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L'incroyable histoire du Pr Yvette Parès

09 mai 1926 - 09 juillet 2009

Yvette Parès 1926-2009 'large'

Des plantes contre la lèpre

Aujourd’hui je vais vous raconter une belle histoire. Elle me tient particulièrement à cœur.

La scientifique dont je vais vous parler représente à mes yeux ce que devrait être tout professionnel de santé aujourd’hui.

À l’heure où l’opposition entre la médecine traditionnelle et la médecine scientifique n’a jamais semblé aussi conflictuelle, il serait bon, je pense, de s’imprégner de la voie tracée par Yvette Parès.

C’est la médecine de demain qui est en jeu. Une médecine raisonnée, multiculturelle, à l’efficacité démultipliée.

Laurent des Éditions Nouvelle Page Santé (09/02/2021)

Des laboratoires à la brousse

Yvette Parès, décédée en 2009, était un personnage fascinant et attachant.

Née en France en 1926, elle obtient un diplôme de bactériologie à l’Institut bactériologique de Lyon.

En 1960, après des études supérieures de sciences naturelles à Montpellier et un diplôme de microbiologie du sol, elle part enseigner à la faculté des sciences de Dakar, au Sénégal.

Elle y dispensera son savoir jusqu’en 1992, avec au passage un doctorat en médecine décroché à l’université de Dakar en 1968, et des recherches en microbiologie du sol ayant suscité l’intérêt dans le monde entier.

Passionnée depuis toujours par l’Afrique et ses traditions, elle s’y épanouit comme un poisson dans l’eau.

Révoltée par l’idée que la médecine africaine soit considérée comme une magie folklorique faite de gris-gris et de danses de la pluie, elle se voit poussée par un ami médecin militaire à entamer des recherches sur la lèpre.

Les résultats ne tardent pas à voir le jour.

En 1972, elle fut la première personne au monde à cultiver le bacille de la lèpre1.

C’est le début d’une aventure incroyable.

Yvette ne cherche pas, elle trouve !

Malgré les obstacles placés sur sa route par le milieu scientifique (un chercheur américain essayait, lui aussi, de cultiver le bacille de la lèpre et voulait tirer la couverture à lui), notre héroïne ne s’en laisse pas conter.

Il faut dire qu’avant elle personne n’avait réussi à cultiver le bacille de la lèpre.

Comment aurait-elle pu y arriver au fin fond de l’Afrique noire avec des moyens dérisoires ?

Certains chercheurs lui demandent de céder ses souches pour pouvoir vérifier ses travaux. Ce qu’elle refuse.

Je sentais de leur part beaucoup de mauvaise foi, de mauvaise volonté et l’OMS n’a pas voulu reprendre le travail.

La communauté scientifique refuse de valider ses travaux ? Qu’importe. Elle poursuit ses recherches pour le plus grand bien des malades.

À partir des souches cultivées dans son laboratoire, elle compose des antibiogrammes2 et vérifie l’action des produits chimiques et des plantes anti-lépreuses, notamment africaines, contre la maladie.

Elle s’aperçoit alors que certaines présentent une efficacité remarquable.

En parallèle, elle constate que, malgré l’emploi des médicaments occidentaux, la lèpre continue de faire des ravages. Il faut rappeler que ce n’est qu’au début des années 1980 que l’on a trouvé un remède véritablement efficace.

Elle tente alors de se rapprocher des thérapeutes africains.

C’est son jardinier, Yoro Ba, qui, en mars 1979, la met en contact, avec l’un des plus grands maîtres de la tradition peule : Dadi Diallo.

Celui-ci, alors âgé de 88 ans, exerce depuis plus de soixante ans.

Il accepte de l’initier au savoir traditionnel africain des plantes médicinales.

Que la force des plantes soit avec toi

Sous la direction de Diallo, Yvette Parès commence à traiter ses premiers lépreux dès 1980.

Elle acquiert un terrain à Keur Massar, dans la banlieue de Dakar : un hôpital voit le jour.

À partir de plantes européennes, et avec l’aide de son mentor africain, elle élabore des traitements pour les malades lépreux :

  • le premier jour, les malades sont purgés pour éliminer un maximum de toxines ;
  • le lendemain, on administre les médicaments préparés à partir de plantes ;
  • les mutilations sont évitées, les lésions osseuses soignées, comme les blessures à l’âme ;
  • les plantes antibiotiques sont importantes, mais ce ne sont pas les seules plantes impliquées dans le traitement.

Yvette Parès 1926-2009 portrait

Image : (C) Réveil Congo

Ainsi, jusqu’à 12 plantes sont associées en synergie pour créer des formules à la fois antibiotiques, fébrifuges, antimycobactériennes, toniques, etc.

Un grand nombre de ces préparations sont administrées aux patients par voie interne (infusions, décoctions, DIM3, teintures, sirops) et externe (pommades, huiles médicinales, lotions, bains).

La prise en charge de la lèpre mise en place par Yvette Parès à l’hôpital de Keur Massar prévoit un traitement initial en plusieurs étapes, un traitement final et enfin un traitement anti-rechute.

En parallèle des soins aux lépreux, associant leurs connaissances, Parès et Diallo conçoivent ensemble des remèdes pour d’autres affections graves ou de longue durée.

Aujourd’hui, grâce au savoir transmis par de multiples “tradipraticiens”, l’hôpital Keur Massar prend en charge les patients atteints de nombreuses affections, comme la tuberculose, le cancer, l’hépatite, les maladies infectieuses et parasitaires et… le sida.

L’œuvre du Pr Yvette Parès sera reconnue d’utilité publique par le président de la République sénégalaise en 1985, mais elle ne sera jamais validée par la communauté scientifique.

En 1992, elle prend sa retraite et rentre en France mais ne reste pas inactive.

Durant des années, elle réunit de la documentation sur les plantes européennes, et la rassemble dans des livres. Elle martèle que l’Europe, tout comme l’Afrique, possède un trésor qu’il ne faut pas oublier au nom d’une science omnipotente.

Précisons tout de même que si les résultats des polythérapies avec les plantes africaines ont été documentés à l’hôpital de Keur Massar, les formules établies avec les plantes européennes par Yvette Parès n’ont pas encore fait l’objet d’études.

La médecine intégrative avant l’heure

Ainsi, malgré sa formation médicale scientifique, Yvette Parès n’a jamais cessé de garder l’esprit ouvert.

Le savoir traditionnel qui lui a été transmis en Afrique lui a ouvert la voie vers une médecine holistique : une approche globale du patient dans ses trois dimensions : corps, âme et esprit.

Elle comprit que la médecine occidentale, si elle est d’une grande efficacité pour les actes d’urgence, souffre d’un déficit dans la prise en charge des pathologies chroniques.

Les plantes et la tradition doivent alors prendre le relais, car elles agissent en douceur et en profondeur, sur le long terme et avec peu d’effets indésirables.

Pour elle, soigner était un acte sacré.

Rester humble et connaître ses limites, tel devrait être le credo de tout thérapeute.

Les différentes pratiques médicales ont à apprendre les unes des autres.

Dans une magnifique interview * Yvette Parès résume toute sa philosophie :

« Toutes les médecines sont belles et doivent être respectées. Une fois admis cela, chacun apporte ce qu’il sait faire et il peut y avoir un échange. »

« Pour être thérapeute, il faut aimer le silence, il faut chercher la paix, l’harmonie en soi, et aimer les gens. »

« Je crois qu’il faudrait revenir à la simplicité et au bon sens. Pour soigner une angine on n’a pas besoin de faire des examens de laboratoire, il y a des remèdes simples : le jus de citron, le vinaigre rosat, des huiles essentielles, des inhalations de thym, de laurier, de camomille. Donc simplicité et bon sens. »

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Voir Kafunel (17/01/2020)

Yvette Parès 1926-2009 'prépa'

Ces mots me font chaud au cœur. J’espère que vous aurez pris plaisir à (re)découvrir la femme d’exception qu’était Yvette Parès.

Portez-vous bien, et continuons ensemble à promouvoir une pratique thérapeutique pleine de bon sens et d’humanité.

Laurent

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Notes

(1) Yvette Parès isole le Mycobacterium leprae et en définit les caractéristiques, publiant le résultat dans les annales du centre de recherche biologique sur la lèpre de l’université de Dakar et un journal : Leprosi Scientific Memoranda.

(2) Antibiogramme. Technique visant à tester la sensibilité d’une souche bactérienne vis-à-vis d’un ou plusieurs antibiotiques supposés ou connus.

(3) Décoction-Infusion-Macération, ces trois opérations étant successives. C’est l’un des procédés originaux utilisé par les maîtres peuls d’Yvette Parès pour les traitements de base des grandes affections africaines.

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Yvette Parès (1926-2009)

Biographie

Docteur en Biologie et en Médecine, Chercheur au CNRS, la Française Yvette Parès enseigna la biologie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar pendant 32 ans (de 1960 à 1992)

Elle dirigea pendant dix-sept ans, de 1975 à 1992, le Centre de Recherches biologiques sur la lèpre. Elle fut d’ailleurs la première au monde à cultiver le bacille de la lèpre.

Elle dirigea l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar à partir de 1980 *. Cette même année, avec Dadi Diallo, elle ouvrait un premier centre de soins pour les lépreux, à la campagne, loin de tout à cette époque-là.

* C'est en 1985, que l’établissement prit le nom d’Hôpital Traditionnel de Keur Massar

Elle fut une infatigable avocate des médecines traditionnelles (africaine en particulier) face à l’arrogance et aux échecs de la médecine occidentale.

"Yvette Parès s’est éteinte en paix. Nous déplorons son départ, elle qui fut une infatigable avocate des médecines traditionnelles (africaine en particulier) face à l’arrogance et aux échecs de la médecine occidentale. Nous rendons hommage à son œuvre, en particulier en créant l’hôpital de brousse de Keur Massar. Nous vous invitons à lire ou à relire ses livres dont la philosophie nous interpelle profondément sur notre position, à nous autres Occidentaux ; non pas dans une démarche d’accusation, mais de sensibilisation, de prise de conscience, et d’invitation à une fécondation métissée. Je l’ai publiée car j’ai été touché par cette femme de cœur, sans me faire de grandes illusions sur la vente de son 1er livre [...] Que son œuvre perdure !"

Yves Michel, son éditeur

Bibliographie

La médecine africaine, une efficacité étonnante : Témoignage d'une pionnière

Yvette Parès La médecine africaine, une efficacité étonnante 

Éditions Yves Michel (20/09/2004) - EAN : 9782913492288 - 221 pages

Yvette Parès arrive à Dakar en 1960. Chercheur en biologie et médecin, elle parvient la première à cultiver le bacille de la lèpre. Cependant, les résultats obtenus auprès des malades la déçoivent.

Sa rencontre avec un grand maître guérisseur Peul, Dadi Diallo, change profondément son regard sur la médecine occidentale. Elle découvre la puissance thérapeutique des plantes africaines : récolte, préparation, prescription.

La différence est fulgurante : d'un côté une médecine occidentale qui engendre beaucoup de méfaits (germes résistants, maladies infectieuses plus coriaces, maladies nosocomiales...) et de l'autre, une utilisation efficace des plantes africaines, une parfaite structuration des traitements, et des résultats concrets !

La création de l'Hôpital Traditionnel de Keur Massar réhabilite la médecine traditionnelle africaine. C'est cette fabuleuse aventure humaine qui nous est racontée.

Et après 20 ans d'activité, un bilan apparaît : des résultats remarquables des traitements anti-lépreux ; prévention de la lèpre infantile, de différentes maladies infectieuses bactériennes, la tuberculose ; et aussi l'essor de la pharmacopée traditionnelle, la création d'associations de tradi-praticiiens...

"Notre souhait le plus profond est que ce témoignage porté sur la médecine traditionnelle africaine suscite de nouvelles conceptions et réalisations pour la santé du monde en mobilisant les savoirs, les intelligences et les cœurs dans un vaste mouvement planétaire. Ne serait-ce pas la meilleure des mondialisations ?"

Une expérience exceptionnelle qui ouvre de nombreux espoirs.

Perles de sagesse de la médecine traditionnelle africaine

Yvette Parès Perles de sagesse de la médecine traditionnelle africaine 

Éditions Le Souffle d'Or

Sous forme d’anecdotes, Yvette Parès raconte ses souvenirs : les rencontres, les bonheurs, mais aussi les difficultés auxquelles elle et son équipe ont été confrontés depuis la création en 1980 d’un Centre de Soins anti-lépreux, devenu plus tard l’hôpital traditionnel de Keur Massar.

Entourée de praticiens de la médecine traditionnelle africaine, Yvette Parès découvre la puissance thérapeutique des plantes contre des maladies graves, notamment la lèpre.
Au milieu de la brousse sénégalaise, sa pratique s’éloigne de la science occidentale pour tout réapprendre des thérapeutes traditionnels, formés de génération en génération dans l’art de soulager et de guérir.

De la cueillette de noix de cajou dans un darkassou à l’invasion d’abeilles lors d’un repas dans la brousse sénégalaise, de la guérison de Petite Marguerite au patient mordu par un serpent, de la fête des Ancêtres aux grenouilles orphelines, Yvette Parès dessine autant d’épisodes de la vie africaine pris sur le vif.

Darkassou 'noix de cajou'

"... des darkassous-pommes d'acajou rouge et or...". Le 'darkassou' du Sénégal... la noix extérieure grillée est très appréciée en apéritif sous le nom de 'noix de cajou'

Une introduction à la philosophie de vie des Africains.
Une grande leçon d’humanité pour nous.

SIDA, de l'échec à l'espoir - Le regard d'une scientifique médecin et tradipraticienne

Yvette Parès SIDA, de l'échec à l'espoir

Éditions Le Souffle d'Or

Le SIDA a progressé sans entrave depuis son émergence en 1981. Tous les plans d’action des pays occidentaux ont échoué ; sa pharmacie industrielle aussi.
Le professeur Yvette Parès partage avec nous ses réflexions et observations, connaissant à la fois la médecine occidentale et la médecine traditionnelle du Sénégal.

Elle dénonce succinctement les traitements qui ont été mis au point par l’industrie pharmaceutique, leurs dérives, leur manque de fiabilité à long terme, la désinformation, le marché du médicament et le patient devenu matériel humain, les conséquences de la maladie sur la vie économique et sociale des pays les plus atteints.

Ce constat d’échec ne doit cependant pas décourager nos efforts, ils doivent changer de cible et s’orienter à la recherche de voies neuves et hardies s’ouvrant à des thérapies véritablement efficaces.

Il ne s’agit pas de vues utopiques mais de possibilités qui seraient à portée de nos mains si des obstacles nombreux ne venaient y faire barrage. Des résultats prometteurs déjà obtenus sont, à ce jour, délibérément ignorés par l’Occident.

Ce chemin d’espoir serait d’ouvrir d’autres voies thérapeutiques, consistant, partout dans le monde et selon les flores locales, comme c’est déjà le cas au Sénégal, à élaborer des préparations médicamenteuses répondant aux exigences de la pandémie.

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Liens externes, voir

Les vérités dérangeantes sur le SIDA (L'Échelle de Jacob 06/09/2018)

[Vidéo] SIDA la vérité - Professeur Luc Montagnier (YouTube 20/12/2009)

 

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Voir

À la rencontre de l'Áyurvéda

Bach Edward (1886-1936) et élixirs floraux

Dilutions homéopathiques

École de Salerne

Galénistes vs Paracelsiens

Jean Valnet (1920-1995) développement de la branche française "aromathérapie"

Luc Montagnier (1932-2022) prix Nobel de médecine en 2008 pour l’isolation du VIH

Maurice Mességué (1921-2017) pionnier de la phytotgérapie

Naturopathie

Phytothérapie & Herboristerie

Placebo / Nocebo

Thés & Tisanes

Totum et 'quenching'

Vinaigre des 4 voleurs

 

 

 

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