• Gladiateurs : Les types et combats

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    Types de gladiateurs

    Parmi les gladiateurs, on distingue traditionnellement...

     

    A - Les gladiateurs avec armaturae [1]
    (au sens d’équipements ; du latin armatura « ensemble des armes, armure du soldat »)
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    [1] Armatura (pluriel : armaturae) : catégorie de gladiateur. Les différents types se différenciaient par les armes utilisées, mais aussi par les techniques de combat.

    Le Samnite

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    Le samnite, gladiateur lourd, est la catégorie la plus anciennement attestée. Son nom évoque les redoutables tribus du centre de l'Italie qui s'opposèrent à Rome au IVe siècle av. J.-C., dans les premiers temps de l'expansion romaine. Tite-Live rapporte qu'en 310 av. J.-C., après une défaite des Samnites [1], les Campaniens [2], alliés des Romains, récupérèrent sur le champ de bataille les armes des vaincus tués au combat et en équipèrent des gladiateurs qu'ils exhibèrent dans l'arène (Tite-Live, IX, 40).

    Le gladiateur samnite était muni d'un lourd bouclier, longtemps rectangulaire (scutum), d'un casque à plumeau (aigrette), d'une épée courte et probablement d'un cnémide (jambière) sur sa jambe gauche et de brassières.

    On dit souvent que les samnites était les plus chanceux car ils combattaient avec de grands boucliers et bonnes épées. Ce type de gladiateur qui rappelait le soldat de cette tribu italique combattue par Rome au cours de trois guerres, disparaît au début de la période impériale.

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    [1] Samnites : peuple italique établi dans le Samnium. Dans l'Antiquité, région montagneuse de l'Italie centrale. Les Samnites furent soumis par Rome au IIIe s. av. J.-C., après trois longues guerres, de -343 à -290.
    [2] Campaniens : habitants de Campanie. Région de l'Italie péninsulaire, sur le versant ouest de l'Apennin ; chef-lieu : Naples.

    Le gaulois

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    Le gaulois (gallus) était un type contemporain du samnite : sans autre protection qu'un casque et un grand bouclier de type celtique long et étroit (scutum), il était armé d'une longue épée avec laquelle il frappait de taille (par le tranchant de l’épée). Lui aussi s'effaça au début de l'Empire.

    Le thrace

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    Le thrace [1] avait comme arme caractéristique la sica, une dague courte, ou la falx supina, une dague courbe tranchante des deux côtés de la lame. Il était protégé par un petit bouclier, souvent de forme carrée (parma) et par deux jambières (ocreae) qui montaient jusqu'aux cuisses. Il portait un casque à rebord (galea)

    Gladiateur ethnique, il évoque les guerriers de la Méditerranée orientale que les romains combattirent à cette époque. Il peut être opposé à un autre thrace ou contre un hoplomaque. Il est également opposé au mirmillon qui constitue son principal adversaire jusqu'à la fin de la gladiature.

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    [1] Par référence à la Thrace, région du sud-est de l'Europe, occupant l'extrémité nord-est de la Grèce (Thrace occidentale), la Turquie d'Europe (Thrace orientale) et le sud de la Bulgarie.

    Les casques...

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    L'hoplomaque

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    L'hoplomaque était lui aussi lourdement armé. Il apparut à l'époque impériale alors que disparaissait le samnite. Leurs armes étaient de ce fait comparables : scutum (long bouclier quadrangulaire), ocrea (pièce de cuir portée à la jambe gauche et renforcée de métal), casque surmonté d'une aigrette de griffon stylisé et épée droite en métal (gladius)

    Le provocator

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    Le provocator représentait une armatura plus technique. Maître de la contre-attaque, il provoquait l'adversaire, puis ripostait brusquement.

    Son bouclier était similaire à celui du légionnaire romain : un scutum. Son épée, la spatha, était, semble-t-il, plus longue que le gladius traditionnel des samnites et des hoplomaques mais il semble qu'il ait pu être armé d'une dague courte. Le casque du provocator ne présente aucune crête, comme le casque des légionnaires romains.

    Le provocator est celui par lequel les gladiateurs entamaient leur cursus [1] au ludus [2], c'est aussi ce type de gladiateur qui démarrait les après-midi de combats.

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    [1] Un cursus (du latin curro, –ere, « courir ») désigne en général un cycle éducatif (Antoine Court de Gébelin, Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne... Boudet 1779). Le cursus honorum est l'ordre d'accès aux magistratures publiques sous la Rome antique ; défini très tôt à une époque mal déterminée, il n'est formalisé que par la lex Villia Annalis en 180 av. J.-C. Le cursus publicus, parfois appelé vehiculatio durant le Haut Empire, est le service de poste impérial qui assurait les échanges officiels et administratifs au sein de l’Empire romain.

    [2] Ludus ou Ludus gladiatorius : caserne de gladiateurs dont le Ludus Magnus, principale caserne de gladiateurs de Rome.

    Le secutor

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    Le secutor est « celui qui poursuit ». Il apparaît au 1er siècle après J.-C. C’est une évolution du mirmillon (ci-dessous).

    Le secutor maniait aussi des armaturae lourdes : gladius ou pugio (poignard), scutum (bouclier long), ocrea (protège tibia ou jambière, à gauche). Son casque remarquable (galea), sans rebord, surmonté d'un court cimier (crête sans arête), était bien adapté à la lutte contre le rétiaire (voir plus bas), son adversaire traditionnel : le casque offrait en effet moins de prise au filet que celui des autres gladiateurs.

    Ce type de gladiateur devient très fréquent à partir du IIe siècle après J.-C. et jusqu'à la fin de la gladiature.

    Le mirmillon

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    Le mirmillon, héritier direct du gaulois (voir plus haut) d'époque républicaine, apparaît au 1er siècle av. J.-C. Il évolue techniquement pour devenir le secutor (plus haut). Il demeure jusqu'à la fin de la gladiature l'adversaire principal du thrace ou de l'hoplomaque (plus haut) mais également, surtout au début, du rétiaire (plus bas)

    Le nom de "mirmillon"provient du poisson (en grec mormuros) qui décorait son casque. « Ce n'est pas toi que je poursuis, c'est le poisson, pourquoi me fuis-tu gaulois ? » – Cette chanson que le rétiaire entonnait avant de lancer l'attaque décisive prend ici toute sa signification et prouve la filiation entre le gaulois et le mirmillon.

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    Rétiaire contre mirmillon

    Comme armement défensif, le mirmillon possédait une dague ; son casque à crête percussive lui servait aussi comme arme offensive, alors que ses larges bords lui protégeaient le cou. Comme celui du gaulois, l'armement défensif du mirmillon était limité à un grand bouclier, le fameux scutum (murmilliconum) : il s'agissait vraisemblablement d'un bouclier hexagonal allongé semblable aux boucliers gaulois.

    Le contre rétiaire

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    Le contre-rétiaire (contra-retiarius, appelé aussi Scissors, « celui qui tranche »), était exclusivement opposée au rétiaire.

    Il apparaît dès le 1er siècle après J.-C. mais demeure très rare dans l'iconographie (cinq représentations répertoriées à ce jour). Une stèle trouvée à Tomis (Roumanie) a permis aux spécialistes (Louis Robert) de définir cette troisième armatura lourde.

    Le contre-rétiaire était pesamment équipé : casque, lourde cotte descendant jusqu'à mi-cuisse, ocreae (jambières), mais pas de bouclier. Son armement offensif consistait en une dague (épée) et une sorte de gaffe terminée par une lame en forme de croissant, destinée à déchirer le filet de son adversaire. Il la maniait de son bras gauche protégé par un manchon métallique au bout duquel était fixée l'arme.

    Le scissor constitue une évolution ultime du contre-rétiaire.

    B - Les gladiateurs légers

    Le rétiaire

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    Le rétiaire (prononcerciaire, comme on dit patience), gladiateur léger, frappe les imaginations par son équipement offensif caractéristique. Sa panoplie rappelle en effet celle du pêcheur : filet (reta ; rete, -is), trident (fuscina) et poignard (pugio).

    Son armement défensif, en revanche, est réduit au minimum : pas de casque, mais des chevillères (fas­ciae) et un brassard ou manchon (manica) qui protégeait le bras gauche, le plus exposé par le maniement du filet ou du trident. Le galerus, une large épaulière, couvrait la base du cou et donnait au rétiaire une silhouette particulière (tous, cependant, ne portaient pas le galerus, mais seulement une armure souple qui recouvrait le cou, le bras et tout le flanc gauche).

    Le maniement du filet, attaché au ceinturon par une cordelette, exigeait une grande dextérité. Le combat dépendait alors de son adresse et de sa rapidité. Si son rival l'esquivait et l'accrochait, le rétiaire devait couper le lien à l'aide de son poignard et la suite du combat dépendait de son adresse et de sa rapidité. Il se retournait pour contenir la poursuite et lançait sa contre-attaque en tenant le trident des deux mains : la droite au bas de la hampe et la gauche serrant aussi le poignard, près de la fourche. Cette position s'observe fréquemment sur les monuments figurés (mosaïques de Cos, Reims, Bignor)

    Le laquearius

    Le laquearius était proche du rétiaire (voir plus haut) par son armement défensif (manica, galerus), mais une sorte de lasso (laqueus) remplaçait le filet.

    C - Quelques types de gladiateurs dérivant des contingents militaires

    Par exemple les vélites (fantassins légers des armées romaines) luttaient à distance avec des javelots qu'ils propulsaient au moyen d'une courroie de cuir. La trajectoire y gagnait en portée et en précision.

    Les sagittarii

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    Les sagittarii combattaient aussi à distance avec leurs arcs. Pour toute protection, ils ne portaient que la manica (protection de cuir garnie de pièces métalliques qui couvrait le bras droit et la main du gladiateur)

    Les equites

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    Les equites combattaient à cheval, vêtus d'une tunique courte, protégés d'un casque à visière, d'un petit bouclier rond (parma), et armés d'une lance et d'une épée courte. Il arrivait en effet que le combat se poursuivît à pied !

    L'essédaire

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    L'essédaire apparut dans l'amphithéâtre, rappelant les soldats bretons grimpés sur des chars légers (essedarii) que les légions de César, puis celles de Claude, avaient dû combattre lors de la conquête de la Bretagne insulaire. Chaque char emportait deux hommes : le cocher, le plus honoré, qui tenait le rôle principal, et un guerrier, lanceur de javelots.

    Ainsi, le gladiateur essédaire apparut dans l'amphithéâtre sous les règnes de Claude et Néron, mais nous ignorons si, dans ce cas, l'équipage comptait un homme seul ou deux. Cependant, tout comme l'essedaraii d'origine, il était question de fameux lanceurs de javelots...

    Cursus et combinaison de combat

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    Il existait plusieurs grades parmi les gladiateurs. Le gladiateur débutant était un tiro (des tirones)

    Les primi pali appelés aussi les primus palus (« premiers pieux » ou « poteaux ») étaient des combattants chevronnés. Ce grade faisait référence au piquet de bois (palus) utilisé à l'entraînement. La distinction apparaît à Rome, à l'époque flavienne, sur l'épitaphe du secutor T. Flavius Incitatus, seize fois vainqueur. Cet échelon supérieur se retrouve fréquemment aux IIe et IIIe siècles, tant en Orient qu'en Occident, avec d'autres grades : on connaît aussi les secundi pali ou secundus palus et les pali ou palus, etc.

    Sauf pour les tirones - qui ne combattaient généralement qu'entre eux - beaucoup de combinaisons étaient possibles entre les armaturae. C'est là qu'intervenait tout le savoir-faire du munéraire. La gladiature ne devait pas se limiter à une boucherie : elle était un art d'escrimeur. Le théoricien militaire Végèce [1] se plaisait d'ailleurs à vanter l'habileté des gladiateurs aux soldats des légions afin de les stimuler davantage.

    Plusieurs principes guidaient le munéraire dans ses arrangements. Dresser des gladiateurs lourds entre eux favorisait le combat rapproché et la force physique. L'opposition entre combattants légers accordait la priorité à l'agilité et à la technique.

    Les combinaisons les plus savantes consistaient à mettre en présence armaturae lourdes et légères. Fondé sur l'attaque, l'esquive et la poursuite, ce type de combat était en vogue au Ier siècle. Ainsi, le rétiaire était opposé au mirmillon ou au secutor.

    L'affrontement entre porteurs de petits boucliers — parmæ — (thraces, hoplomaques et provocatores) et boucliers longs — scuta — (samnite, mirmillons, secutores) captivait les foules. Le public se rangeait en parmularii et en scutarii et la fièvre gagnait les plus hautes sphères du pouvoir : Caligula et Titus étaient des partisans des petits boucliers alors que Domitien était un inconditionnel des longs boucliers.

    Inscriptions et monuments figurés témoignent d'autres combinaisons : essédaires et equites combattaient toujours entre eux. En revanche, il n'y a jamais de rétiaires opposés à d'autres rétiaires. Les mirmillons se battaient le plus souvent contre les thraces ou durant un temps les rétiaires.

    Ces duels constituaient les moments forts du munus. Mais, pendant les entractes, des parodies de combat étaient offertes au public : démonstrations d'escrime par des pægniarii, parfois armés de bâtons.

    Sous le règne de Néron, en 63, des gladiatrices parurent pour la première fois dans l'arène : « Il donna la même année des spectacles de gladiateurs aussi magnifiques que les précédents; mais beaucoup de femmes de haut rang et de sénateurs se dégradèrent en descendant dans l'arène. »

    Un passage de Pétrone cite le cas d'une femme essédaire et Juvénal montre des gladiatrices à l'entraînement : « Elles creusent (le palus) à grands coups d'épée, elles l'assaillent avec leur bouclier, attentives à exécuter toute la série des commandements… Vois avec quelle ardeur émue elle assène les coups qu'on lui enseigne. »

    Les couples de gladiatrices semblent avoir été particulièrement appréciés sous le règne de Domitien. Elles étaient des femmes de caractère. Plusieurs se produisirent pendant les Jeux Décennaux de Septime Sévère où elles combattirent avec ardeur, injuriant au passage l'aristocratie installée dans la loge. Mais, devenues sources de désordre et de troubles, l'empereur dut les proscrire de l'arène par un édit datant de l'an 200.

    (club-latin.e-monsite.com)

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    [1] Voir "Epitoma rei militaris" (Végèce)

     

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    Documentation

    Jules

    Mythologie, divers

    Prendre des cours

    • https://www.destinationrome.fr/bons-plans/enfants/ecole-gladiateurs-rome/ (Entrez à l’école des gladiateurs romains ! - Destination Rome)
    • https://www.fantys.org/ludus (LUDUS / gladiateurs)
    • https://www.tiqets.com/fr/rome-c71631/cole-de-gladiateurs-de-rome-l145157 (École de Gladiateurs de Rome | Tiqets)

     

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    Sources

     

     

     

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