• À propos d'extraterrestres etc.

    À propos d'extraterrestres, d'espaces infinis, et de l'espèce humaine, un peu de poésie (Giacomo Leopardi, "Le Genêt", 1836, extrait, trad. Michel Orcel)

    Souvent, parmi ces rives
    Désolées qu'assombrit
    Le flot de pierre - et l'on dirait qu'il ondoie -
    Je m'arrête la nuit ; et sur la triste lande,
    Dans le très pur azur,
    Je vois flamber tout là-haut les étoiles,
    Auxquelles au loin la mer
    Est un miroir, et d'étincelles autour
    Dans le firmament vide briller le monde.
    Et quand je pointe mes yeux sur ces lumières,
    Qui leur semblent un point,
    Et sont immenses, ainsi
    Que terre et mer en face d'elles sont un point
    Dans la réalité ; pour qui
    Non l'homme seul mais encore
    Ce globe où l'homme est néant
    Sont du tout méconnus ; et quand je mire
    Ces sans fin toujours plus éloignés
    Noeuds ou presque d'étoiles
    Qui nous paraissent une brume, à qui non seuls
    L'homme et la terre mais ensemble,
    Infinis de grandeur et de nombre,
    Nos étoiles et le soleil doré
    Sont inconnus ou semblent comme eux-mêmes
    A la terre : un point
    De lumière brumeuse, alors
    À ma pensée qu'apparais-tu, ô semence
    De l'homme ?

    Sovente in queste rive,
    Che, desolate, a bruno
    Veste il flutto indurato, e par che ondeggi,
    Seggo la notte; e sulla mesta landa
    In purissimo azzurro
    Veggo dall’alto fiammeggiar le stelle,
    Cui di lontan fa specchio
    Il mare, e tutto di scintille in giro
    Per lo vòto Seren brillar il mondo.
    E poi che gli occhi a quelle luci appunto,
    Ch’a lor sembrano un punto,
    E sono immense, in guisa
    Che un punto a petto a lor son terra e mare
    Veracemente; a cui
    L’uomo non pur, ma questo
    Globo ove l’uomo è nulla,
    Sconosciuto è del tutto; e quando miro
    Quegli ancor più senz’alcun fin remoti
    Nodi quasi di stelle,
    Ch’a noi paion qual nebbia, a cui non l’uomo
    E non la terra sol, ma tutte in uno,
    Del numero infinite e della mole,
    Con l’aureo sole insiem, le nostre stelle
    O sono ignote, o così paion come
    Essi alla terra, un punto
    Di luce nebulosa; al pensier mio
    Che sembri allora, o prole
    Dell’uomo?

     

    Giacomo Leopardi, l'un des plus grands poètes italiens du XIXe siècle : né le 29 juin 1798 à Recanati et mort le 14 juin 1837 à Naples, cet écrivain, poète et philosophe italien, est souvent considéré comme le deuxième plus célèbre et influent écrivain italien après Dante Alighieri.