• Lisons Alain de Benoist

    Par Christopher Gérard – Causeur [archive] 27 novembre 2022

    Alain de Benoist Capture d'écran vidéo YT chaîne Artesquieu 09-06-2022

    Alain de Benoist / Capture d'écran d'une vidéo YouTube de la chaîne Artesquieu du 09 juin 2022

    Philosophe et politologue, il n’aura cessé de tenter de clarifier la sensibilité « de droite »

    Ses carnets intimes viennent de paraître, suite de fragments d’un des grands penseurs de la droite contemporaine.

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    Non-conformiste de toujours, Alain de Benoist est l’auteur de dizaines de livres érudits sur l’identité européenne, la décroissance, l’écologie, le sacré et ses métamorphoses, les droits de l’homme, le populisme, le Jésus historique, etc.  Il est aussi le propriétaire de la plus importante bibliothèque privée de France, près de deux cents mille volumes. Ce diable d’homme, qui est mutatis mutandis pour toute une génération l’équivalent de Maurras, a tout lu… jusqu’à l’œuvre complète d’Alain de Benoist !

    Alain de Benoist fonda en 1969 le GRECE (Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne), une école de pensée.

    Documentation : Le GRECE et la question ethnique

    sur Fragments sur les Temps Présents ou Persée

    Refondation de la pensée conservatrice

    Depuis la fin des années soixante, avec une régularité d’horloger du Grand Siècle, il travaille inlassablement à une refondation de la pensée conservatrice, ce qui lui a valu d’indignes procès d’intention et a fait de lui l’un des intellectuels français les plus ostracisés.

    Son récent Contre le libéralisme. La société n’est pas un marché (Rocher), livrait le fruit d’intenses réflexions sur le libéralisme comme idéologie, sur son anthropologie (fausse) et sur sa conception (réductrice) de la liberté, vues d’un point de vue conservateur :

    « Le libéralisme n’est pas l’idéologie de la liberté, mais l’idéologie qui met la liberté au service du seul individu. La seule liberté que proclame le libéralisme est la liberté individuelle, conçue comme affranchissement vis-à-vis de tout ce qui excède cet individu. Le principe d’égale liberté se fonde lui sur le primat de l’individu dans la mesure où celui-ci n’est plus considéré comme un être politique et social, mais comme un atome qui n’est par nature intrinsèquement lié à aucun autre. La liberté libérale se pose ainsi de manière abstraite, indépendamment de toute appartenance ou ancrage historique ».

    Avec L’Exil intérieur. Carnets intimes, Alain de Benoist délaisse un instant sa passion pour l’histoire (engagée) des idées. Il livre ici ses carnets intimes depuis un demi-siècle, près de trois cents cinquante pages d’aphorismes, de citations, de réflexions souvent lapidaires, exercice où il excelle. Le ton en est direct, dépourvu de fioritures, intimiste sans jamais abandonner une tenue de bon aloi. Les confidences affleurent, sans une once de sensiblerie ni d’apitoiement : juste le bilan d’un homme qui atteint bientôt sa huitième décennie et qui se retourne sur soixante ans de lectures et de ruminations, fidèle à la devise familiale :

    « Du goût, de l’ordre, de la patience et du temps ».

    Le titre donne le ton : Alain de Benoist n’aime guère l’état présent de notre civilisation ; la modernité lui paraît laide et anxiogène. Étranger à ce monde, en état de relative sécession, mais nullement aigri, encore moins haineux, il fait sienne la phrase d’Edgar Quinet placée en exergue de son livre :

    « Le véritable exil n’est pas d’être arraché à son pays mais d’y vivre et de n’y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer ».

    Comment ne pas partager ce sentiment ?

    Ruse et ambivalence

    L’homme confesse une part de ruse et d’ambivalence, un côté Janus bifrons :

    « J’aime autant Céline que Montherlant ».

    D’où, sans doute, cette volonté tenace de dépasser les antinomies devenues des blocages mentaux. Issu de la droite radicale des années soixante, il n’aura en effet cessé de tenter de clarifier la sensibilité « de droite »… tout en s’empressant de préciser :

    « À l’aube des années décisives, il est triste d’appartenir à un camp dont on sait par avance qu’à l’heure des décisions il fera le mauvais choix ».

    Cette atroce guerre d’Ukraine confirme son intuition…

    Mais, pour le citer encore, l’essentiel est ailleurs :

    « Au-delà des causes que l’on défend, seule compte la qualité des êtres ».

    Chacun trouvera son miel parmi ces pensées à dessein fragmentaires, non-systématiques, qui stimuleront sa réflexion sans toujours emporter son adhésion, peu importe, puisque l’intérêt est de suivre cet esprit qui se libère des dogmes et des réflexes de son milieu d’origine sans pour autant renier qui que ce soit. Comme il le dit très bien :

    « La table rase est l’équivalent progressiste de la terre plate ».

    Et Alain de Benoist, dont un aïeul fut créé baron par Marie-Thérèse d’Autriche en 1778, a gardé de l’ancienne noblesse ce mépris de la facilité et ce goût des devoirs qui distinguent du bourgeois.

    Ce qui frappe à la lecture de ces carnets, c’est la solitude de son auteur, qui, s’il a eu et conserve encore des amis précieux, chemine relativement seul. Citons-le encore :

    « Une idée interdite est une idée qu’on ne peut exprimer qu’à la condition d’avoir du courage. Il en résulte que, lorsqu’une idée est interdite, ce sont les courageux qui en ont le monopole ».

    Périlleuse posture, que les cloportes, innombrables par nature, font payer au plus haut prix.

    Le plus étonnant dans ce recueil, quelques poèmes d’antan, dont je ne résiste pas à citer deux strophes :

    Mais où sont passés nos feux de camp

    Sous quelle braise encore couve la flamme

    En quelles poitrines se sont cachés nos chants ?

    Voici le pays vendu à l’encan

    Et le peuple lui-même a perdu son âme.

    […]

    Où sont donc passés nos feux de camp

    Les chants clairs des héros et le fracas des armes ?

    Les dieux enfuis laissent la place aux titans.

    Combien de temps encore faudra-t-il monter la garde

    Sous l’œil froid du Soleil qui, de loin, nous regarde ?

    Dans une autre vie, celui que ses vieux amis appellent Fabrice aurait-il pu devenir poète, peintre ou cinéaste ? Who knows?

    Si j’avais une autre question à lui poser, ce serait la suivante :

    « Tout votre itinéraire ne prend-il pas sa source dans un rejet esthétique du monde moderne ? »

    Le lecteur de Proust se souviendra à ce propos que

    « les idées sont les succédanés des chagrins ».

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    Alain de Benoist, L’Exil intérieur. Carnets intimes, La Nouvelle Librairie, 345 pages, 24€ Le même éditeur réédite Mémoire vive, passionnant livre d’entretiens avec François Bousquet, naguère publié par le regretté Bernard de Fallois.

     

    La bibliothèque d’Alain de Benoist

    Documentaire de 100 000 livres. Cent mille c’est le nombre de volumes contenus dans la bibliothèque personnelle d’Alain de Benoist qui fête le 11 décembre [2023] ses 80 ans. 

    [https://www.youtube.com/watch?v=-WqVbN4Pd84] 11 décembre 2023

    Une légende dit qu’il possède la plus grande bibliothèque privée d’Europe.

    Une autre légende prétend qu’il a lu tous ces livres et qu’il les a peut-être même écrits. Bibliomane érudit, conservateur et passeur, Alain de Benoist nous accompagne dans ce vaste labyrinthe, repaire de références, repère de sens, dans ses maisons du Chêne et de l’Écluse.

    Une plongée avec cet homme-livre qui explore les idées, trie, ouvre et agrandit. Comme dans sa très grande bibliothèque, l’une, forteresse en dessous du Chêne dont les racines renforcent et la cime élève, l’autre, Écluse au bord de la rivière, qui encadre et libère les flux et les flots.

    "Merci d'avoir téléchargé cette vidéo. Alain de Benoist est certes conscient de ses limites humaines, ce n'est pas un mégalomane. La possession d’une telle bibliothèque vise donc à préserver la mémoire, la tradition et l’identité culturelle des générations futures. Une si belle vidéo pousse tout le monde à lire, et à créer une bibliothèque, à faire don à ceux qui nous succéderont. Être Européen ne signifie pas avoir une certaine forme physique, mais une mémoire historique complexe, parfois contradictoire, stratifiée par des processus cognitifs créés au cours des millénaires. Pour être de bons Européens, je suggère d'éliminer la télévision. Salutations d'Italie, pays dans lequel, après la France, Alain de Benoist est le plus lu, même de la part de ceux comme l’écrivain appartenant au domaine de la tradition catholique. Le "paganisme" d'A.d.B n’est pas un anticléricalisme vulgaire." (internaute Romano.)

     

    Émission de Michel Pollack de 1988 sur M6 "Libre échange" avec Alain de Benoist, Jean-Luc Domenach, Pierre-André Taguieff sur le thème "La race des seigneurs".

    Voir la vidéo dans Éric Zemmour 2020-2021

     

    Alain de Benoist contre le libéralisme (et ce qu'il a fait de nous) – Causeur

    Vu dans GJ 2019 : La France qui ne veut pas disparaître

     

    Alain de Benoist et "l'islamophobie"

    Lire des citations dans Définitions politiques

     

    Alain de Benoist : "Trente ans après la chute du mur de Berlin, l’Europe est toujours coupée en deux…"Boulevard Voltaire 11/11/2019 [archive]

    Vu dans Mur de Berlin (1961-1989)

     

    Alain de Benoist "À terme une Europe politiquement unifiée est parfaitement possible et surtout nécessaire" – Boulevard Voltaire 04/08/2020 (PDF)

    Vu dans 2020 en PDF

     

    Alain de Benoist : intellectuel populiste et vrai aristocrate

    Livre Noir

    [https://www.youtube.com/watch?v=cKFyAKVWe2o] YouTube 04/12/2022

     

    Une proposition de l'internaute S. de liste d'ouvrages à lire

    La mentalité primitive de Levy Brühl

    La Cité antique de Fustel de Coulanges

    Jésus de Charles Guignebert

    La gifle du kilomètre 40 d'Achille Campanile

    Les origines de la France contemporaine d'Hippolyte Taine

    Souvenirs d'Alexis de Tocqueville

    Souvenirs d' un voyage dans la Tartarie et le Tibet du R. P. Huc

    Le cauchemar d'Innsmouth de Lovecraft

    L'Affaire sans Dreyfus de Marcel Thomas

    L'Ile au trésor de Stevenson

    La Trésor de la Sierra Madre et le Bateau des morts de Traven

    Le merveilleux voyage de Nils Holgersson de Selma Lagerlof

    Le dernier Viking de Johann Bojer

    La Réalité dépasse la Fiction

    Babi Yar d'Anatoli Kouznetsov

    La cerise, La métamorphose des cloportes, Bleubite, L'Hôpital, d'Alphonse Boudard

    Nicomède de Corneille

    Bajazet de Jean Racine

    La Condition inhumaine de Jules Margoline

    Écrits sur la Chine de Simon Leys

    L'Ile des Pingouins d'Anatole France

     

    ... et complément de l'internaute A. "avec les toujours merveilleux"

    Petit prince

    Le Tour du Monde en 80 jours

    Voyage au Centre de la Terre

    Jonathan Livingston le goéland...

     

    Liste établie par Léon Tolstoï

    des 25 œuvres mondiales majeures à lire en fonction de votre âge (Russia Beyond FR)

    Voir Auteurs russes : brefs résumés d'œuvres