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2013 Big Bug, un an déjà
Le Bug de l'an 2012
Bugarach, 189 habitants, un paisible village de l’Aude, dans le sud-ouest de la France, blotti au pied du pic du même nom, le plus haut sommet de la région viticole des Corbières.
Un an que la fin du monde est arrivée ! Bilan : Bugarach, le Pic [1], est toujours là. Je le vois pratiquement tous les jours et je peux vous assurer qu’il n’a pas décollé, qu’il ne s’est pas ouvert, ni enflammé, qu’il n’a pas explosé. Ces jours-ci, il s'est coiffé d'une élégante et fine voilette blanche... Bref, toujours là, le Pech Bug, comme on le nomme ici, entier et semblable à tous les autres sommets.
Comme tous les autres ? Heu, pas tout à fait, en excluant si vous le voulez bien, ce côté mystico-ésotérique dont on le pare et qui agace plus d’un habitant de la région...
[1] Ou Pech de Bugarach ; en occitan : Puèg de Bugarag
À ce propos, j’ouvre une parenthèse : il est évident et vérifié que la Terre est ceinte par un maillage de champs énergétiques plus ou moins actifs selon les endroits et que des "nœuds" telluriques, là où les "mailles" s’entrechoquent en "boules", y perturbent la vie (dépérissement des plantes, dépressions ou mal-être chez les humains ou les animaux, etc.) ; ces champs énergétiques peuvent également donner à un site une dimension spirituelle plus forte qu’ailleurs -grotte de Lourdes, Stonehenge (Royaume-Uni), en Himalaya, en Égypte, Machu-Picchu (Andes péruviennes), etc.- ou un climat inquiétant, combiné avec les émanations des âmes défuntes (cimetières militaires par exemple). Je ne le nie pas et suis d’accord pour concéder au Pic de Bugarach le privilège d’être un haut-lieu spirituel. Mais de là à parler d’extra-terrestres, excusez-moi, mais je rigole ! Ces champs énergétiques, l'Énergie vitale [1], sont tangibles, démontrables, vérifiables, même si ce n’est pas toujours scientifiquement (la science n’explique et n’expliquera pas tout). Ils font partie de la réalité de notre monde, "ce fantastique dont on s'aperçoit toujours plus qu'il est en réalité tout le réel..." (Antonin Artaud). Quel rapport avec ces fictions venues d'ailleurs, ces apports étrangers à notre monde ? Pourquoi chercher des réponses hors de notre Terre, alors que nous ne connaissons pas tout -loin s'en faut- des ressources qu'elle recèle ? "Ce n'est pas la réalité qui est vulgaire, c'est l'idéal." (Henry de Montherlant)
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[1] Difficile à traduire, la pensée chinoise désigne le Qì comme un souffle vital à la circulation alternée yin/yang, inspiration-expiration. En Inde, on utilise le mot Prâna.
Je ne m’aventurerai pas plus sur le chemin marécageux de l’ésotérisme et du mysticisme, qui ont la vie dure ici, et me contenterai, pour fermer la parenthèse, d’en évoquer quelques thèmes qui, ces dernières années, ont subi un amalgame et encouragé une littérature digne des contes que l’on se raconte les soirs de veillées au coin du feu pour se faire peur ou s’émerveiller (de ce point de vue, je n’ai rien contre !) : le Graal, les Templiers, les Cathares, l’Abbé Saunière, Marie-Madeleine, etc., jusqu’aux petits derniers : les "Intra-terrestres". Aude en France et ses 4 "pays"
Donc, ce pic des Pyrénées françaises situé dans l'Aude, en région Languedoc-Roussillon, est le point culminant des Corbières (1 230 m d'altitude). De son sommet, le panorama s'étend des Pyrénées à la montagne Noire et de la Méditerranée à la Haute-Vallée de l'Aude.
"Bug" crête versant sud :
ne dirait-on pas les vestiges de quelque "château cathare" ?
(photo Arno Lagrange 20 janvier 2008)À titre de comparaison, le château de Peyrepertuse...
... véritable citadelle haut perchée des Corbières
« Quand la tramontane dissipe le brouillard au dessus des Corbières, émerge, majestueux et secret, le Pech de Bugarach. Sa proue minérale pose une première énigme : pourquoi parle-t-on de la "montagne inversée" ? Et même lorsque le soleil nimbe entièrement ses flancs de calcaire, une auréole de mystère plane encore dans le ciel bleu de l'Aude. » [...] Rommie, charmante propriétaire des chambres d'hôtes du Presbytère avec son mari Sander, ne veut froisser personne. "La majorité des clients vient pour la nature, pour les châteaux cathares. De temps en temps, quelques-uns viennent pour l'énergie, pour le Bugarach. Moi, j'aime aller en haut pour la jolie vue. Mais au sujet de l'énergie, je ne sais pas".
Pour la première énigme, la réponse est simple : [...] »*
* Un bel article de Carole Rap, Dans les Corbières, le Pech de Bugarach, sommet de l'étrange, Le Monde septembre 2011 [archive]
C'est une curiosité géologique : de par la tectonique des plaques, il est issu d'un plissement couché ; les strates calcaires supérieures sont plus anciennes (135 millions d'années) que les formations inférieures (15 millions d'années), inversant ainsi l'ordre des couches géologiques ; ce qui lui a valu le nom de "montagne inversée".
« Pour le reste, on suppose que la position géographique du pic a catalysé les courants mystiques déjà à l'œuvre dans la région.
Rennes-le-Château touché "par la grâce" (printemps 2012)
Qui en effet n'a pas rêvé au trésor de l'abbé Saunière, ce curé mystérieusement enrichi après avoir entrepris des travaux dans son église de Rennes-le-Château, à quelques kilomètres de-là ? (à visiter absolument !)
Qui n'a pas laissé vagabonder son imagination suivre la quête des derniers Cathares, ces Parfaits et Parfaites réfugiés sur les sommets ventés des Corbières ? (arpenter ces châteaux en ruines par grand vent est une expérience unique !) » *J’ajouterai les belles balades que l’on peut faire, à pied ou à cheval, dans les environs de Bugarach, le village ou le pic, de Couiza, situé juste à côté d’Espéraza, sur le grand axe Carcassonne-Axat-Perpignan, du pic du Cardou ou d’autres sites de la Haute-Vallée...
Le Desman des Pyrénées ou Rat-trompette est un petit mammifère de la famille des talpidés.
Rare, sa répartition est limitée aux Pyrénées et au nord de l'Espagne et du Portugal. Il se nourrit d’invertébrés sensibles à la pollution des eaux et il est menacé par la dégradation de la qualité de celles-ci et par la modification brutale des niveaux aquatiques.
Outre les beaux paysages de garrigue sauvage aux arômes de romarin, thym, lavande, entre genêts et genévriers, chênes verts et conifères, une faune assez exceptionnelle (près de chez moi, nichent le timide héron cendré et de malicieux écureuils roux ; on y rencontre aussi de beaux lézards, de gros crapauds, des vautours et de grands rapaces planant dans le ciel...), c’est une région riche d’un passé gallo-romain avec ses architectures typiques et quelques dolmens (si, si), d’un passé médiéval d’architecture militaire avec la Cité de Carcassonne et ses "5 fils", les châteaux de Termes, Puilaurens, Peyrepertuse, Quéribus et Aguilar, qui assurèrent le rôle de gardiens de frontière face à l’Espagne (Aragon) dès 1258 (et oui !), d’un passé de thermalisme dont on retrouve les traces dans les noms (aussi dans des ruines...) : Rennes-les-Bains (qui fonctionne encore), Campagne-les-Bains, Alet-les-Bains (où l’on peut prendre de l’eau à la fontaine et où la piscine est un bonheur sans chlore)... Tout ceci pour montrer qu’il y a bien plus à considérer dans cette région, son histoire, ses paysages, sa faune, sa flore, ses spécialités... que ces "trucs spirituels" dont la plupart y est étrangère ou si peu représentative... Autant faire un "stage" près de chez soi, que l’on soit de l’Illinois ou de Paris, au lieu de dépenser des fortunes pour passer à côté de l’essentiel !
Autour d’Espéraza (printemps 2012). Au fond à G, le mont Cardou, au centre, perché, Rennes-le-Château et plus loin, à D, le Pech de Bugarach pointe timidement. Au premier plan, des églantiers sauvages en fleurs, plein d'églantiers...
J’ai connu, il y a quelques années, une femme qui partait régulièrement pour l’Angleterre y "faire des stages" de méditation et voir un certain "guru" (indien !) Je vous laisse méditer sur cette démarche qui m’a fait rire, mais aussi prendre en quelque sorte pitié de cette femme...
La méditation, la "recherche de Dieu" (pardonnez le raccourci) est un voyage intérieur. Nul besoin de se déplacer. « Oui mais moi je veux voir les châteaux "cathares", ils sont uniques au monde ! » Bien sûr qu’ils sont uniques, et venir les visiter est une bonne chose, un beau prétexte pour des excursions salutaires et très... aérées. Mais ils ne se livreront vraiment à vous que si vous vous donnez la peine, et le temps, de les comprendre : construits pour la plupart au XIe siècle, ils ne sont pas venus dans ces endroits perchés par caprice divin ou aide surnaturelle... Quant à la Cité de Carcassonne, déjà présente, quoique rudimentaire il est vrai, au temps des Romains, donc bien avant que les Cathares ne soient en germes, le mercantilisme en a malheureusement la mainmise et nombre "d’anecdotes" qui circulent à son sujet sont plus fantaisistes les unes que les autres : inutile d’aller chercher une quelconque vérité spirituelle en ses enceintes... mais là encore, admirer l’architecture, les tours, les lices... s’y promener est un bon moment à passer, plein d’enseignement pour qui sait "voir".
Drôles d’(inad)équations
Après cet exposé de géographie touristique, passons à la matière mathématique !
21 décembre 12 - 20/12/2012 - 12/12/12... comme un "jeu de chiffres" plutôt que comme quelque chose de bien sérieux...
Et pourquoi vouloir à tout prix mettre en parallèle des notions des antiques Mayas avec les nôtres, occidentales et actuelles ? C’est comme si on essayait de faire fonctionner un logiciel adapté pour un Mac sur un PC ou voulait mettre du gazole dans une voiture roulant à l’essence...
Il n’y a aucun lien entre ces 2 civilisations, tout les sépare : l’époque, le lieu, la langue, la culture, jusqu’à la spiritualité y compris la configuration du ciel ! Les valeurs ne sont pas les mêmes, ni les préoccupations, intellectuelles ou matérielles, de par la nature-même de l’environnement et du climat. Rappelons cette vue philosophique : ce qui est analogue n’est pas forcément identique. Par sa forme ronde et ses aiguilles, le cadran d'un baromètre est analogue [1] à celui d'une horloge (lui ressemble), mais n’a pas la même fonction ; ce même baromètre est identique [2] à celui qui possède un affichage numérique, il a la même fonction, mais n’a pas la même forme...
[1] Comme nom, analogue (ressemblance générale, approximative) désigne quelque chose qui partage des traits communs avec autre chose sans que les 2 soient de même nature, sans que la similitude (rapport, relation existant entre choses semblables) soit parfaite ; on l'utilise souvent pour pointer la ressemblance sur un aspect, le trait commun qui rapproche 2 choses franchement différentes.
[2] Le mot identique rend l’idée d’une similitude exacte. L’adjectif exprime une ressemblance que l’on juge parfaite entre des éléments. Il signifie « exactement pareil », « inchangé, qui conserve l’essentiel de ses caractéristiques malgré une évolution »...
Le deuxième point qui me froisse dans cette aventure, est : pourquoi les Mayas n’auraient-ils pas commis eux-aussi des erreurs de calcul ? Cette civilisation est fort lointaine (une des plus anciennes civilisations d'Amérique dont les origines remontent à la préhistoire) et quand les Espagnols débarquèrent dans cette contrée (correspondant actuellement à une partie du sud du Mexique, au Belize, au Guatemala, au Honduras et au Salvador) elle était plus ou moins décadente. Cette distance temporelle, bien plus que les kilomètres, ne permet pas de vérifier le bienfondé des pratiques en usage chez les Mayas. Nous connaissons bien mieux (quoique là aussi imparfaitement, c’est dire...) l’histoire de "nos" sciences et inventions. Nous savons les erreurs de nos calendriers, les décalages, les rattrapages [3]... alors pourquoi les Mayas seraient-ils les premiers de la classe, toujours avec des sans fautes ? Ils ne sont qu’humains, après tout, et l’humain est imperfection. Autrement dit, la perfection n’est pas de ce monde. Il est vrai que, comme le souvenir, ce voyage dans le temps fait rêver et l’on est tenté de ne garder que les bons et beaux côtés, voire de sublimer tout ce qui nous touche ou a un goût d’exotisme...
[3] L’encadré ci-dessous nous conte, entre autres, l’histoire du calendrier grégorien, le nôtre actuellement. C’est un peu long, mais je ne voulais pas me résoudre à "couper" tant ceci me paraît important, où l'on voit bien la toute-puissance des superstitions et des croyances...
... sur le blog Yantra - Du Corps à l'EspritDernier petit tour dans les archives
Bugarach "avant"
Trois coupures de journaux, de Bugarach à une idée venue d'ailleurs...
Bugarach pendant...
Une de l'Indépendant qui relate le déroulement de la "réjouissance"
Eh bien après, il n'y a plus rien à voir...
Enfin, l'aridité sauvage entre vieilles pierres et eaux vives autour de Bugarach, pour les amoureux d'une nature encore préservée, en contraste avec la "civilisation" moderne et trop "policée", les monuments régionaux inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO (Cité de Carcassonne, Canal du Midi...), les châteaux "cathares", les sentiers de randonnées qui nous font découvrir une faune et une flore insoupçonnées, les stations de ski proches, la mer pas si loin et plein d'autres choses à découvrir quand on ne se renferme pas dans sa bulle et qu'on lève un peu le nez vers les étoiles...
Et puis, je suis curieuse de savoir comment ont réagi ces "apôtres de l'Apocalypse" face à cette situation qui a tourné au grotesque ridicule (comme chacun sait : "le ridicule n'a jamais tué") Quels peuvent être leurs arguments, leurs réponses ? Ça, c'est "silence radio", après tant de bruit et d'esbroufe...
Mais je ne peux m'empêcher de penser que la plupart de ces gens n'étaient pas convaincus mais TRÈS intéressés à l'idée de s'amuser tout en se faisant remarquer ; une façon TRÈS originale et TRÈS bruyante de fêter la fin... de l'année. Chose peu étonnante pour des originaux.
Tags : pic, Bugarach, chateau-cathare, pech
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Commentaires
j y suis passé cette année , nous etions dans une chambre d'hotes et j'ai ramene une belle carte postale de la montagne avec un bel OVNI super montage photoshop
puis nous sommes allés visite le chateau de l'abbé saunières
une region pleine de mystères
des bons souvenirs
un tres beau reportage
bonne soiree
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C'est très bien documenté et le commentaire me donne envie de prendre le train et de venir occuper les lieux... J'ai envie de montagnes, d'air pur, de voir le marché d'Espéraza pour me propulser quelques années en arrière.... M'installer au bistrot sur la place, observer les soixante-huitards vendre leurs fromages de chèvre ou les petits plants d'herbes aromatiques. Et la "pizzaïola" ambulante avec son accent allemand ! Je voudrais faire un tour à Quillan et même à Caudiès revoir la maison de R et G. Pousser même jusqu'à Saint-Paul et m'arrêter devant la métairie, y jeter un oeil... J'ai la nostalgie.... même si tout n'était pas rose ...