Madre : Bien entendu, par esprit progressiste, il va falloir faire jouer, de façon jurisprudentielle, le principe d'égalité. Comment ?
- en procédant à l'arrêt des "soins" de milliers de personnes qui sont en état végétatif voire peauci-relationnel
- en procédant à l'arrêt des "soins" des personnes âgées touchées par des pathologies neurodégénératives (Alzheimer et apparentés), qui ont une conscience très altérée, des troubles du comportement, et qui dans la cotation de la dépendance ne peuvent plus se nourrir seules: des milliers au compteur
- en procédant à l'arrêt des "soins" de toute personne qui n'a plus d'autonomie alimentaire et qui s'approche de sa fin de vie, considérant (on trouvera bien un comité d'éthique pour ça) que c'est un stade où la vie ne vaut pas la peine d'être vécue, quand bien même la personne ne l'exprimerait pas clairement, ça sera pour son bien: une bonne sédation, et hop ! Et en effet collatéral, le financement des retraites résolu.
Je mets le terme soins entre guillemets, car il est désormais acquis que l'alimentation est un "soin" : quand je prend le petit déjeuner, je prends le "soin" du matin. quand je prends le repas de midi, j'avale ma "pilule" de mi-journée, et au repas du soir c'est donc mon 3° cycle journalier de "traitement" (certains prennent aussi leur pilule-gouter à 16h).
Vous pensez tout ça impossible sous nos latitudes ? Un petit rappel :
. PACS mais surement pas mariage !
. Mariage mais surement pas PMA !
. PMA mais surement pas GPA !
. Et on ne connaît pas encore la suite...
Fran à Madre : Ouais, nous vivons dans un monde de "dispositifs médicaux", c'est la pub qui le dit !!!
Undertones : Des sophismes et des affirmations assénées gratuitement, il y en a pas mal, en effet.
- Sophismes
* Mettre sur le même plan toutes les dépendances, celle d'un nouveau-né et celle d'un cérébrolésé.
* Passer de "indigne de vivre" à "indigne de faire partie de l'humanité" (et, pour commencer, poser le problème en termes de "vie digne d'être vécue").
* Demander pourquoi on n'a pas laissé vivre Vincent Lambert, avec ceux qu'il aime alors qu'on a admis que personne ne sait ce qui se passe réellement dans la conscience d’une personne dite inconsciente. Tout ce qu'on pourrait avancer sur cette base, c'est : "Pourquoi ne l'a t-on pas laissé vivre avec ceux qu'il aimait ou qu'il a aimés ?".
- Affirmations assénées gratuitement
* Qu'il existe une dignité intrinsèque de la personne, antérieure et supérieure à la dignité comme attribut socialement reconnu. La raison généralement invoquée peut être kantienne (une personne a une dignité et non seulement un prix parce qu'elle est un agent moral capable de se déterminer librement par rapport à l'impératif catégorique et de reconnaître l'autorité de la loi morale en elle) ou chrétienne (une personne humaine a une dignité parce qu'elle est à l'image et à la ressemblance de son Créateur). Dans les deux cas, cela demande quelques explications...
* Derrière le propos de François Martin, il y a la thèse selon laquelle l’administration d’eau et de nourriture, même par des voies artificielles, représente toujours un moyen naturel de maintien de la vie, et non un acte médical.
[Les soins de fin de vie : « ordinaires » ou « extraordinaires » ? (Revue des Sciences Religieuses)]
Ce n'est pas si évident ; à tout le moins, cela suppose que l'on se mette au clair sur les rapports entre naturel et artificiel. Ici, la question n'est pas posée ; on est censé adhérer à l'analyse de Jean Paul II.
Bref, un texte qui recycle des éléments de langage, tout en se donnant l'apparence de l'objectivité et du bon sens.
dov kravi דוב קרבי à Undertones : À la lecture de l'article, je me suis dit que j'allais pondre une réponse sur les sophismes enfilés comme des perles. Merci de l'avoir écrit à ma place.
Je comprends sans les partager, les réticences des croyants et de ceux pour qui cet épilogue est un scandale, mais distordre les arguments à ce point relève de la plus hypocrite casuistique.