• ☼ Yvan Colonna est mort

    Boulevard Voltaire 21 mars 2022

    D’après nos confrères de Valeurs actuelles, le berger corse, militant indépendantiste, reconnu coupable de l’assassinat du préfet Claude Érignac en 1998, a finalement succombé à ses blessures, ce 21 mars [2022]

    Information confirmée par l’ensemble des médias.

    Après trois procès et un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme, a été condamné à la réclusion à perpétuité. Il a été sauvagement agressé en prison, le 2 mars dernier [2022], par Franck Elong Abe, un codétenu chargé de l'entretien de la salle. Camerounais âgé de 36 ans, l'agresseur purge une peine de neuf ans de prison pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme". Il a été arrêté en Afghanistan où il était parti faire le djihad.

    L’agression d’Yvan Colonna avait suscité une vague de manifestations en Corse, allant jusqu’à l’émeute. Dans la foulée, le gouvernement s’était prononcé en faveur de l’autonomie de l’île de Beauté, vieille revendication des indépendantistes. Une initiative qui n’avait pas empêché le FLNC de menacer de reprendre les armes. Une mauvaise nouvelle, entre autres, pour l’exécutif en difficulté depuis les révélations du Canard enchaîné. Le palmipède avait en effet dénoncé des négociations secrètes entre l’Élysée et les indépendantistes pour obtenir le soutien des Corses à la réélection de Macron.

     

    Lire aussi La mort d’Yvan Colonna, une bombe à fragmentation pour Macron, juste avant la présidentielle (Boulevard Voltaire 22/03/2022) [archive]

    Extraits

    Tous les éléments sont réunis pour faire de la mort d’Yvan Colonna une bombe à fragmentation à la veille de l’élection présidentielle. Une bombe de plus, après l’affaire McKinsey, le mystère des impôts présidentiels et quelques autres. Le décès en prison de l’indépendantiste corse condamné à la perpétuité pour avoir tiré dans le dos du préfet Érignac, le 6 février 1998, ces huit minutes durant lesquelles le meurtrier n’a pas été surveillé, mettent sur la sellette l’administration pénitentiaire, donc l’État. Le refus de ramener Colonna près de sa famille pour purger sa peine près de sa femme et de son enfant, en Corse, concernent la Justice, donc, là encore, l’État. Le profil du meurtrier, Franck Elong Abe, qui purgeait plusieurs peines d’une à neuf ans pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme" raconte encore l’impuissance de l’État macroniste face à l’islamisme. Colonna aurait blasphémé, a expliqué Elong Abe.

    [...]

    Le temps du deuil apaise aujourd’hui les tensions. Jusqu’à quand ? Le feu qui couve en Corse n’est évidemment pas éteint. Alors, le gouvernement joue la montre. Envoyé en pompier, Darmanin a promis l’ouverture de négociations sur le statut de la Corse… en avril. Quelques semaines de gagnées, le temps de laisser passer au moins le premier tour. Pour calmer le jeu, le ministre de l’Intérieur a tout lâché d’emblée : sur quoi négociera-t-il ? Il précise qu’il est prêt à accorder un statut d’autonomie à la Corse, statut réclamé par les indépendantistes. Mais cette reculade en désordre de la France macronienne risque de coûter cher. Les nationalistes qui tiennent 60 % des sièges de l’Assemblée de Corse depuis les régionales de 2021 ne verront dans ces accords qu’un pas inachevé vers l’indépendance. Ils réclament un statut d’autonomie et la reconnaissance du peuple corse. Par électoralisme pur, l’État prend le risque de réveiller les revendications. Il met le doigt dans un engrenage dangereux, en Corse et ailleurs.

     

    Documentation

    L’incroyable parcours de l’assassin de Colonna (BV 08/06/2023) [PDF]