grande école AgroParisTech pour remettre les diplômes aux étudiants de la promotion 2022. Lors de la cérémonie, huit néo-diplômés arrivent sur scène puis déclament, durant huit minutes, leurs passions tristes dans un discours climato-gauchiste hésitant et maladroit dans la forme mais très clairement formulé sur le fond.
Ne voulant pas « faire mine d’être fiers et méritants », les jeunes diplômés fustigent une « formation poussant à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours », refusent de « servir les intérêts de quelques-uns » et « de travailler pour perpétuer le système ». Ne « croyant pas au développement durable », ils considèrent que « l’agro-agriculture mène une guerre au vivant partout sur Terre », « les sciences et les techniques ne sont pas neutres ni apolitiques », « l’innovation ne sert rien d’autre que le capitalisme » et « la société ne peut devenir soutenable sans se débarrasser de l’ordre social dominant ». Leur extrémisme va même jusqu’à stigmatiser l’industrie agroalimentaire qui « conçoit des plats préparés et ensuite des chimiothérapies pour soigner les maladies causées ».
Ils caressent un idéal. Ils souhaitent expérimenter « d’autres genres de vies » incluant l’écologie populaire, le décolonialisme et le féminisme. L’une des jeunes diplômées habite depuis deux ans à la ZAD de Notre-Dame des Landes et participe à un projet d’agriculture collective et vivrière, un autre s’est engagé contre le nucléaire près du futur stockage de Bures, un troisième dans le collectif extrémiste Les Soulèvements de la Terre dont la devise est : « Entre la fin du monde et la fin de leur monde, il n'y a pas d'alternative. ».
On retrouve dans ce discours toutes les composantes du décroissantisme climato-gauchiste commenté à de nombreuses reprises. Le climat et l’écologie ne sont qu’instruments pour justifier un dessein ultime : détruire la société de croissance, son démon capitaliste et ses élites. Un mélange d’écologisme, de marxisme et d’anarchisme conduisant à des sociétés vernaculaires autosuffisantes partageant la pauvreté absolue dans l’égalité. Cet exposé est calqué sur l’écologie politique : durant la primaire EELV, l’édile de Grenoble proposait une collectivisation de l’agriculture française * en créant, sur fonds publics, « 25 000 fermes communales et agroécologiques » pour « lutter contre l’impunité des lobbys agroalimentaires […] privilégiant le rendement de leurs actionnaires à la préservation du vivant ». Une démarche similaire aux kolkhozes staliniens dont les résultats catastrophiques sont bien connus : l’URSS, qui « nourrissait de son pain la moitié de la planète » avant la révolution bolchevique, devint dans les années 1950 l’un des plus gros importateurs mondiaux de denrées alimentaires.
* Voir les vidéos
1. Protégeons nos terres agricoles (FB vidéo)
2. Dans l'Essonne, un projet agricole plein d'espoir (Twitter 05 août 2021)
Comme en mai 1968, ce discours émane de jeunes élites gâtées formées par un système qu’elles haïssent et non de classes populaires pour qui la fin du mois l’emporte sur la fin du monde. S’ils détestent autant ce système dont ils ont profité, ces jeunes diplômés devraient a minima avoir la décence de rembourser à la collectivité leurs études payées sur nos impôts.
Il est regrettable et consternant qu’en réaction à ce discours radical et lénifiant proféré par des étudiants en mal-être, d’autre étudiants n’aient pu démocratiquement répondre. Répondre que notre société de croissance reposant sur la démocratie libérale, c’est une espérance de vie multipliée par trois, l’éradication de la mortalité infantile et de l’illettrisme, des systèmes d’éducation, de santé et de sécurité performants, des vaccins développés en moins d’un an quand une nouvelle épidémie nous menace. Répondre combien il est facile de parler d’agriculture vivrière quand on mange tous les jours à sa faim, que seule l’agriculture intensive et les OGM pourront, dans le futur, nourrir dix milliards de Terriens.
Le directeur d’AgroParisTech a honteusement adoubé cette mise en scène en déclarant sur les antennes : « Il y a une quête de sens parmi nos étudiants. Et nous sommes là pour leur donner les clés qui vont leur permettre de choisir le sens qu’ils veulent donner, d’abord à leurs études, puis au début de leur parcours professionnel. » En transformant ses étudiants en "décroissantistes wokistes", il considère probablement avoir réussi dans sa mission.
Je doute qu’il ait accepté de donner la parole à des étudiants de droite (en existe-t-il, à AgroParisTech ?) vantant le libéralisme économique et les exceptionnels résultats obtenus par la société de croissance depuis la révolution industrielle, mais aussi les valeurs travail, mérite, sélection et compétition sans lesquelles il ne peut y avoir de production de richesses.
Réactions d'internautes
Moi j’y vois du courage. Dénoncer le complexe agro-chimique qui ravage depuis quarante ans nos campagnes ne me paraît pas scandaleux. (C.21)
Je suis globalement d’accord avec l’analyse de M. Charlez mais cela se gâte singulièrement au 6e § lorsqu’il déclare : « Notre société de croissance, c’est une espérance de vie multipliée par trois, l’éradication de la mortalité infantile et de l’illettrisme, des systèmes d’éducation, de santé et de sécurité performants, » À l’évidence, ce n’est pas l’état de la France qu’il décrit où tous les indicateurs précités sont à la dérive complète ! M. Charlez nous vante des « vaccins développés en moins d’un an ». Désolé, M. Charlez, je n’appelle pas cela des « vaccins », mais des injections expérimentales, toujours en phase de tests et au bénéfice exclusif de Big Pharma, avec tous les risques qu’elles comportent ! (G. de S.)
D'autres font un peu la gueule, parfois avec juste raison
... Ces jeunes sans doute sincères, ne maîtrisent visiblement pas les concepts de leur argumentation... Quand une vidéo fait le buzz, il faut toujours se demander quel est son objectif. Ici, la trame mélenchoniste est clairement visible… On se demande ce que viennent faire le décolonialisme et le féminisme dans l’agriculture… (D.17)
On peut se demander pourquoi ces jeunes ont entrepris ces longues études, pas indispensables pour se lancer dans l’apiculture ou partir dans une ZAD. À moins qu’ils n’aient eu une révélation soudaine et tardive ? Leur formation serait peut-être plus utile par rapport à la crise alimentaire mondiale qui se profile. (Michel)
Il faut bien que jeunesse se passe... Ces petits bourgeois jouent à mai 1968, s’auto-délivrent des brevets de résistants, et ils raconteront plus tard leur geste épique à leurs petits enfants, les risques inouïs qu’ils ont pris pour lutter contre l’oppression d’un système dont ils profitent déjà…Mais qu’on se rassure, ils vont bien vite rentrer dans le système pour nourrir leur famille... (P.)
Et plus généralement
Ces gosses de riches ayant mal tourné ont-ils fait des stages en exploitation agricole ? sont-ils capable de dresser des chevaux et des bœufs. Ingénieur agronome moi-même, j’ai honte que de jeunes agros aient l’esprit aussi tordu. Il est vrai que maintenant l’on choisi ce diplôme plus par amour des biquettes et des agneaux que pour nourrir la population française entièrement dépendante de l’étranger (soja, tournesol, engrais, produits phytosanitaires, tracteur et moissonneuses batteuses) (P.c.)
Encore un symptôme qui nous rappelle que la France est malade. Sa maladie, un cancer nommé "islamo gauchisme". Ce cancer a métastasé tout notre outil universitaire ainsi que les grandes écoles. Nos étudiants sont lobotomisés par un enseignement prodigué par des professeurs irresponsables payés par nos impôts qui conduit notre société au suicide. Ceux qui produisent de la richesse et qui payent des impôts ne sont pas prêts à se suicider. Alors, comment sortir de là ? Ça sent le soufre. (B.)
Les "grandes écoles" font aussi de la retape vers les anciens élèves façon américaine pour tous les thèmes déconstructivistes et cancel culture. Triste pour des "cerveaux". Cela montre à quel point ces idées sont dangereuses car ces jeunes n’ont aucune approche scientifique de leurs convictions. (M.)
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Voir
Agriculture 4.0... c'est quoi ?
SNCF et les cheminots - Mai et 1968
Site d'intérêt
Annuaire national des AMAP (asso. pour le maintien d'une agriculture paysanne)