• brc Quelle stratégie pour l'expert-comptable ?

    ComptaTech : All-in-One vs Best of Breed (compta online 15/04/2024) [archive]

    Deux modèles

    Gestion des flux (temps de travail)

    Un choix à faire pour l'expert-comptable

     

    Depuis quelques années, l'intelligence artificielle et la facturation électronique occupent une place centrale dans les discussions sur l'évolution des cabinets comptables. Ces deux éléments remettent en question certaines tâches dites traditionnelles des cabinets (collecte des pièces, saisie comptable...). Les experts-comptables n'ont d'autres choix que de diversifier leurs missions et ainsi proposer des outils de conseil et de gestion à leurs clients. Ils sont même devenus les premiers distributeurs d'outils de gestion sur le marché des TPE / PME. Et pourtant, ce n'est pas là que se joue le "GRAAL" : l'enjeu principal des dernières évolutions capitalistiques de la ComptaTech, ce sont les flux bancaires.

    Le Graal, c'est le flux !

    Le marché du réglementaire fiscal restera national (préempté par la DGFiP à terme). Les investissements pour automatiser les 50 000 zones de calcul des liasses françaises sont immenses pour un éditeur, et ne répondent qu'aux attentes de la profession comptable.

    Bref pas suffisamment sexy pour créer une nouvelle licorne, tout juste assez pour le dragon Drakarys.

    Le point commun de toutes les solutions du marché, c'est qu'elles proposeront des services bancaires !

    Pourtant les banques ne proposent jamais de déclaratif dans leurs offres de pré-compta, pas question pour elles d'empiéter sur le terrain de jeu du Conseil national de l'Ordre des experts-comptables.

    L'objet de toutes les convoitises, ce sont les flux d'encaissements, de paiements ou de financements de la facture fournisseurs et clients. C'est principalement sur ce levier que les levées de la ComptaTech se justifient et de fait, que la communication vers les entreprises s'oriente.

    Les principaux bénéficiaires de l'intégration de ces services bancaires : Swan, Defacto, Adyen, Cegid Click and Finance ou Qonto qui concurrencent les banques traditionnelles avec des outils embarqués dans les logiciels de compta, destinés aux entreprises.

    Ces nouveaux outils permettent aux éditeurs de la ComptaTech de proposer des services bancaires à leurs clients, souvent équipés par leur cabinet comptable.

    Les bénéfices pour les clients semblent assez évidents : facilité de rapprochement des dépenses réalisées, grâce aux outils de paiement proposés par l'éditeur ; facilité de financement des factures traitées par l'outil.

    L'intérêt pour l'éditeur : se rémunérer sur les flux, la trésorerie et les financements réalisés ; proposer un service "tout en un" compétitif.

    Drakarys était l'alternative de souveraineté technologique proposée par l'Ordre. Aujourd'hui il semble "ramer" pour s'étendre sur les trois volets technologiques composant la ComptaTech : réglementaire fiscale fournit traditionnellement par l'expert-comptable ; pilotage d'entreprise (Outils de gestion dédiés aux TPE / PME) ; services bancaires avec les banques traditionnelles ou les néobanques.

    C'est là que le marché se polarise

    Deux types d'Éditeurs proposent ces services avec deux VISIONS très différentes.

    Ce que IPaidThat [auteur de cet article] appelle les "All in One" qui intègrent les trois volets technologiques en une seule solution : Pennylane / Tiime et demain CEGID avec Connect. Un modèle qui repose de plus en plus sur l'accession aux flux bancaires, via leurs réseaux d'experts-comptables.

    &

    Les Best of Breed (traduire "Le meilleur de chaque catégorie") : éditeurs spécialisés qui s'associent entre eux pour proposer une expérience client complète. Exemples : Qonto +Regate +Sage ou iPaidThat +Banque Populaire ou Caisse d'Épargne +ACD /MyUnisoft /Inqom ou autres outils de production ouvrant ses API. À inclure aussi Dext / Yooz / RCA ou encore Agiris Teogest et fulll par exemple dans cette catégorie de spécialistes, sans oublier CEGID Expert et Quadra qui restent des références dans le monde de la production.

    Alors, quel avenir pour l'expert-comptable ?

    Deux possibilités :

    1. S'engager avec un All-in-One : Pour "rester au centre des flux". Le cabinet distribue alors des comptes bancaires, inclus dans le collaboratif, tout ça intégré dans son outil de production.

    Les avantages : la mise en œuvre rapide d'un "full services" car déployé avec un seul et même fournisseur. Le prix de l'outil de production peut être très bas pour le cabinet, voire presque offert si l'expert s'engage à déployer le collaboratif et la banque.

    Les inconvénients : Bien que le cabinet devienne la pierre angulaire du système, il se crée une forte dépendance technique et économique à l'éditeur All-in-One retenu. Le cabinet devient également concurrent de son partenaire historique, la banque traditionnelle. Une offre unique à imposer à ses clients quelles que soient ses spécificités métier.

    Attention : les banques traditionnelles continuent de financer les entreprises ; une forte dépendance à l'éditeur rendra la négociation difficile le jour où les prix remonteront ; le développement des fonctionnalités réglementaires risque de devenir secondaire pour l'éditeur, une fois le marché des entreprises suffisamment pénétré.

    2. Sélectionner un écosystème interopérable diversifié = Les Best of Breed. Cela implique de composer son offre d'outils spécialistes répondant à différents besoins : production réglementaire, banque, pilotage d'entreprises. Les outils devront s'adapter aux clients et être interopérables entre eux, permettant ainsi au cabinet de rester au centre des flux.

    Les avantages : pour l'expert-comptable : garder le contrôle sur la suite d'outils proposés à son client, avec une production comptable indépendante ; s'adapter aux besoins de chaque client avec des partenaires spécialistes dans leurs domaines ; soutenir son éditeur de production comptable Best of Breed et rester sa priorité ; gardera des relations de proximité avec ses partenaires bancaires historiques.

    Les inconvénients : il est indispensable pour les cabinets d'être formés et/ou de recruter des profils avec de fortes appétences informatiques.

    Les API des éditeurs doivent être plus ouvertes et accessibles pour garantir une meilleure expérience client.

    Pour conclure

    Ainsi, deux visions du rôle de l'expert-comptable s'offrent aux cabinets.

    Par son modèle clé en main et ses prix bas, le All-in-One affiche une proposition séduisante pour le cabinet et le client. Ses faiblesses se situent dans la qualité de la production, souvent restée en surface et vite sortie des roadmaps et un service bancaire limité aux flux ne pouvant financer les investissements. Par ailleurs ce modèle comporte un risque fort de dépendance pour le cabinet et de financement pour son client qui mettra ses flux bancaires hors du circuit traditionnel.

    Le Best Of Breed "brille" par ses promesses d'excellence et d'agilité mais nécessite un besoin plus important de compétences au sein du cabinet, pour garantir cette indépendance technologique. Aussi, la clé d'une réussite de ce modèle tient-elle à la qualité et l'ouverture des API des éditeurs et des banques qui la composent. Les banques traditionnelles doivent maintenant rattraper le retard pris sur la mise à disposition de leurs services sous API et dépasser les normes DSP2 & 3, au risque de voir leurs encours s'évaporer au profit de nouveaux acteurs.

    Ce modèle est pour nous [IPaidThat auteur de cet article] le seul qui garantit agilité et indépendance des parties ; c'est aussi celui par lequel la concurrence reste la plus ouverte et d'où qu'elle vienne la concurrence pousse à l'innovation...

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