• Bombe atomique

    Bombe atomique (illustration)

    Avec son film "Oppenheimer", qui sort le 19 juillet [2023], le réalisateur Christopher Nolan nous fait à nouveau voyager à travers le temps. Après une œuvre sur la bataille de "Dunkerque" de 1940, le cinéaste américain s’attaque à l’histoire de la bombe nucléaire ; cette arme ayant renversé le cours de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi l’équilibre des pouvoirs jusqu’à aujourd’hui. À travers la vie de son concepteur, Robert Oppenheimer, ce n’est qu’une partie de la longue histoire de la course aux armements qui nous est contée.

    Je n’ai pas vu le dernier film de Nolan mais je peux vous dire que son film sur Dunkerque ne mentionne pas, ou si peu, l’héroïsme des soldats français qui se sont fait massacrer pour tenir et permettre aux soldats anglais de s’embarquer, ni ne montre les braves de sa majesté refouler violemment les quelques Français qui voulaient monter sur ces bateaux de la dernière chance (allant jusqu’à leurs taper dessus). Mon père y était. (internaute Ups. 23/07/2023)

    Voir Mémoires d'un survivant d'Hiroshima

    Bombe Mk-1 qui fut larguée sur la ville japonaise Hiroshima 6 août 1945

    La bombe Mk-1, surnommée "Little Boy", fut la première arme nucléaire à être utilisée en temps de guerre. Elle fut larguée sur la ville japonaise de Hiroshima le 06 août 1945.
    Photo Popperfoto, Getty Images

    Voir aussi Ikigaï

    Hitler et la bombe

    Dès l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir, de nombreux scientifiques d’origine juive fuient l’Allemagne nazie, notamment pour l’Amérique. Les savants et physiciens restés dans le Reich poursuivent l'étude d’une nouvelle énergie jusqu’en 1938, année de la découverte de la fission nucléaire. Voulant transformer cette puissance en arme garantissant leur victoire dans la guerre à venir, les nazis font accélérer les recherches. L’annexion de la région des Sudètes par les accords de Munich permet à Hitler de s’emparer des principales mines d’uranium d’Europe et lui donnent ainsi les moyens d’accomplir ses rêves de domination.

    Le génialissime Einstein et d’autres de ses confrères s'inquiètent de voir un jour le feu nucléaire se répandre au nom du nazisme. Dans une lettre, ils alertent le président des États-Unis Franklin Roosevelt de ce risque. Ce dernier, dont la nation est en guerre à la fin de l’année 1941, lance secrètement le projet Manhattan faisant entrer ainsi les États-Unis dans la course à la bombe nucléaire. Le directeur scientifique de ce projet Manhattan n'est autre que le physicien Robert Oppenheimer.

    J.R. Oppenheimer portant un chapeau

    Près d'Alamogordo (Nouveau-Mexique), J.R. Oppenheimer (portant un chapeau)
    Bettmann/Photo Bettmann Archive. Getty images.

    Pendant ce temps, en Europe, les recherches d’Hitler n’avancent pas aussi vite que le Führer le souhaiterait. Ses équipes de scientifiques manquent cruellement de savants compétents dont une bonne partie ont fui le Reich. Néanmoins, si la puissance nucléaire n’est pas encore maîtrisée, les armes nazies se perfectionnent. Ainsi, les premiers missiles de croisières de l’Histoire sortent des usines : les V1 puis les V2. Ces engins de mort sont lancés depuis plusieurs bases secrètes, le long de la côte Atlantique, proche de l’Angleterre. L’une d’elles est installée en France, près de la ville de Saint-Omer, connue sous le nom de la coupole d’Helfaut. Encore visitable de nos jours, on y voit les longues rampes de lancement ainsi que les profondes galeries descendant dans la terre. Ces installations avaient pour but de cacher et de protéger les dernières armes d’une Allemagne à bout de souffle. La situation géographique de ces sites permettait ainsi de bombarder, sans risquer la vie d’aucun pilote de la Luftwaffe, le territoire anglais dont le ciel était zone interdite depuis la victoire alliée de la bataille d’Angleterre.

    La bombe humaine

    Mais la domination des airs par les Anglais ne peut empêcher les V1 et les V2 d’atteindre leurs cibles. En effet, les pilotes de la Royal Air Force peinent à les intercepter en raison de leur vitesse et de leur taille. Malgré cet avantage technologique, la défaite du Reich nazi est inévitable, elle est actée le 8 mai 1945 sans qu’aucun feu nucléaire n'ait ravagé l’Europe.

    Les États-Unis doivent encore affronter, de l’autre côté du globe, l’ennemi nippon qui, lui aussi, cherche à développer ses armes. Si le Japon ne contrôle pas la puissance de l’uranium, ses bombes restent dangereuses. Ainsi poussé par le fanatisme, un sens du sacrifice exacerbé et un refus catégorique de la défaite, l’Empire du Soleil Levant crée la bombe humaine : les kamikazes. Ces pilotes foncent volontairement contre les navires et positions alliés afin de les détruire. Face au risque de lourdes pertes humaines, l’Amérique fait le choix de l’arme nucléaire, les 6 et 9 août 1945, afin de mettre fin définitivement à la Seconde Guerre mondiale. Cette course à l’arme la plus destructrice, la bombe nucléaire, se fait ainsi malheureusement au prix du sang de milliers de victimes civiles.

    Oppenheimer, désormais surnommé le père de la bombe nucléaire, emprunte alors des mots tirés de textes sacrés hindous pour déclarer, le jour des premiers essais dans le désert américain en 1945 : "Je deviens la Mort, le Destructeur des Mondes." Il avait compris qu’il avait doté l’Homme d’une puissance qu’il n'aurait peut-être pas dû maîtriser et qui allait devenir la hantise des peuples durant la guerre froide.

    Éric de Mascureau dans Boulevard Voltaire 18/07/2023 [archive]

     

    Points de vue d'internautes

    Oppenheimer a fabriqué la bombe mais c’est Harry Truman qui l’a lâché deux fois. Et, en bon franc-maçon, il a choisi les deux villes japonaises qui avaient les deux cathédrales catholiques les plus importantes du Japon. (Adroite. 23/07/2023)

    Le Président Harry Truman et le Général Leslie Groves ont ordonné l’emploi de la bombe A pour "mettre fin aux hostilités" en 1945. C’était sans compter sur le besoin de faire la guerre pour dominer, inhérent à l’être humain.

     J. Robert Oppenheimer à gauche, et le brigadier général Leslie Groves

    J. Robert Oppenheimer à gauche, et le brigadier général Leslie Groves, inspectent le site de Trinity où a eu lieu le test de la bombe atomique le 16 juillet 1945, soit quelques semaines auparavant.
    Photo Rolls Press, Popperfoto, Getty Images

    À l’origine première de la bombe, c’est le pacifique et "génialissime" Einstein que l’on trouve. Et puis Oppenheimer est aussi l’homme par lequel les Rosenberg en transférèrent les secrets en URSS. Nous sommes loin du conte fée façon Nolan…

    Julius et Ethel Rosenberg

    Julius et Ethel Rosenberg furent reconnus coupables de conspiration en vue de commettre des actes d’espionnage le 29 mars 1951 pour leur implication supposée dans la transmission à l’Union soviétique de documents classés en lien avec le projet Manhattan. Photo Keystone, Getty Images

    « Après tout, SEUL le metteur en scène connaît LE SENS du film. » Satyajit Raï

    Pourtant, de mémoire, la lettre d’Einstein et ses pairs au Président US disait à peu près ceci : "Nous vous avons ouvert les portes d’un réservoir inépuisable d’énergie, et vous en avez fait un engin de mort…".

    Oppenheimer a certes conduit le "projet Mahattan" mais, comme souligné, c’est bien la présidence des US qui est à sa tête sous la conduite du général Groves. Voir le film "Les Maîtres de l’Ombre" (Paul Newman, Diwght Schultz). Il ne porte pas le chapeau tout seul de la mise au point de cette arme.

    Grace Hopper (1906-1992), mathématicienne pionnière de l'informatique et amiral de la Marine américaine, a travaillé sur un dispositif nommé Automatic Sequence Controlled Calculator, qui permettait de planifier des trajectoires de vol pour les fusées. Ce dernier a finalement été utilisé par les scientifiques du Projet Manhattan pour construire la bombe atomique.

    Ne pourrait-on pas aussi imaginer le nombre de conflits et donc de centaines de milliers de morts que l’ombre de cette bombes à évité de puis 80 ans ? C’est ce que nos politiques nomment avec pudeur "à dissuasion".

    Aujourd’hui, toute l’énergie dont nous avons besoin devrait être satisfaite par le nucléaire, et nous en sommes à attendre que la version armement soit utilisée à nouveau pour l’interdire à jamais. L’homme serait un animal intelligent ?

    Un témoignage

    J’ai bien connu cette époque, comme élève du fils du professeur Langevin au lycée Henri IV, en terminale, puis comme assistant à une conférence de Robert Oppenheimer à l’École Polytechnique, en 1957 ou 1958. Cette question a divisé tous les physiciens à cette époque. Ce qui est frappant, c’est que sans l’entêtement de Hiro Hito, les bombes n’auraient pas été nécessaires. Hiro Hito est resté bien tranquillement empereur du Japon plusieurs dizaines d’années après la guerre et a survécu aux Hitler, Staline et Présidents américains. À quand un film sur le règne de cet empereur et le récit des ses actions en Mandchourie et dans la guerre du Pacifique ? (Michel 23/07/2023)

    Réflexions à bâtons rompus

    Des internautes 23/07/2023

    Hiroshima et Nagasaki sont des crimes contre l’humanité perpétrés par le soi-disant "camp du bien"... Et on n’en parle jamais ! N’oublions pas non plus les bombes sales au Vietnam, ni les essais de celles au napalm testées sur Royan sans aucune utilité militaire... Le "camp du bien" n’est certes pas aussi "bien" qu’on le prétend, mais le camp dit "du mal" a fait ses preuves, dixit Staline-Pol-Pot, pour ne citer que les plus sanguinaires... Actuellement, la France, de par sa piètre représentativité politique, est confrontée à une invasion migratoire majoritairement islamiste, que pensez-vous de ce qu’il adviendra de nous, lorsque qu’une majorité de citoyens se référant à cette religion sera en mesure de dicter sa loi ?

     

    Documentation

    À lire

    6-9 août 1945. Une bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki (Hérodote.net 08/2020) [archive version abrégée sans média]

    Oppenheimer, de Christopher Nolan : un grand film politique (Causeur 22/07/2023) [archive sans vidéo]

    Oppenheimer : la bombe de Christopher Nolan (Boulevard Voltaire 22/07/2023) [archive]

    Oppenheimer : le père de la bombe atomique était soupçonné d’être un espion
    (National Geographic 12/07/2023) [archive]

    À visionner

    1958 : Entretien avec Oppenheimer, le père de la bombe atomique | Archive INA

    Trente minutes avec Robert Oppenheimer (RTF 05/06/1958)
    Pierre Desgraupes rencontre Robert Oppenheimer pour une interview exceptionnelle. Il est responsable du projet Manhattan, le premier essai atomique américain du 16 juillet 1945 dans le Nouveau Mexique, et père de la bombe atomique américaine. Le physicien est accompagné de son collègue français, Louis Leprince Ringuet, qui échange avec lui sur la responsabilité de l'homme de science dans la société. S'exprimant en français, Oppenheimer explique que le scientifique doit respecter et rechercher la vérité. Il doit aussi transmettre et expliquer ce qu'il a découvert. Il évoque les doutes qu'il a eus sur la bombe atomique : des doutes d'Homme, dit-il. Malgré tout, il n'est pas pour une restriction de la science : tout ce qui est possible doit être fait. C'est le destin de l'Homme de savoir tout ce qu'il peut, dit-il.

    C'est très bien de sortir cette interview au moment où le film Oppenheimer sort au cinéma. Ça fait comprendre que le Professeur n'est pas un personnage de film mais quelqu'un de bien réel et très cultivé. (Briga.)

    Au temps où les journalistes étaient de vrais journalistes... L'incroyable qualité d'un vrai journaliste : Pierre Desgraupes. Quelle différence avec les médiocres lèches actuelles de 2023 ! Un entretien du passé dans un langage parfaitement maîtrisé avec un grand respect mutuel. Tout ce qui nous manque maintenant. (des internautes)

    Il est tellement agréable d'écouter des gens respectueux. Qui ont totalement conscience que le personnage est ni plus ni moins qu'historique. Ceci étant dit, la manière de poser les questions et le langage utilisé est d'un niveau qui aujourd'hui ne serait accessible qu'à encore moins de personne qu'à l'époque. On laisse la personne réfléchir et s'exprimer dignement sans la harceler ou donner son propre point de vue qui n'a aucune valeur scientifique. Actuellement je vois bien peu de journaliste capable de cela. Bref ça demande une vraie écoute et c'est plaisant. Merci pour ce partage qui me fait découvrir un homme hors du commun, calme et d'un regard clair rempli d'une expression indéfinissable. (Kirth.)

    Oppenheimer, le père de la bombe atomique, le "destructeur des mondes" | Point Genius

    À l'occasion de la sortie du nouveau film de Christopher Nolan et du 78ème anniversaire de la 1ère bombe nucléaire "Gadget" (du programme Trinity) * construite dans le cadre du projet Manhattan, on revient sur la vie du vrai Robert Oppenheimer, le père de la bombe atomique, le "destructeur des mondes".

    * En effet, la bombe ne s’appelait pas Trinity, mais "Gadget". Trinity était le nom de code de l'opération. (Éric)

    Deux portraits en une vidéo, un temps relativement suffisant pour parler d'Oppenheimer et un temps plus que suffisant pour parler d'Aberkam : merci pour le tacle envers cet imposteur, ça fait toujours du bien de rappeler qu’il y a de vrais génies. (des internautes)

    Quelques séquences

    6:17 Le Projet Manhattan

    9:50 L’uranium

    13:03 Tritnity

    À consulter

    NUCLÉAIRE

    Seveso 

     

    Quelques citations

    « Le CRÉATEUR a tout fait à partir de rien, mais le rien perce. » Paul Valéry

    « Pour le dire sans trop de ménagements, en un sens qu'aucune sorte de vulgarité, d'humour ou d'exagération ne peut complètement abolir, les physiciens ont connu le péché ; et c'est là une connaissance qu'ils ne peuvent plus perdre. » R.J. Oppenheimer, Bulletin of the Atom Scientist, Vol.4 N°3 (mars 1948) p.66.

    « Pourquoi y a-t- il quelque chose plutôt que rien. Voilà LA vraie question. » Leibnitz

    Albert Einstein (1879-1955)

    "Celui qui suit la foule n'ira jamais plus loin que la foule qu'il suit. Celui qui marche seul peut parfois atteindre des lieux que personne n'a jamais atteint." (lu dans Le Yoga, pour en finir avec la compétition)

    "Il n’y a pas de hasard, Dieu ne joue pas aux dés." (lu dans 144 000)

    “Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre.” (lu dans Une prof en France)

    "Il y a deux façons de voir la vie. D'un, l'on perçoit la vie comme si rien n'était jamais un miracle, ou de deux, comme si tout était toujours un miracle." (lu dans Miracle !)

    "Je ne sais pas comment sera la troisième guerre mondiale, mais je sais qu'il n'y aura plus beaucoup de monde pour voir la quatrième." (à rapprocher de la "prophétie" de Alois Irlmaier, mort en 1959 "Je suis heureux de pouvoir y aller maintenant, parce que je ne veux pas faire l'expérience de ce que je vois.")

    "Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire." (lu dans Maastricht et Triomphe du mal)

    "Ne fais jamais rien contre ta conscience, même si l’État te le demande."

    "Nous aurons le destin que nous aurons mérité."

    "Tout le monde est un génie. Mais si on juge un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu'il est stupide." (lu dans Intelligent !)

    Voir aussi

    Dimensions

    Einstein, le grand physicien... (Sommeil)

    Pi 3,14 le 14/3

     

    Divers

    FMI BM OMS OTAN

    Monstres & monstruosités