• * Mammouth

    Mammouth

    Mammuthus

    Le mammouth n'est pas un ancêtre de l'éléphant moderne. Ils font partie de la même famille : les Éléphantidés. Le mot "mammouth" vient du russe мамонт mamont, depuis le mansi (de la famille des langues finno-ougriennes) mang ont, signifiant "corne de terre".

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    L'on peut dire que le mammouth est un "cousin" des éléphants actuels. De nos jours, seulement trois espèces de la famille des Éléphantidés ont survécu : l'éléphant de savane d'Afrique, l'éléphant de forêt d'Afrique et l'éléphant d'Asie. Pour autant, il y a un million d'années, de nombreuses espèces cohabitaient !

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    Mastodonte des Pyrénées (Gomphotherium pyreneicum) un ancêtre des mammouths et des éléphants ?

    Les Homo heidelbergensis qui ont vécu au Pléistocène moyen (entre 700 000 et 300 000 ans) étaient de grands chasseurs évoluant dans le même environnement que Palaeoloxodon antiquus. Mais ces très gros animaux étaient difficiles à chasser et les hommes ont eu aussi recours au charognage.

     

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    Les Mammuthus et Elephas (genre des éléphants d’Asie), par exemple, se sont dispersés d'Afrique vers l'Europe et l'Asie, tandis que Loxodonta (genre des éléphants d'Afrique) s’est déployé en Afrique.

    Ci-contre =>
    Éléphants de savane d’Afrique (Loxodonta africana)

     

    Éléphant de savane d’Afrique (Loxodonta africana) ©Michael (stock.adobe).jpg

    Voir Phylogénie des genres d'éléphants et d'autres familles proches (Wikipédia)

    Voir aussi L'histoire de Jumbo l'éléphant (1860-1885) [archive] [PDF] Esprit Éléphant

     

    Quelques Mammouths

    — Le mammouth laineux (Mammuthus primigenius Blumenbach 1799) 

    Parmi les Mammuthus, on retient surtout le mammouth laineux...

    L’espèce Mammuthus primigenius est appelée communément mammouth laineux du fait des longs poils qui recouvrent son corps. Cette espèce pouvait atteindre 3,4 mètres au garrot et peser entre 4 et 6 tonnes. Il est le dernier-né de la lignée, apparu en Sibérie vers - 600 000 ans. Régnant durant tout le Pléistocène supérieur (les 120 derniers milliers d’années), il s'est étendu en Europe de l'Ouest vers -200 000 ans puis a traversé le détroit de Béring exondé (c.-à-d. émergé après inondation ou régression des eaux/glaces) durant la dernière glaciation (Würm) et s'est développé en Amérique du Nord. L’espèce s’est éteinte il y a 10 000 ans.

    N.B. "Glaciation de Würm" est le nom donné à la dernière période glaciaire du Pléistocène dans les Alpes. Elle s'étend de 115 000 à 11 700 ans avant le présent (AP)

    Mammouth laineux (MNHN)

    Un mammouth laineux

    On a trouvé des mentons de ces mammouths en Europe et en France, dans le Val-de-Marne, en région parisienne, sur les sites de Maisons-Alfort, Bonneuil-sur-Marne et Vitry-sur-Seine. Des trouvailles ont été faites en Alsace. – Wikipédia

    • Dima est un bébé mammouth de seulement 7 mois découvert en 1977 dans le sol gelé d’une mine d’or près de Magadan (dans ce qui est traditionnellement considéré comme une partie de la Sibérie) en ex-URSS. Le corps était totalement conservé (ossements, chairs, peau, poils…) car il a été probablement enseveli dans des sables mouvants lors de sa mort, il y a 40 000 ans. Le sol étant gelé le fossile a été particulièrement bien préservé. Hominidés.com

    Mammouth laineux bébé ''Dima''.jpg

    Dima est conservé au musée de Saint-Pétersbourg

    Jarkov - d’après le nom du Dolgane qui l’a découvert - retrouvé congelé en 1997, en Sibérie, fut aussi l'un de ces mammouths laineux célèbres. Celui-ci aurait une quarantaine d’années (47 ans ?) et aurait été conservé dans la glace. Le cas de Jarkov est unique, le mammouth est mort debout et est resté ainsi pendant 20 000 ans (20 380 ans pour être précis avec le Carbone 14) prisonnier du sol gelé. Tombé dans une faille, sans doute victime de la rupture d'un pont de glace, il a ensuite été recouvert d'une coulée de boue qui a rapidement gelé. Cette brusque congélation qui a suivi sa mort a permis sa conservation.

    Face à ce spécimen unique, Bertrand Buiges et Yves Coppens alors paléo-anthropotologue au Collège de France, décident d'extraire le mammouth d'un seul tenant. Début septembre 1999, l'expédition Mammuthus installe son camp de base en pleine toundra sibérienne à 250 km au nord-ouest de Xatanga. Après 5 semaines de travail au marteau piqueur, par -40 °C, un bloc de 3 × 2 × 2 m est dégagé du sol. Jarkov se trouve à l'intérieur.

    Mammouth laineux ''Jarkov'' dans son bloc de terre.jpg

    Le mammouth Jarkov dans son bloc de terre. ©Francis Latreille

    Le 17 octobre 1999, le bloc de 23 tonnes est hélitreuillé par un hélicoptère russe Mi-26. En octobre 2000, quelques parties du corps de l'animal ont été délicatement réchauffées pour réaliser un prélèvement de poils et de tissus intacts. Aujourd'hui, Jarkov est conservé dans le village de Khatanga (kraï de Krasnoïarsk). Encore prisonnier du froid, il repose dans une cave aux parois de glace qui le conserve tout au long de l'année à une température constante de -15 °C et qui constitue un environnement idéal pour les scientifiques du monde entier qui viennent l'étudier.

    Jarkov devrait permettre de mieux connaître l'origine du mammouth laineux, son environnement, ses habitudes alimentaires, mais aussi les causes de son extinction.

    Consulter

    Jarkov, 23 tonnes, un mammouth en hélicoptère avril 2021 [archive] Podcast Futura

    Une aventure scientifique exceptionnelle (Wikipédia)

    Un bébé mammouth femelle surnommé Lyuba (ou Liouba) a été découvert congelé en mai 2007 dans la péninsule Yamal en Sibérie par des bergers nénètses (peuple autochtone samoyède de Russie vivant à proximité du cercle polaire) éleveurs de rennes, qui eurent la bonne idée de prévenir immédiatement les autorités locales. Le spécimen a pu être transporté dans les meilleures conditions, en caisson réfrigéré, de Sibérie jusqu'à la faculté de médecine de l'université Jikei à Tokyo où il a été scanné. Sa conservation s'est avérée remarquable. Des échantillons de tissus ont été envoyés aux Pays-Bas pour une datation par le carbone 14 qui révéla que le jeune animal était mort il y a 40 000 ans.

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    Le bébé mammouth Lyuba momifié (Ruth Hartnup, CC BY 2.0)

    Les scientifiques qui ont étudié ce bébé mammouth ont découvert qu'il stockait de la graisse dans une grosse bosse à l'arrière du cou et sur la tête. Celle-ci permettait de réguler la température du corps de l'animal et de le garder au chaud contre le froid. L'examen des prémolaires et des défenses a révélé que l'animal, né au printemps, était âgé d'environ un ou deux mois - pour un poids de seulement 49 kg et mesurant un peu moins d'un mètre de haut, la taille d’un grand chien - lorsqu'il est mort noyé dans une rivière boueuse (un mélange dense d'argile et de sable était présent dans sa bouche et sa gorge). Quant au contenu intestinal, il a montré qu'à l'instar des très jeunes éléphants actuels, il avait ingéré les fèces d'un mammouth adulte, vraisemblablement sa mère, afin de s'inoculer la flore bactérienne indispensable à la digestion des plantes. Son tronc mince a été conçu pour l’aider à boire de l’eau de la neige

    L'analyse de son ADN, bien préservé, a révélé qu'elle appartenait à une population de Mammuthus primigenus qui, peu de temps après, allait être remplacée par une autre lignée de mammouths venant d'Amérique du Nord. Bien que la vie de Liouba ait connu une fin malheureuse, elle est maintenant en mesure d’aider les autres à en apprendre davantage sur ces créatures majestueuses.

    Consulter

    Un bébé mammouth découvert en Sibérie juillet 2007 [archive] Sciences et Avenir

    [en] Ice Baby [mai 2009] [autre archive] par National Geographic

    [en] Scans became a mammoth project 2010 [archive]

    L'histoire de Lyuba le mammouth laineux découvert en Sibérie mai 2021 [archive]

    Helmut le mammouth a été découvert durant l'été 2012 par les équipes de l’INRAP (Institut de Recherches Archéologiques Préventives). Comme son surnom ne le laisse pas supposer, c'est... en France, en Seine-et-Marne, que l'on a trouvé son squelette très complet. Des chercheurs qui travaillaient sur un site archéologique datant de l’époque romaine ont eu la surprise de découvrir dans cette carrière les restes d’un mammouth très bien conservé (c’est le quatrième en France). Une fouille de sauvetage a été rapidement mise en place dès début octobre 2012.

    Les premiers ossements ont été découverts à plus de 2 mètres de profondeur. Dans le sol sableux, les chercheurs ont déjà exhumé un squelette très complet : crâne, omoplates, défenses, fémur, humérus, mandibule et plusieurs vertèbres… Le sexe du sujet n’a pas encore pu être déterminé. Selon les premières estimations, Helmut aurait vécu entre – 50 000 et – 200 000 ans et devait avoir entre 20 et 30 ans au moment de sa mort. Pour Vincent Charpentier de INRAP "C’était un mammouth dans la pleine force de l’âge, âgé d’une trentaine d’années (cet animal pouvait vivre jusqu’à environ 60 ans), qui mesurait environ 3 mètres au garrot".

    Ce squelette était accompagné de silex tranchants, à proximité du crâne les chercheurs ont découvert également plusieurs éclats de silex. Une preuve que l’animal a été tué, ou au minimum dépecé, par Néandertal qui était le seul homme présent en France il y a 50 000 ans. Les restes osseux, toujours en connexion, sont très bien conservés ce qui va permettre des analyses approfondies au Muséum National d’Histoire Naturelle. À noter, le nombre des ossements retrouvés laisse penser qu’il y a peut-être deux squelettes de mammouths…

    Qui a chassé le mammouth en France à Changis-sur-Marne ? (10/11/2012) [archive]

    Un bébé mammouth laineux momifié presque complet a été trouvé le 21 juin 2022 dans les champs aurifères du Yukon, un territoire du nord canadien. Surnommé Nun cho ga, qui signifie "gros bébé animal" en langue autochtone de la première nation Trʼondëk Hwëchʼin, l'animal probablement une femelle, mesurait un peu plus de 140 centimètres et aurait foulé le sol il y a environ 40 000 ans.

    Lire aussi Un bébé mammouth laineux parfaitement conservé découvert au Canada

    — Le Mammouth de Durfort (Mammuthus meridionalis Nesti 1825)

    Littéralement "mammouth du sud", le mammouth méridional était plus grand que celui de Sibérie et certainement beaucoup moins velu. Mammuthus meridionalis apparut en Afrique il y a plus de 7 millions d’années. Il s'épanouit surtout en Eurasie au début du Pléistocène (entre – 2 millions d’années et – 700 000 ans) et gagna  l'Amérique du Nord (il y a 1,5 million d'années). Il est contemporain du mammouth laineux (Mammuthus primigenius) et du mammouth des steppes (Mammuthus trongontherii Pohlig 1885).

    Le spécimen d’environ un million d’années qui nous intéresse ici, fut trouvé en 1869 à Durfort (Gard), juste avant la guerre franco-allemande, par Paul Cazalis de Fondouce, ingénieur de Centrale, et Jules Ollier de Marichard, archéologue et inspecteur des Monuments historiques, à la suite de travaux de voirie. Les deux hommes remarquèrent d’étranges restes : les défenses furent d’abord interprétées comme les canalisations bouchées d’une ancienne fontaine… Ce mammouth mourut très certainement embourbé, enfoui dans la vase. Malgré sa taille et ses près de 10 tonnes, il s’agit d’un juvénile (des proportions monumentales ! avec son crâne pesant une centaine de kilos et ses défenses d'au moins 80 kg...).

    Squelette du mammouth de Durfort restauré ©MNHN-J.-C.Domenech.jpg

    Ce squelette de mammouth qui domine le troupeau des mammifères fossiles de la galerie de Paléontologie depuis 1898, est le seul de son espèce monté en France

    Malheureusement, le fossile qui se décomposait ne put être extrait. Ils eurent le temps de sortir le crâne d’un second spécimen, mieux conservé, avant que la guerre de 1870 n’éclate. Les fouilles reprirent en 1873. Les pièces extraites furent enduites de colophane et de blanc de baleine bouillis pour permettre leur transport ; un tibia restera introuvable. Après ces fouilles, le spécimen arrive à Paris au Muséum en 31 caisses et est monté dans le laboratoire d’anatomie comparée au sein de la "salle de l’éléphant", où Guy de Maupassant put l’admirer, puis dans le hangar d’Albert Gaudry, avant de trouver place en majesté dans la galerie de Paléontologie.

    Environnement. Le mammouth vivait parmi de nombreux herbivores : bisons, rhinocéros, cerfs, chevaux, hippopotames...

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    Mammouths et autres (Mauricio Antón)

    Il évoluait surtout dans un milieu marécageux, mélange de prairies à herbacées et de forêt méditerranéenne continentale dans laquelle le mammouth pouvait se sustenter de feuilles, branches et fruits.

    Muséum National d'Histoire Naturelle [archive}

    MNHN 6 juin 2023 [archive]

    Source principale MNHN [archive]

    Autre source Wikipédia

    Presque un animal mythologique, le mammouth est entré dans l’imaginaire commun. Il étonne toujours les nombreuses générations d’écoliers qui découvrent dans leurs livres une sorte d’éléphant poilu, armé de gigantesques défenses, cerné par des hommes préhistoriques munis de pieux [et de massues]. Si cette image a certainement peu de chose à voir avec la réalité, il ne reste pas moins que le mammouth devait être, aux temps préhistoriques, un sujet d’étonnement et de frayeur pour nos ancêtres. C’était alors le plus grand mammifère terrestre. (Hominidés.com)

    La fuite devant le mammouth, huile sur toile de Paul Jamin 1885 ©MNHN- J.-C.Domenech.jpg

    La fuite devant le mammouth, huile sur toile de Paul Jamin 1885

     

    Dans le bestiaire des artistes préhistoriques

    Humains et mammouths ont pu vivre au même moment sur Terre, durant le Paléolithique (de – 3,3 millions d’années à – 12 000 ans). Ainsi, peint sur les parois des cavernes, sculpté sur des propulseurs, gravé dans l’ivoire, le mammouth figure-t-il en bonne place dans le bestiaire des artistes préhistoriques.

    La découverte, en 1864 dans l’abri de la Madeleine (Dordogne), d’un fragment de défense de mammouth sur lequel était gravé un mammouth, a prouvé cette coexistence. En effet, ce vestige du Magdalénien (environ 17 000 ans) comporte des détails anatomiques que seul un auteur ayant vu un mammouth en chair et en os pouvait reproduire. 

    Symbole de la préhistoire, star des grottes ornées

    L’imposant animal est devenu un symbole emblématique de la préhistoire. Il est assez souvent représenté sur les parois des grottes, et parfois, bien que plus rarement, sur des objets.  Mais pour autant, le mammouth n’est pas l’animal le plus fréquemment reproduit (environ 7% de l’iconographie figurative). Le cheval et le bison sont bien plus nombreux, mais il peut être majoritaire dans certaines grottes ou à certaines périodes. Dans sa zone de répartition, de l’Europe de l’Ouest à l’Asie occidentale, on recense près de 500 individus peints, sculptés ou gravés dans les cavernes et quelque 200 autres gravés ou sculptés sur des objets en pierre, en bois de rennes, en ivoire. 

    Mammouth et bouquetins Magdalénien gravés grotte de Rouffignac Dordogne (CC0 1.0).jpg

    Mammouth laineux et bouquetins du Magdalénien gravés, grotte de Rouffignac, Dordogne (CC0 1.0)

    Lorsqu’il est représenté dans les cavernes, le mammouth occupe une place centrale. Soit parce qu’il est illustré en grand nombre, comme dans la grotte de Rouffignac (Dordogne, vers - 17 000 ans), qui en compte près de 170, soit parce que son dessin retient l’attention par son originalité artistique, sa précision, ou encore par la diversité des postures et la vivacité des scènes dépeintes : file d’animaux, affrontement…

     

    Un statut à part

    Est-ce à cause de sa taille impressionnante ou de son importance dans la vie de ses contemporains humains que le mammouth est ainsi mis en valeur ? Source de nourriture, il fournit aussi de précieux matériaux. Ses ossements sont parfois recyclés, avec les défenses, pour la construction de cabanes (Ukraine, Russie).

    De l'ivoire et des vénus

    L'ivoire du mammouth est utilisé pour fabriquer des armes ou des outils, et sculpter des œuvres d’art. Cette matière noble dont le travail requiert une grande maîtrise technique contribue à donner un statut particulier au mammouth. 

    Et cette aura est encore renforcée par la qualité des œuvres sculptées dans ses défenses, telles que les statuettes animales ou féminines comme l’iconique Vénus de Lespugue (grotte des Rideaux, Haute-Garonne, - 28 000 ans).

    Les vénus de l’époque gravettienne (- 31 000 à – 24 000 ans avant le présent) comptent plusieurs figurines aux formes féminines bien marquées et dont le corps s’inscrit dans un losange avec en son centre le bassin. La vénus de Lespugue partage également avec elles l’absence de détails des pieds et mains.

    Voir une vidéo La Vénus de Lespugue, icône féminine ? (Musée de l'Homme)

    Voir aussi Les Vénus stéatopyges (Cellulite : exercices, massages, tisanes)

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    Dame de Brassempouy en ivoire de mammouth

    Souvent aussi leur tête reste lisse, sans visage, à l’exception de la vénus de Brassempouy (Landes, environ - 24 000 ans avant aujourd’hui), aussi appelée "Dame à la capuche", dont le nez est dessiné, et de quelques statuettes du site russe d’Avdeevo.

     

    Un modèle de... poids

    Son allure massive et sa morphologie particulière donnent au mammouth une silhouette singulière. Ces traits physiques expliqueraient-ils son succès artistique ?

    Deux lignes courbes incisées dans un os ou esquissées sur la roche suffisent à dessiner son profil caractérisé par une bosse crânienne en saillie, une nuque creuse et la courbe tombante de son dos. Des défenses imposantes, une toison épaisse prolongée par de longs poils achèvent son portrait. Parfois, il est complété d’yeux expressifs ou de détails anatomiques discrets, tel que le clapet anal, repli de graisse et de peau situé sous la queue et qui le protège du froid.

    Réaliste ou plus schématique, sculpté, peint ou gravé, le mammouth a ainsi inspiré des interprétations très variées dès l’Aurignacien (- 40 000 ans), laissant libre cours au talent des artistes qui l’ont immortalisé.

     MNHN avril 2023 [archive]

    La grotte de Saint-Front en Dordogne

    À 1 km de Domme, sur la rive gauche de la vallée de la Dordogne, se trouve la grande grotte de Saint-Front ou grotte du Mammouth, creusée dans les falaises coniaciennes.

    Mammouth gravé de la grotte Saint-Front, Dordogne (Relevé ©S.Petrognani).jpg

    Mammouth gravé de la grotte Saint-Front, Dordogne (Relevé ©S.Petrognani)

    Elle renferme des gravures et des bas-reliefs dont le plus spectaculaire est un mammouth de plus d’un mètre d’envergure. Découvertes en 1978 après celles de la grotte voisine du Pigeonnier, ces représentations constituent un dispositif pariétal original, avec un potentiel archéologique important, tant sur les parois qu’au sol, souligné au travers de recherches successives par Norbert Aujoulat, Claude Archambeau, Brigitte et Gilles Delluc ou Magali Peyroux.

    Ce potentiel a motivé une nouvelle étude pluridisciplinaire, inscrite dans le Projet Collectif de Recherches "Archéologie des sites ornés de Dordogne : cadre conceptuel, potentiels et réalité". Elle vise à préciser l’ensemble du dispositif pariétal par des relevés détaillés des représentations en intégrant les données géomorphologiques, et en les confrontant au matériel archéologique retrouvé dans la grotte, avec l’appui d’outils de reconstitution numérique. L’objectif est d’éclairer le comportement et les choix des artistes de Saint-Front, et de replacer ces œuvres dans leur contexte chronologique et régional.

    Archéo Actu [archive] Fouilles programmées – étude et relevé d’art rupestre. L’équipe de recherche : Eric Robert (Muséum national d’Histoire naturelle, UMR 7194 du CNRS), Stéphane Petrognani (UMR 7041 ArScAn du CNRS), Catherine Cretin (CNP, UMR 5199 PACEA du CNRS), Virginie Lefillâtre (UMR 5199 PACEA du CNRS), Émilie Lesvignes (CEDARC)

    À lire

    Domme – Grotte de Saint-Front dite "du Mammouth" Relevé d’art rupestre (2015)

    Domme – La Grande grotte de Saint-Front (Grotte du Mammouth) Prospection thématique et relevé d’art rupestre (2017)

    Les grottes ornées de Domme (Dordogne) : La Martine, Le Mammouth et le Pigeonnier (Persée)

     

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    Documentation

    Bibliothèque

    Article complet de Hominidés.com sur le Mammouth [archive]

    Grottes

    Grotte Chauvet (Ardèche)

    Grotte de Lascaux (Dordogne)

    Vidéos diverses

    Immersion dans l'art de la Préhistoire (12/01/2023) - Musée de l'Homme

    Un culte de l'ours préhistorique (?) (22/12/2023) - Archéo Nouks

    Divers

    Aurochs

    Classification du vivant 

    Des grands singes aux australopithèques

    Du nouveau chez nos ancêtres

     

     

     

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