• * Des grands singes aux australopithèques

    "Il était une fois des grands singes qui habitaient dans d'immenses forêts au sud de l'Europe..." Mais comment sont-ils devenus des "hommes" ? 

    Des grands singes à l'hum.jpg

    Pascal Picq nous raconte l'histoire des origines de l'Homme en cinq portraits. Partons sur les traces de

    Pierola [1] le grand singe qui se redresse dans les arbres,

    Toumaï [2] notre ancêtre qui marche debout sur le sol,

    Lucy [3] l'australopithèque [4] qui ne sait pas courir,

    Homo naledi [5] qui s'aventure loin dans les savanes, et

    Homo erectus [6] l'homme qui part à la conquête du monde.

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    Source texte ci-dessus :
    Résumé de "Premier homme - De Pierola à Homo erectus" par Pascal Picq

    Source vidéo :
    Révélations sur les premiers hommes préhistoriques - imineo Documentaires

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    Remarque préliminaire avant de continuer

    N'en déplaise à certains, si "l'humain" ne descend pas du "singe" tel que nous le côtoyons aujourd'hui, bien évidemment – généalogiquement nous ne pouvons être les "descendants" d'un "ancêtre" contemporain – nous partageons avec lui un ou plusieurs ancêtres communs, que nous appelons "singe" faute de mieux. Il n'y a pas de jugement de valeur, ce n'est qu'un point de repère pour essayer de situer quand "l'humanité" a émergé, sortant de "l'animalité", de nous éclairer sur l’histoire de la lignée humaine, etc.

    À lire, de hominidés.com

    Charles Darwin (1809-1882)

    L’évolution de l’homme, un dessin qui prête à confusion

    Mensonges et idées fausses sur la théorie de l’évolution

    Voir aussi Finissons-en avec ces sottises et ces idées reçues (Néandertal)

    Ce réglage étant, continuons...

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    Notes pour complément et développement

    [1] Pierola et les grands singes

    Un nouvel ancêtre avant la séparation Pan-Homo… Un lointain cousin d’Homo sapiens. Les restes de Pierolapithecus catalaunicus sont estimés à 13 millions d’années, soit bien avant la séparation entre les grands singes et l’homme, estimée entre –7 et –6 millions d’années.

    Origines et lignées des grands singes selon Pascal Picq

    Mais c’est également 3 millions d’années après que la branche qui allait donner l’Orang-outan se sépare de notre lignée.

    Des grands singes

    Orang-Outan bébé Chin Boon Leng, sélection Sony World Photography Awards 2014.jpg

    Bébé Orang-outan – Chin Boon Leng

     

    Orang-outan – Pongo pygmaeus

    L’une des particularités de l’Orang-outan (ou Orang-outang) est la nécessité d’un apprentissage long chez le jeune primate. Jusqu’à l’âge de 7-8 ans il a besoin d’acquérir les comportements primordiaux pour se nourrir et se déplacer. Autre particularité, l’Orang-outan est un animal solitaire, qui exploite un domaine de plusieurs km².

    Ce primate totalement arboricole (pour se mettre à l’abri de ses prédateurs naturels) est victime de la déforestation réalisée par les populations locales (encouragée par le FMI pour promouvoir une agriculture intensive) et condamné à disparaître d’ici à 2030. À cette époque il ne restera plus que 1% de son habitat...

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    Gorille – Wolf Ademeit

     

    Gorille – Gorilla gorilla

    Le plus grand et plus corpulent des primates actuels vit en petits groupes dirigés par un mâle dominant au pelage gris sur le dos ("dos argenté"). Sa mauvaise réputation est injustifiée car c'est un animal paisible dont les démonstrations de force comme se frapper la poitrine ne sont que pour intimider et se défendre.

    Les gorilles aussi utilisent des outils. L’observation de gorilles sauvages en République démocratique du Congo vient de prouver que nos cousins les gorilles savent aussi utiliser des outils. Cette capacité n’est donc pas réservée à l’homme et aux chimpanzés. Les gorilles ont adopté, comme les chimpanzés et les bonobos, une locomotion particulière : ils marchent sur leurs phalanges.

    Orang-outan-Gorille. Feu : non – Outils : oui

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    Chimpanzé – Wolf Ademeit

     

    Chimpanzé – Pan troglodyte

    Omnivore, le chimpanzé apprécie les végétaux, les insectes, le miel mais aussi les oiseaux ou de petits mammifères. Sans toutefois les fabriquer, il utilise des branches ou des cailloux comme outils. Il enfile ainsi des tiges végétales dans les termitières pour déguster les animaux qui s’aggripent à son piège…

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    Bonobo – Pan paniscus

    Les bonobos vivent en groupes d’une cinquantaine d’individus… Sans parler de matriarcat, ce sont généralement les femelles qui prennent les décisions pour la communauté, mais il semble qu’il existe un certain égalitarisme entre les sexes. À la puberté, le comportement des jeunes bonobos est différent suivant le sexe : les mâles restent aux côtés de leur mère, alors que les femelles cherchent une autre communauté pour s’établir.

    Chimpanzé-Bonobo. Feu : non – Outils : oui

    Documentation : Le centième singe

    Voir aussi Les ongles permettent de distinguer le primate parmi les mammifères

    Pierolapithecus est peut-être l’un des plus vieux ancêtres communs aux espèces actuelles Pan et Homo. Il faut noter toutefois que l’arbre phylogénétique des grands singes est loin d’être complet et qu’il manque de nombreuses espèces... La découverte de ce nouvel "arrière-grand-père de Toumaï" ne résout pas tout !

    Pierolapithecus catalaunicus Reconstitution 2022.jpg

    Pierolapithecus catalaunicus – Reconstitution 2022.
    Ce Pierola a un air plutôt agressif. On est loin du "bisounours" représenté parfois !

    Les "Pierolas" sont des mammifères révolutionnaires en ce sens qu'ils construisent des nids pour dormir à la cime des arbres.

    Pierolapithecus. Feu : non – Outils : non (Pierolapithecus catalaunicus)

    Âge : estimé à 13 millions d’années (soit bien avant la séparation entre les grands singes et l’homme)

    [2] Toumaï

    Découvert dans le désert du Djourab au Nord Tchad le 19 juillet 2001 par Ahounta Djimdoumalbaye, ancien étudiant de l’Université de N’Djaména et membre de la MPFT dirigée par Michel Brunet, Toumaï - Sahelanthropus tchadensis - a été publié dans la revue internationale Nature le 11 Juillet 2002. Sa localisation géographique, 2500 kilomètres à l’ouest de la vallée du Rift, et sa grande ancienneté géologique ont infirmé la théorie de l’East side story.

    Toumaï Sahelanthropus tchadensis Image synthèse ''Toumaï le nouvel ancêtre''

    Toumaï Sahelanthropus tchadensis – Image de synthèse du documentaire ''Toumaï le nouvel ancêtre''

    Toumaï signifie "espoir de vie" en langue goran… ce très beau nom lui a été donné par le Président de la République du Tchad.

    Toumaï. Feu : non – Outils : non (Sahelanthropus tchadensis)

    Âge : –7 millions d’années

    Vous avez cherché : Toumaï (Hominidés.com)

    [3] Lucy et les australopithèques

    La disparition d’Yves Coppens le 22 juin 2022 a provoqué une vive émotion au sein de la communauté des paléoanthropologues et bien au-delà. Cette personnalité hors norme a profondément marqué sa discipline à la fois par une contribution scientifique exceptionnelle, mais aussi par un impact inégalé auprès d’un très large public. [...]

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    Lucy et Yves Coppens

    Depuis la la fameuse "Lucy", les découvertes se sont succédé sur le continent africain à un rythme toujours accéléré, avec notamment la mise en évidence de plusieurs espèces d’Hominines fossiles jusqu'alors inconnues. Les innovations méthodologiques ont été, elles aussi, nombreuses et ont conduit à des réinterprétations parfois radicales des données existantes. Ces progrès spectaculaires offrent aujourd’hui à nos yeux un paysage complètement renouvelé. Nous sommes passés d’une vision linéaire de l’évolution humaine à un buissonnement et une diversité longtemps insoupçonnée de formes d’Hominines aujourd’hui éteintes.

    Le colloque "Les héritiers de Lucy" a rassemblé les meilleurs spécialistes internationaux des Hominines anciens. Il permettra de faire le point sur les nombreuses avancées réalisées depuis les premiers travaux d’Yves Coppens au Tchad et en Éthiopie. [...] → Vidéo de la Playlist "Les héritiers de Lucy" Jean-Jacques Hublin – Programme complet du Colloque en hommage à Yves Coppens (Collège de France 15-16 juin 2023)

    Lors d’une campagne internationale de fouilles dans l’Afar (Ethiopie) dirigée par Donald Johanson, Maurice Taieb et Yves Coppens, fut découvert l’un des plus célèbres fossiles au monde. Ce squelette d’australopithèque féminin fut baptisé Lucy. On peut également l’appeler Dinqnesh "tu es merveilleuse" en amharique. Elle fut très médiatisée lors de sa découverte car elle détenait le record du plus vieil hominidé connu et que son squelette était complet à plus de 40% (soit 52 fragments osseux).

    En 1978, Donald Johanson, Tim White et Yves Coppens définirent l’espèce Australopithecus afarensis.

    Lucy (Australopithecus afarensis). Feu : non – Outils : ? (Australopithecus afarensis)

    Âge : les restes sont datés entre –4,1 et –2,9 millions d’années

    Vous avez cherché : Lucy (Hominidés.com)

    Australopithecus afarensis et la bipédie

    L’étude des squelettes d’Australopithecus afarensis (Lucy et Selam) montre que l’espèce pratiquait une bipédie proche de celle d’Homo sapiens mais qu’elle ne rechignait pas à se déplacer dans les arbres (arboricolisme). Les os de l’épaule, des mains et même des pieds montrent en effet une réelle aptitude à la suspension. Mélangeant des caractéristiques presque contradictoires, la morphologie générale, le bassin et le fémur en particulier sont en adéquation avec la pratique de la bipédie.

    Caractéristique principale : une bipédie quasi permanente toutefois plus chaloupée que celle d’Homo sapiens. L’équipe dirigée par David Raichlen (Université de l’Arizona, département d’anthropologie) a développé une nouvelle méthode expérimentale pour retrouver le type de bipédie que les hominidés pratiquaient il y a 3,5 millions d’années. Ils se sont basés sur les traces de Laetoli qui sont attribuées à Australopithecus afarensis... suite dans Hominidés.com

    [4] Australopithecus sediba

    Un autre australopithèque. Les Sediba, une espèce ancienne d'hommes singes, font face à des défis pour survivre et évoluer.

    Australopithecus sediba Squelette entier.jpg

    Australopithecus sediba – Squelette entier

    Deux squelettes partiels ont été découverts en août 2008 dans les dépôts de la grotte de Malapa (à 40 km de Jonannesburg) en Afrique du Sud. [...] Les squelettes de l’espèce Australopithecus sediba présentent un mélange de caractéristiques proches des premiers représentants de la lignée Homo mais également des australopithèques...

    Australopithecus sediba. Feu : non – Outils : ? (Australopithecus sediba)

    Âge : les fossiles sont datés entre 1,95 et 1,78 millions d’années

    Vous avez cherché : Australopithèque (Hominidés.com)

    [5] Naledi

    La morphologie d’Homo naledi laisse les anthropologues dans l’expectative : le bas du corps est proche des Homo Sapiens alors que le haut ressemble à celui des chimpanzés actuels ! Globalement ses pieds montrent une très bonne adaptation à la bipédie mais ses mains aux phalanges courbées le rapproche d’une locomotion plus arboricole adaptée au grimper et à la suspension !

    Homo naledi Reconstitutions de deux faces.jpg

    Tout se passe comme si on avait mélangé des caractéristiques d’Homo sapiens et des australopithèques on veillant à ne pas laisser une espèce prendre le pas sur l’autre.

    Voir une vidéo de Entracte Science. Homo naledi, contemporain de Sapiens mais plus proche de Homo habilis par son anatomie (capacité crânienne notamment)...

    À quoi servirait d’être adapté à la locomotion arboricole s’il n’y a pas d’arbres !?… Pour le spécialiste [Jean-Luc Voisin] la première réponse est une question de survie… en cas de danger, le moindre arbre devient un abri. La deuxième possibilité est que le relief karstique de la région donne une occasion de grimper, escalader et d’aller chercher de l’eau ou de la fraicheur dans les grottes, les ravins, les falaises... Ses possibilités arboricoles ont donc été utilisées par Homo naledi pour grimper, escalader quand le paysage évoluait et que les arbres devenaient de plus en plus rares. Ce qui ne l’empêchait pas de pratiquer une vraie bipédie au sol, quand il descendait des falaises et des grottes.

    Source et suite Hominidés.com

    Homo naledi. Feu : ? – Outils : pas d’outils retrouvés (Homo naledi)

    Âge : avec ces nouvelles techniques de datation (thermoluminescence, uranium, thorium, paléomagnétisme, datation par résonance de spin électronique) il apparaît désormais qu’Homo naledi a dû vivre il y a 236 000 à 335 000 ans.

    Voir Carbone 14

    [6] Homo erectus

    En tant qu’espèce, Homo erectus a connu un grand succès, vivant pendant plus de 1,5 million d’années avant de s’éteindre il y a environ 200 000 ans.

    Homo erectus. Feu : maîtrisé, domestiqué – Outils : fabriqués

    Homme de Tautavel Squelette reconstitué Musée de Tautavel.jpg

     

    Homme de Tautavel Homo erectus

    Pour certains scientifiques, l’homme de Tautavel appartient au groupe des "anté-Néandertaliens", autrement dit des Homo erectus européens, alors que pour d’autres c’est un représentant de l’espèce Homo heidelbergensis (vidéo à [1:28:31]).

    "Homme de Tautavel classé 'erectus' s'est l'ancrer dans le passé (d'où il vient), classé en 'heidelbergensis' c'est l'inscrire vers l'avenir. On parle de la même chose mais on l'exprime différemment" (vidéo à [1:33:42])

    Source vidéo :

    Amélie Vialet : "Les premiers groupes humains dans le piémont pyrénéen" (05 juin 2022)

    Voir aussi L'Homme de Tautavel (PDF)

    Homme de Tautavel. Feu maîtrisé il y a 400 000 ans – Outils fabriqués

    Avec Homo erectus, nous entrons de plain-pied dans "l'humanité"...

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    Voir

    Homo habilis – Homo ergaster (et Homo georgicus)Homo heidelbergensis

    Voir aussi

    Cours du temps (Néandertal)

    Du nouveau chez nos ancêtres

     

     

     

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