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Schtroumpfissime et QRN sur Bretzelburg
2 classiques de la science politique à introduire dans votre bibliothèque : Le Schtroumpfissime (Peyo) et QRN sur Bretzelburg (Franquin)
Par Charles Gave le 10 janvier 2022
Bien des lecteurs, en particulier parmi les plus jeunes, me demandent ce qu’il faut avoir lu pour mieux comprendre le monde tel qu’il est. À cet effet, quelque part sur notre site, j’ai fait il y a bien longtemps déjà une liste des ouvrages qu’un “honnête homme” de notre époque devrait avoir lu et j’aimerais bien rajouter que cela s’applique aussi aux « honnêtes femmes », mais curieusement la signification d’honnête homme et de femme honnête n’est pas la même, et donc il va me falloir passer un de ces jours à l’écriture inclusive… Mais je tiens à dire ici que je n’ai rien contre le fait que les femmes honnêtes - ou pas d’ailleurs - me lisent aussi.
Citons quelques-uns de ces ouvrages : l’Histoire d’Arnold Toynbee, la Liberté de choisir de Milton Friedman, la Route de la Servitude d’Hayek, le Pouvoir de Bertrand de Jouvenel, les Harmonies économiques de Bastiat, J’ai vu Satan tomber comme l’éclair de René Girard, La Tentation Totalitaire de Revel, la Société Ouverte et ses Ennemis de Karl Popper.
Et je tiens à signaler ici que nous avons mis une série de « capsules » sur notre chaine YouTube ou Emmanuelle et moi parlons de certains de ces auteurs et leurs ouvrages, ce qui permettra aux paresseux de gagner du temps.
À ces classiques, et compte-tenu des temps moroses et inquiétants que nous traversons, je voudrais rajouter deux œuvres immortelles qui, à mon avis, méritent de figurer dans ce panthéon de la Science Politique.
Le Schtroumpfissime de Peyo
QRN sur Bretzelburg de Franquin.
Commençons par le Schtroumpfissime de Peyo, l’inventeur des Schtroumfs.
Les Schtroumpfs constituent ce petit peuple de lutins bleus à culotte et chapeaux blancs, découverts par Peyo. Leur petite République est dirigée par le Grand Schtroumpf et à l’intérieur on trouve le Schtroumf grognon, le distrait, le bricoleur, le costaud, le gourmand, le farceur, celui qui sait tout, le malin etc.
Manquant de Salsepareille, le grand Schtroumpf doit partir en voyage pour en chercher.
Au bout de quelques temps, le chef ne revenant pas , le Schtroumpf malin fait passer le message qu’ils ne peuvent rester sans chef et qu’il faut organiser des élections, auxquelles, bien sûr, il se présente, ayant découvert qu’il suffit de promettre un gâteau par jour au gourmand, un outil par jour au bricoleur, un compliment par jour au fat etc. et tout le monde votera pour lui, ce qui se produit.
Une fois élu, il se proclame « schtroumpfissime », se fait faire une culotte dorée et un chapeau de la même couleur, nomme le schtroumpf costaud (qui voulait lui casser la figure), chef de la police en le décorant de l’ordre du Schtroumpfissime Éminent.
Ce dernier fait régner la terreur, la révolte gronde, la résistance s’organise et les combats marquant le début de la guerre civile entre Schtroumpfs peuvent commencer…
Et c’est à ce moment-là, juste à temps, que revient le grand Schtroumpf qui les engueule pour s’être conduit comme des humains, et tout rentre dans l’ordre.
Et le schtroumpfissime me fait irrésistiblement penser à la série de Présidents que nous avons eu depuis Pompidou, qui tous ont utilisé la plus basse démagogie pour se faire élire tant les manœuvres utilisées par tous les candidats depuis 1981 me rappellent les astuces de balayeur du Schtroumpfissime pour enfumer et diviser ses petits camarades.
Que l’on songe à l’impôt sur la fortune de Mitterrand, à la diabolisation de Giscard par Chirac, à l’utilisation du Karcher par Sarko, à "la finance est mon ennemi" de Hollande et enfin au désir du Président actuel [le macron] d’emmerder ceux qui ne sont pas vaccinés, le but a toujours été le même : créer une classe de pestiférés ou de boucs émissaires à mettre en dehors de la communauté nationale et contre lesquels tout le monde s’unira avec enthousiasme et, de ce fait rester, au pouvoir.
Si donc, si vous êtes dans un dîner en ville, vous pouvez parler de René Girard (la théorie du bouc émissaire et du désir mimétique) et même de Schumpeter (la théorie de la démocratie amenant automatiquement les plus incompétents au pouvoir), mais si vous voulez simplement comprendre comment les psychopathes qui nous gouvernent manipulent les foules, alors lisez Peyo et en plus vous rirez bien, ce qui m’est rarement arrivé en lisant René Girard ou Schumpeter.
Venons-en au deuxième classique, QRM sur Bretzelburg, de Franquin.
Je dois avouer que j’ai toujours adoré Franquin, qui dessinait les chats comme personne.
Dans la série des œuvres qui dérangent "l’œuvre au noir de Franquin" vaut la peine d’être lue tant elle est étrange et fait parfois penser aux cauchemars de Goya (le sommeil de la raison engendre des monstres). Il me semble qu’il l’a produite alors même qu’il était en pleine dépression nerveuse, mais je dois dire que j’en ai deux exemplaires à la maison et que je le relis souvent.
Immortel créateur du Marsupilami (voir le nid des marsupilamis, pour savoir ce qu’être père veut dire) et de Gaston, le héros sans emploi (pour comprendre la nécessité d’avoir dans chaque bureau quelqu’un qui ne sert vraiment à rien), Franquin a donné à la science politique la meilleure description de ce qu’il est convenu aujourd’hui d’appeler l’État profond dans son dernier ouvrage “QRM sur Bretzelburg” paru peu avant sa mort.
L’histoire se passe dans un petit pays du centre de l’Europe (?) qui ressemble beaucoup à la Bavière.
Ce pays est gouverné officiellement par un gentil roi mais dans la réalité par un méchant soldat (qui ressemble beaucoup à Bismarck) et les relations avec le pays voisin sont exécrables, le pays d’à côté étant gouverné lui par une gentille petite reine, mais hélas, ce pays était aussi sous la coupe d’un très méchant militaire.
Les tensions très vives entre les deux pays amènent à une explosion des dépenses militaires , cette dérive menant à des hausses des impôts gigantesques et à une baisse du niveau de vie considérable dans les deux pays.
Le petit roi essaie de prévenir le reste du monde du désastre qui s’annonce en se servant d’une radio (QRM) qu’il cache sous la table de sa bibliothèque et tombe par hasard sur Fantasio qui décide d’aller voir avec Spirou ce qui se passe entre ces deux pays.
Arrivés sur place, nos héros sont suivis par des individus patibulaires sanglés dans des grands imperméables, heureusement complètement incompétents mais à la suite de multiples rebondissements, Spirou et Fantasio se rendent compte que les deux dictateurs militaires qui imposent leurs volontés aux deux souverains sont en fait une seule et même personne qui changent de déguisement en passant par les sous-sols entre les deux pays et que c’est cette personne à elle toute seule qui ruine les deux pays en les forçant à des dépenses militaires absurdes.
Mais on comprend très bien ce que Franquin voulait faire passer comme message : si ceux qui prennent le pouvoir avec l’intention de le garder ont intérêt à ce qu’une situation perdure, eh bien, elle perdurera.
Et c’est la première description que j’ai rencontrée dans mes lectures de ce qu’il est convenu d’appeler "l’État profond", si bien illustré aux USA par exemple par Dick Cheney ou madame Clinton, ou en France par notre Président actuel .
Il est en effet tout à fait évident que les intérêts des états profonds de chaque pays se rejoignent toujours et que, dans le fond, le parti communiste Chinois et la CIA sont tous les deux d’accord sur à peu près tout, sauf sur un retour à la Liberté de l’information dans leurs pays respectifs.
L’État profond ne peut survivre que dans le secret le plus absolu
Et c’est l’existence même de cet État profond qui permet à la grande corruption de prospérer en se servant des trois sources de capitaux à peu près illimités que chacun des États profonds contrôle dans sa sphère d’influence, directement ou indirectement.
La défense
Depuis 9/11, et l’explosion des budgets militaires dans le monde et aux USA, cette source de financement est devenue la plus importante. Mais pour que cela perdure demain, il faut avoir un ennemi aujourd’hui, d’où la nécessité de trouver des ennemis à l’Otan et donc de diaboliser la Russie et la Chine et demain l’Europe (qui sait ?).
Les dépenses médicales
Fruits de la croissance des budgets sociaux un peu partout, ces dépenses sont elles aussi en pleine explosion, en grande partie en raison du Covid qui est arrivé bien à point, au moment où les dépenses militaires un peu partout avaient une fâcheuse tendance à ralentir. Gageons que cette explosion est bien partie pour continuer tant les intérêts politiques semblent le justifier. Quand l’on voit le rôle des grandes sociétés pharmaceutiques dans le financement de certains hommes ou femmes politiques aux USA ou en France, on ne peut qu’être satisfait de savoir à quel point notre santé intéresse tous ces braves gens.
Les drogues
La plupart du temps, on parlera de drogues illégales sur les ventes desquelles les états profonds touchent leur dû, ce qui permet de financer hors budget bien des opérations irrégulières, mais aux USA, la permission de vendre librement des opioïdes de synthèse à la population pour finir de les abrutir a fait la fortune de plusieurs firmes "pharmaceutique". Vendre des drogues extrêmement dangereuses de façon légale semble donc être un nouvel axe de croissance pour certaines sociétés dont il m’étonnerait qu’il ne soit pas développé avec vigueur dans le futur. Déjà, et en grande partie à cause de ces opioïdes, l’espérance de vie chez les hommes est en chute libre aux USA. Il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin.
Et donc Franquin m’a informé très tôt dans ma carrière des dangers de l’État profond qui ne peut survivre que nimbé d’un épais voile de mystère.
Et c’est bien pour cela que les États profonds, où qu’ils soient, ont toujours comme premier objectif de prendre le contrôle de la Presse, et il ne peut en être autrement.
Ayant pris le contrôle de la Presse, l’étape suivante a toujours été ensuite de prendre le contrôle des élus dans les démocraties représentatives, ce qui n’est guère difficile quand vous contrôlez la presse, tant ces braves élus ont besoin d’apparaître sur les écrans pour avoir l’impression d’exister.
Conclusion : trois tendances "LOURDES" façonnent notre futur politique
1. Une démocratie faussée à la base par l’émergence d’une classe de politiciens professionnels qui n’ont comme but que de défendre les intérêts de cette classe et non plus du tout ceux de leurs électeurs.
2. Des procédures étatiques devenues tellement compliquées que cela permet la plus grande corruption, au profit de sociétés du secteur soi-disant privé qui travaillent dans la défense ou la santé.
3. La capture par les actionnaires (des sociétés du secteur soi-disant privé) du secteur des media, ce qui permet de repérer immédiatement ceux qui auraient vocation à se rebeller pour mieux les faire disparaître.
La conjonction des points 1, 2 et 3, amène inéluctablement à la disparition de la démocratie représentative, remplacée par une ploutocratie technocratique vaguement fascisante et n’ayant aucun respect pour ceux qui voudraient continuer à exercer leurs droits de citoyens.
Et ce système est à la fois irréformable et de plus en plus illégitime.
Et pourtant la solution est simple : il faut faire disparaître la démocratie représentative qui, à l’époque du bitcoin n’a plus lieu d’exister et la remplacer par la démocratie directe
Le prochain Schtroumpfissime, dès qu’il sera élu, devra donc poser comme principe que le Schtroumpfissime élu après lui n’aura plus beaucoup de pouvoir, puisque lui, le prochain élu, en aura transféré la quasi-totalité de ceux qu’il avait reçu au Souverain véritable, le Peuple, par l’intermédiaire du référendum d’initiative populaire, ce qui permettra de régler le problème de la corruption puisqu’il est difficile de corrompre la majorité avec de l’argent qui lui appartient déjà.
J’ose espérer que l’élection du Schtroumpfissime en avril-mai 2022 sera la dernière, puisque le retour du grand Schtroumpf (le peuple) aura eu lieu et que l’élection de 2027 se passera donc dans une indifférence générale et totale, ce qui serait un immense progrès intellectuel et civilisationnel.
Institut Des Libertés - L'Échelle de Jacob
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