• * Dryas – Dryade

    Page créée le 10 février 2024

    Le Dryas est le nom donné par les paléoclimatologues à de courtes périodes froides ayant eu lieu à la fin ou juste après la dernière glaciation, dans la dernière phase du Pléistocène - donc juste avant le début de l'Holocène  (la période actuelle) - pendant lesquelles le climat a changé brusquement et datées approximativement de 16 500 à 11 700 ans avant le présent (AP). 

    On reconnaît habituellement deux périodes Dryas mais certains en retiennent trois.

    Le Dryas ancien correspond au début de la déglaciation, il y a plus de 14 000 ans  (environ 16 500 à 14 600 ans AP) vers la fin du Pléistocène, la dernière ère glaciaire. Il correspond à un stadial (période froide) entre les interstadiaux Bølling et Allerød (phases plus chaudes). Cette période aurait duré trois siècles.

    Le Dryas moyen, courte période de rechute des températures, a pu avoir lieu vers 14 000 - 12 000 ans avant le présent.

    Le Dryas récent, vers 12 900 - 11 700 ans AP, s'est installé sur environ 1 300 ans. Il est caractérisé par un refroidissement très brutal (chute de 7°C de la température moyenne de l'hémisphère nord), alors que sur une grande échelle de temps, le climat planétaire se réchauffait.

    Le Dryas correspond ainsi à un dernier refroidissement du climat, avant le rapide réchauffement qui mit fin à la dernière période glaciaire et ouvrit la période tempérée de l'Holocène.

    Voir un schéma dans La glaciation würmienne PDF p.2

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    Sources

    Futura-sciences

    Wikipédia

    Documentation, voir plus bas

     

    La période du Dryas tire son nom d'une fleur

    La période du Dryas tire son nom d'une fleur (Drias ou Dryas ou Argentine, Herbe à plumets, Herbe aux cerfs, Thé des Alpes, Thé suisse, Dryade octopétale, Chênette *...) dont le nom scientifique est Dryas octopetala (Dryade à huit pétales). Les analyses palynologiques ont en effet montré que cette espèce a été l'une des premières plantes à fleur à recoloniser les éboulis libérés par les glaciers. Son pollen a été trouvé en abondance dans les tourbières formées aux époques dites du "Dryas".

    Les graines "à plumets" de la dryade, facilement transportées par le vent, et sa rusticité, en font une plante pionnière à forte capacité de dispersion et colonisation, ce qui explique que son pollen a été abondamment trouvé dans les tourbières qui se sont formées dans le passé à proximité des zones de recul glaciaire.

    * Dans la mythologie grecque, les dryades sont les nymphes des chênes en particulier, et des arbres en général. Mais aussi, les feuilles de la dryade - Dryas en latin scientifique, du grec drus "chêne" - sont sinuées à la façon de celles du chêne... Voilà qui explique cette appellation de "chênette".

    En savoir plus sur la dryade ci-dessous

    Documentation plus bas

     

    Dryade à huit pétales

    Dryas octopetala

    La dryade à huit pétales (Dryas octopetala) est une espèce de plantes à fleurs dicotylédones de la famille des Rosaceae. Vivace hermaphrodite, c'est un sous-arbrisseau nain buissonnant et rampant se propageant facilement sur les substrats caillouteux de montagne ou de plaine.

    Dryas octopetala.JPG

    La Dryade à huit pétales capte la chaleur par son feuillage foncé qui couvre le sol, le protégeant de l'érosion, tout en conservant l'eau sous ses feuilles velues.

    • "Dryas" vient du grec ancien dryás, qui vient de drys signifiant "chêne". Les dryás, driades en français, sont les nymphes protectrices des bois. Elles sont souvent représentées avec une couronne de feuilles de chêne sur la tête, arbre qui comme elles est un symbole de force et de longévité. • "Octopetala" vient du latin octo qui signifie "huit" et petalum qui signifie "pétale", en référence à son nombre de pétales qui est souvent (mais pas toujours) de 8.

    On rencontre la dryade à huit pétales entre 1100 et 2 800 m d'altitude en France (également à basse altitude dans le nord de son aire *) et en plein soleil, dans les débris rocheux, terrains calcaires, pelouses rocailleuses basophiles, pâturages pierreux des montagnes.

    * Alaska, Islande, toundra arctique (Svalbard), Jura, Alpes, Pyrénées, Apennins, Europe centrale...

    Dryas octopetala Aire de répartition géographique.jpg

    Description de la Dryade à huit pétales

    La Dryade à huit pétales est une plante gazonnante, de 2 à 10 cm de haut, à tige couchée, très rameuse et racine pivotante. Elle forme des tapis relativement foncés, dont l'albédo augmente au moment de la floraison.

    Les feuilles, persistantes, pétiolées, oblongues, à bords crénelés et légèrement coriaces sont alternes et sinuées (nervation marquée) à la façon de celles du chêne (Dryas, du grec drus "chêne"). D'un beau vert brillant sur leur face supérieure, argentées et cotonneuses (tomenteuses) sur la face inférieure, elles prennent une jolie teinte vert brunâtre en hiver.

    Les fleurs, de mai-juin à août, hermaphrodites ou uniquement femelles, sont grandes, pouvant atteindre 4 cm de diamètre, et solitaires, portées par un long pédoncule velu. Elles sont blanches avec de nombreuses étamines jaunes. La corolle comporte entre 7 et 9 pétales, généralement... 8 (octopetala) - d'où son nom vernaculaire francophone. Le calice est également velu. Ces fleurs suivent la course du soleil en journée, comme le font les boutons floraux des tournesols. La corolle en forme de coupe concentre la chaleur, et beaucoup d’insectes viennent s’y réchauffer et par la même occasion butiner, donc assurer la pollinisation, préférable pour maintenir une diversité génétique même si la plante peut s’autoféconder.

    Les fruits sont des akènes à longue arête plumeuse, groupés en toupet, très décoratifs. Le mode de dissémination est anémochore (dispersion des graines par le vent).

    Dryas octopetala, graines ''à plumets''.jpg

    Les graines "à plumets" de la Dryade à huit pétales sont facilement transportées par le vent.

    Voir aussi Tela Botanica

    Réseau trophique

    Cette espèce vit en symbiose avec des bactéries de l’espèce Frankia dryadis. Ces dernières vivent dans des nodosités présentes sur les racines de la dryade. Elles fabriquent une enzyme capable d’extraire l’azote de l’air et de le rendre assimilable par la plante (la nitrogénase). En contrepartie, les bactéries profitent des nutriments que la plante élabore.

    La dryade vit aussi en symbiose avec des champignons comme les Cortinaires (Cortinaria sp.). Leurs hyphes (éléments végétatifs filamenteux) forment un manchon autour des radicelles, absorbant l’eau et les minéraux du sol et les transférant à la plante. En échange, le champignon profite lui aussi des nutriments fabriqués par la plante.

    Comme tous les végétaux, elle est autotrophe, c’est un producteur primaire dans la chaîne alimentaire. Plusieurs insectes se nourrissent de ses feuilles, et elle est une source de nourriture pour les pollinisateurs.

    Voir Interactions : parasitisme et symbioses

    Utilisations de la Dryade à huit pétales

    Non toxiques, les feuilles de la dryade servent à confectionner une tisane (d'où les noms "thé des Alpes" ou "thé suisse") aux propriétés tonifiantes et digestives (lutter contre les troubles digestifs et la diarrhée), mais la plante s'utilise principalement pour ses fleurs et en couvre-sol, grâce à son feuillage vert très couvrant capable de masquer des pierres. Dans les pentes abruptes, elle consolide les éboulis.

    Un bio-indicateur de réchauffements passés. Les analyses de pollens dans les tourbières anciennes ont montré que la dryade à huit pétales était l'une des premières plantes à fleur à recoloniser les éboulis et substrats libérés par les glaciers après la dernière glaciation. En effet, le pollen de cette plante pionnière a été retrouvé en abondance dans les tourbières formées à cette époque par la fonte des glaces. Les trois périodes froides "Dryas" (ancien, moyen et récent) ont été entrecoupées par des périodes plus chaudes provisoires, durant lesquelles la Dryade à 8 pétales a été l’une des premières plantes à fleurs à recoloniser les milieux dégelés.

    Voir aussi Lexique "phyto-bota"

    La fleur est l'emblème végétal de l'Islande et Territoires du Nord-Ouest depuis 1957.

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    Sources

    Dryade à huit pétales Dryas octopetala (Lepage) PDF

    Photo et illustration naturaliste [archive]

    Wikipédia (Dryade à huit pétales)

    Wikipédia (Paléoclimat)

     

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    Documentation

    Les différents sens de "dryade" dans le Wiktionnaire

     

    Périodes glaciaires

    Chrononyme (Orthographe & Vocabulaire)

    Glaciation de Würm (Wikipédia)

    Le mystère du Dryas récent (Toison d'Or) [archive]

    Les plus vieilles glaces de l'Antarctique

    Modalités et chronologie de la déglaciation würmienne dans l'arc alpin occidental et les massifs français (vol.25 nos 2-3,‎ 1988 PDF) Guy Monjuvent et Gérard Nicoud

    Glaciation de Würm, chronologie simplifiée d'après Guy Monjuvent et Gérard Nicoud.png

    Glaciation de Würm, chronologie simplifiée d'après Monjuvent et Nicoud

    Pléniglaciaire (définition)

    Aquaportail

    Les paysages glaciaires

    Tardiglaciaire en Europe (Wikipédia)

    "Dryas" évoqué dans

    * Arts préhistoriques

    * Néandertal en conférences

    Voir aussi

    Faune et développement du genre Homo au Pléistocène (Wikipédia)

    Peuplement lors de la Glaciation de Würm (Wikipédia)

     

    Flore du Dryas

    Au maximum glaciaire, sur les hauteurs non couvertes par les glaces, la végétation correspond à celle de l'étage nival et le sol est soumis à la solifluxion. Dans les plaines côté nord, c'est la toundra, caractérisée par la présence de dryade octopétale (Dryas octopetala), qui a donné son nom à une des dernières périodes climatiques du Würm.

    Dryade à huit pétales (Dryas octopetala) en ''tapis''.jpg

    Une fleur de nos montagnes, une Rosacée, la Dryade octopétale, que l'on rencontre assez fréquemment dans les Alpes. Elle était encore plus répandue après que les glaciers würmiens ont amorcé leur retrait, à tel point que cette période a été baptisée "Dryas". (geoglaciaire.net [archive])

    La dryade est accompagnée d'armoises, de chenopodiaceae, de graminées, du bouleau nain et du saule polaire. Côté sud, c'est une steppe d'armoise de type méditerranéen avec quelques bosquets.

    Après la glaciation, la recolonisation des Alpes s'est produite à partir de certaines zones de retrait spécifique. À partir de la toundra des plaines de l'Allemagne sont revenus armoise, bouleau et genévrier. Les pin et épicéa sont revenus depuis l'Europe orientale et son climat continental tandis que sapin, tilleul et chêne avaient trouvé refuge sur les bords de la Méditerranée en profitant de son climat océanique et doux.

    Voir Environnement naturel et humain au Tardiglaciaire en Europe (Wikipédia)

     

     

     

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