• Il a déposé le bilan jeudi…

    ... et les rideaux baissent mercredi. Puis liquidation de tout, sauf si quelqu’un reprend… Mais qui est assez fou ???

    Bertrand SCHOLLER 15 mai 2023

    Aujourd’hui j’ai eu un choc.

    Dans un village proche d’une maison de campagne où je suis parfois, il y a un café fort sympathique, très animé surtout les jours de marché, mais aussi dès qu’il y a du soleil.

    Le patron a décidé subitement de fermer jeudi dernier [11/05/2023]. Les portes seront closes ce mercredi [17/05/2023]

    Pourquoi ?

    Il en avait marre.

    Il paye sans cesse des taxes, des charges, des réparations, des mises aux normes, etc. pour essayer d´animer la place centrale de ce petit village de campagne, qui en a bien besoin 365 jours par an, même l´hiver quand les Parisiens sont absents (…) et que les journées sont si courtes.

    6 jours sur 7 (parfois plus …) il se réveille à 5h45 pour faire siffler le percolateur pour quelques euros de cafés comptoir (à 1€, galette comprise) pour les ouvriers qui embauchent avant 8h Ça ne rapporte rien, mais ils en ont besoin… ils comptent sur lui pareil le soir avec un pastis à 1,5€ et des pressions à 2€, il ferme souvent tard, quand le village est désert, depuis longtemps, car il n´aime pas mettre les derniers clients dehors. Les dernières heures de la journées lui rapportent rarement plus de 10€ l´heure en chiffre d´affaires… et il continuait malgré tout jusqu´à tard la passion du métier.

    Mais ce village, au lieu de le remercier, finance depuis quelques mois de nombreuses associations pour qu´elles puissent ouvrir, sans frais ni contraintes, ici une buvette dans une belle bâtisse rénovée par la ville, là un kiosque à sandwichs et sodas pour une halte sur le chemin des cyclistes (nombreux ici en été) et en bordure d’un terrain de pétanque, sous de vieux platanes, pourtant si proche de la terrasse du café du village, mais également, un peu plus loin, la maison d’écluse transformée en librairie, mais qui s’est autorisée également une activité de bar sans alcools (le Perrier y est moins cher… mais ce n’est pas une bouteille en verre de 33cl, c´est de l´eau pétillante versée au verre… à 2€50 au lieu de 2€80 au bar du village !)

    Bref…

    un bar/café pouvait survivre car l´été il engrangeait pour l´hiver ; mais avec des concurrents qui ne travaillent que les WE et l´été… que faire ? Il lui mangent son espoir de limiter les pertes, après des années difficiles surtout que les concurrents n´ont ni loyers ni prêts à rembourser, ni charges sociales, les lieux sont prêtés par la ville, avec la possibilité de faire travailler des bénévoles et d´obtenir des aides ou subventions, pour faire de la pub et acheter des percolateurs ou des frigidaires neufs !

    Bref lui paye…

    il n´a pas de subventions, il est harcelé par la banque pour ses crédits, rémunère une fortune les extras et doit souvent doubler ses heures, quand sa seule serveuse est absente.

    Alors…

    Chaque matin, plus que la veille, il se disait j´arrête après la saison et je vais vendre je n´ai plus la force ni l´envie il n´a pas tenu… il a arrêté sans même essayer de vendre il a craqué et il est heureux il est soulagé il va pouvoir penser à lui…

    Il voudrait quitter ce pays qui use et harcèle ceux qui travaillent pour rien, mais qui sont si essentiels au lien social, surtout tôt le matin et en hiver, pour favoriser des concurrences déloyales pourtant, il n´en veut à personne.

    Il tourne la page.

    Bienvenue en France, lui va partir… il vend tout… et "se casse loin" sans regarder derrière.

    Ça pourrait arriver pas loin de chez vous bientôt ?