• 2015 Le sexe des Anges

     

    Cette étrange platitude montée de phrases creuses

    J'ai été déçue, lors des départementales des 22-29 mars 2015, à la lecture des tracts des différents candidats, de droite comme de gauche.
    Pas de "programme" bien structuré mais des expressions généralistes d'une affligeante banalité (emploi, justice sociale, justice fiscale, équité, services publics, famille, économie et les autres...) noyés dans des paragraphes barbants à lire.

      Cela m'a donné l'impression d'un "listing" des mots les plus entendus et plus lus, collés à la suite pour faire des "phrases", vous savez, comme ces moteurs de recherche qui décryptent les termes les plus utilisés dans les échanges des réseaux sociaux afin d'espionner les tendances du moment...
    Un peu aussi comme cette nouvelle voyance qui prétend trouver des prédictions avec ce type d'activité.

     

    Il y a quelque chose qui cloche

      Dans les écoles de commerce ou d'assistanat ("secrétariat" n'est pas politiquement correct) on apprend aux élèves à gérer les priorités : il faut savoir démêler l'urgent de l'important du pas important. Où est l'exemple des élus dans leurs campagnes qui ne clament que ce que les gens veulent entendre ? Tant pis pour les électeurs si les promesses ne sont pas tenues. Tant mieux pour les élus, qui ont gagné des sièges, qui vont pouvoir profiter de privilèges indécents.
         

     

    Alors, vous pensez bien, les jeunes, avec cet exemple, ils n'ont plus tellement envie de trier l'urgent du pas urgent, car dire ce que les autres veulent entendre est bien moins fatigant et plus lucratif, même si cela "risque" de ne pas durer... Bah, un aléa comme un autre, quelle entreprise ne prend pas de "risques" pour accroître ses revenus ? C'est un passage obligé.

    « Le plus grand des risques est de ne pas prendre de risque du tout... Dans un monde qui évolue très rapidement, la seule stratégie qui est sûre d'échouer est de ne pas prendre de risques. »

    Mark Zuckerberg – Président et directeur général de Facebook
    (in 7 citations inspirantes d’entrepreneurs de la Silicon Valley)

     

    Le principe est simple : se nourrir de ses propres arguments, ceux-là mêmes que l'on sait qu'ils retiendront l'attention, les remettre indéfiniment dans le circuit, les faire fructifier, en quelque sorte, pour que, tels des boules de neige, ils grossissent et deviennent des bonshommes de neige, charmants mais froids, s'évanouissant à la première chaleur, ou soient envoyés à la figure des opposants...

    Ce qu'il y a d'intéressant dans ces joutes, c'est que personne n'est responsable, chacun renvoie la faute à la poule qui a pondu l’œuf. Mais d'où vient la poule ?

     

    Mal (in)formation

    Faire monter la haine et autres émotions négatives, enfler les scénarios-catastrophes (terrorisme, islamisme, fin du monde...), nouvelles pessimistes, peu de bonnes nouvelles (un peu, quand même, pour être plus crédible)... Titres de journaux choquants, faire croire (toujours, ces "croyances") que ce sont des choses de la plus haute importance, quitte à les gonfler, à en rajouter. Diviser pour mieux régner, dit-on, mais êtes-vous sincèrement sûr que l'attentat de Charlie-Hebdo ait été "islamiste" ? Que les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis aient été l’œuvre de terroristes ? Au fond, on ne sait pas où se situe la vérité, et on ne le saura jamais.

     

    Le spectre du terrorisme, de "l'autre" pas comme nous, forcément "méchant", est L'argument de choix pour faire monter la pression. À présent, qui dit, sous nos latitudes, "attentat" dit "islamiste", c'est forcément lui, le "barbare".

     

    En rang ! sinon pan-pan

    ... avec des exemples "médicaux"

     

    Ordonner les gens à faire ou être "ceci" ou "cela"... Au pas pour la santé, pour les enfants, dans le travail... Menacer : gare à celui qui ne fait pas ou n'est pas ce qui est "attendu" de lui.

     

    Bourrage de crâne avec du vent "pipeautant"

    Noyer le poisson avec des problèmes mineurs, amuser bé-bêtement les gens - ces grosses blagues baveuses sur le net -, encombrer les esprits avec des futilités - cette mode des "sur..." : suréquipé, surclassé, survitaminé... -, font aussi partie de l'arsenal qui fait croire qu'on est des sur-doués, des sur-hommes... L'orgueil ainsi titillé, gonflé, fait perdre tout sens commun, puisqu'on n'est pas commun !

    Voir Sémantique, éthique et piques (2016)

    Au risque de me faire huer, qu'ai-je à vouloir le "mariage pour tous", qu'on nous martèle à longueur de discours ? Ce n'est certainement pas cette proposition, même insistante, qui me fera pencher en faveur des politiques qui en font une de leurs "priorités". Ça changera quoi, à ma vie, si cette loi passe ? Ça changera quoi à la vie de milliers de jeunes qui ont du mal à trouver une formation, de personnes isolées qui aimeraient un peu plus d'aide, de personnes âgées qui voudraient vivre dignement... ? Ce point, excusez-moi, n'est pas des plus prioritaires. L'éducation, le logement, les ressources, les impôts, la sécurité... c'est ÇA la priorité, qui concerne TOUT le monde. Encore faut-il définir un programme sérieux et pertinent.

    Dans un autre genre, mais assez proche dans son fonctionnement : l'attaque par pilonnage *, je pense à l'avènement de Sarkozy.
    Ce qui m'a profondément agacée, ce sont, au cours de son mandat, les rafales de grosses blagues sur le président et Bruni, tout le monde rigolait ah, ah, ah !!! Pendant ce temps, devinez quoi ? Le travail de sape du gouvernement se faisait en douce, irrémédiablement. C'était calculé, évidemment, sinon pourquoi avoir laissé durer aussi longtemps ces stupides "blagues" ?

    * Pilonnage : attaque offensive, bombardement intensif.

    Quid de Hollande - ou plutôt de Trierweiler qui a attendu le mandat de son compagnon pour balancer un livre étalant leur vie privée ? Quelle éducation ! Et on se plaint des jeunes de banlieue qui sont "mal élevés" ! Moi, j'en ai rien à foutre des histoires de cul du président ou de la "malheureuse" femme bafouée, etc. À la différence de l'autre ci-dessus, Sarkozy, cette "affaire Hollande-Trierweiler", vit aux dépens du président.

     

    Après le pilon, le mélangeur

    Je reviens, si vous le voulez bien, à l'avènement de Sarkozy, juste après Chirac, qui représente, à mon sens, le dernier président digne de ce nom - en dehors de sa politique, je parle ici de l'homme. Quelqu'un qui n'étalait pas ou peu sa vie privée, qui avait une certaine classe même si l'on dit qu'il était plutôt "de terrain" et moins "littéraire" que Mitterrand par exemple. Quelqu'un qui, comme tous ses prédécesseurs, montrait qu'il était un chef d'État... Rien de ceci en ce qui concerne Sarkozy. La première chose qui m'a dérangée c'est la vue d'une photo de lui en maillot de bain dans l'eau d'une piscine privée alors qu'il venait juste d'être élu.

    Le rôle de ces éminences est d'assurer... leur rôle de responsables, de personnes exemplaires. Rôle difficile, certes, mais il faut savoir ce qu'on veut. Et puis sont-ils plus à plaindre que les sans emploi qui galèrent pour manger ? Chacun à sa place dans la société et tout irait peut-être un peu mieux. Certains vont penser que je suis une vieille ringarde, mais il me semble que, au nom de cette soi-disant "modernité", il faudrait laisser ces valeurs où elles sont, et "moderniser" ailleurs. À ce rythme, confondant sans retenue les chefs d'État avec des stars de cinéma, plus aucune crédibilité, ni confiance, ne peuvent s'instaurer. Quand on sait que les acteurs et les comédiens, les chanteurs, font des spectacles - c'est pour cela qu'ils sont payés - souvent bien loin de la réalité quotidienne, pour le rêve...

     

    Maintenant, on monte la sauce

    ... avec un exemple.

    Il y a quelques semaines (Change.org 10/02/2015), un enfant de 8 ans s'est retrouvé au commissariat pour "apologie d'actes de terrorisme" parce qu'il a dit en classe qu'il n'était pas Charlie et qu'il était "du côté des terroristes". Cet enfant relate des violences physiques et morales qu'il a subi de la part du corps enseignant de son école. Pourtant, personne d'autre que lui et son papa n'a été entendu au commissariat.

     

    Quand la peur fait du contre-pied

    Logiquement, on vote POUR et non CONTRE quelqu'un. Et pourtant...

     

    Réélection de Chirac en 2002 (82,21 % des suffrages exprimés au second tour) : pour pas que Le Pen soit à la présidence. Ceux de "gauche" ont voté à "droite" à contre-cœur... Faire la "grève nationale" du vote eût été plus sain.

    Les Français ont peur du "gros méchant loup" mais ont aussi peur de se mobiliser pour dire "merde" aux dysfonctionnements politiques. Grandes gueules mais petite... b... bravoure. 

     

    Élection de Sarkozy en 2007 (53,06 % des suffrages exprimés au second tour) : pour pas que "Madame" Royal soit présidente. Les Français sont misogynes, c'est bien connu. Aucune femme présidente de la République Française depuis le début ! Sarkozy eût été sanglier, il aurait été élu, parce que "mâle"...

    Même si Royal présentait pour certains de "gauche" les meilleurs arguments pour gouverner la France, ils ont tout de même voté pour la "droite", à contre-cœur. Les Français ont peur des femmes.

     

    Quel rapport, me direz-vous, avec le sexe des Anges ?

    Patience (d'Ange !), j'y viens... mais d'abord, quelques mises au point.

     

    Première étape : Quel est le sexe des Anges ?

     

    Seconde étape : Discuter du sexe des Anges !

    L'empire byzantin, convoité pour ses richesses, est aussi connu pour ses lois alambiquées, nombreuses, tatillonnes que seule une pléthore de "juristes" pouvait comprendre et débrouiller... >>> acceptions populaires (Wikipédia)

    Voilà pourquoi tant de palabres, de diversions, d'endormissements - que nous venons de voir - bien actuels ceux-là, semblent relever d'une "querelle byzantine", d'une "disputation sur le sexe des Anges" (= une polémique religieuse), ce qui revient à dire, actuellement, à "discutailler" pour des broutilles et je t'embrouille, principalement pour des histoires de "religion" ou plus exactement : "idéologiques".

     

    Et maintenant la chute... de Constantinople *

     

    Pour évoquer la chute de Constantinople, il est courant d’utiliser l’image — certes rapide — des Byzantins discutant du sexe des anges pendant que les Turcs assiégeaient la ville.
    C’est à peu de choses près ce que nous vivons aujourd’hui...

    fdesouche.com ()

    Lisez ce texte très instructif !

     

    * Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sur une partie de l’actuelle Istanbul. La cité sera reconstruite par Constantin et, renommée Constantinople en 330 après J.-C.

    Cliquez sur la "couverture" pour lire l'aventure...

    Cette illustration tirée d'un manuscrit français de 1455 montre le siège de Constantinople avec, à gauche, la Corne d'Or, et au fond, de gauche à droite, le détroit du Bosphore et la mer de Marmara.

     


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