• ⊗ Un dimanche matin comme tous les autres

    2016-2020 – 2023

    Prisonnière

    Un dimanche matin comme tous les autres

    Martine

    Depuis [deux mois (depuis le 06 juin 2016)] Martine, 66 ans, habitante du 2ème étage d’un logement HLM de Bobigny (93), en fauteuil roulant, n’est pas sortie de chez elle.

    « J’ai appelé la compagnie d’ascenseur plusieurs fois. J’ai même contacté l’office d’HLM de Bobigny. J’ai fait toutes les démarches possible pour qu’on vienne le réparer mais on me répond toujours la même chose : la pièce défectueuse n’est toujours pas disponible »,

    explique-elle dépitée. Les élus de la ville n'apportent aucune réponse à Martine, ni aux autres locataires de l'immeuble, aucune solution, aucune aide. Martine, qui ne peut sortir de son fauteuil roulant se voit contrainte de passer l'été enfermée dans son appartement. Plusieurs concitoyens se sont mobilisés autour de la sexagénaire et ont contacté tous les protagonistes, tout le monde se renvoie la balle, le bailleur se décharge sur la société de maintenance et la société de maintenance sur le fabricant. La pièce, d'un d'ascenseur pourtant tout récent, ne serait pas disponible...

    Aujourd'hui on nous annonce que l'ascenseur devrait pouvoir être réparé début septembre, soit 3 mois d'emprisonnement pour Martine. Cette situation est inacceptable ! Puisque le Maire de Bobigny, les élus et les responsables de l'office HLM concerné, sont incapables de résoudre cette situation nous en appelons aux plus hautes autorités de l'état.  (Change.org)

     

    Quelques réactions

    • C'est inhumain ! Et si cette dame ne payait plus son loyer on l'expulserait sans attendre !!! (Virginie)
    • Dans un pays ou l'on dépense tant d'argent pour l'Euro de football, de telles situations sont inadmissibles !!! (Éveline)

     

    Rafistolage

    « Il y a 4 jours [1er août 2016], via Facebook, nous annoncions la victoire, avec un ascenseur "réparé".
    Nous savons aujourd'hui qu'il a été rafistolé pour nous faire taire car il est de nouveau en panne, la pièce défectueuse n'a pas été changée !
    Seconde peine de prison qui commence pour Martine, pour qui il est impossible de prendre l'escalier du fait de son handicap ! [...] » (Change.org)

     

    Un dimanche matin comme tous les autres

    Ces pannes d'ascenseurs vont à l’encontre du droit constitutionnel de se mouvoir dans l’espace public, droit qui est garanti par le bloc constitutionnel.

    Droit immobilier qui oblige les bailleurs à régi par la loi du 6 juillet 1989, qui doit garantir un logement en « bon état d’usage et de réparation ainsi que les équipements mentionnés au contrat de location en bon état de fonctionnement ». (Change.org)

     

    Quelques réactions

    • C'est une honte ce laisser-aller partout, alors M. MACRON vous vous réveillez quand ? Pouvez-vous imaginer 2 secondes le calvaire d'une personne en situation de handicap ? Personne mais vraiment personne n'est à l'abri... (Carole)
    • Il faut aussi créer un plan de lutte contre les incivilités (entre autre des blocages récurrents des portes judicieusement faits pour ralentir les opérations de police contre les dealeurs) qui provoquent des pannes a répétition et coutent très cher en charges aux locataires. (Jean-Maurice)
    • Le blocage des loyers aide à lutter contre les pannes d'ascenseur. Nous avons testé la méthode ! (Jean-Pierre)
    • [...] Il est temps que l'on respecte les gens et que les ascenseurs "fonctionnent" !! le droit à prendre l'ascenseur fait sans doute partie des "charges" que les locataires payent ALORS ??? (Annie)
    • Comme la panne des ascenseur réduit la qualité de vie, elle devrait diviser par 1.5 voire par 2 le prix de location des appartements. Cela ferait réagir les propriétaires ! (Xavier)

     

    Intervention au salon des maires de France

    Fouad BEN AHMED [archive] le 23 novembre 2018 (voir sur facebook)

    « Je suis intervenu au salon des maires de France pour rappeler les pouvoirs et obligations d'un maire sur les questions de pannes récurrentes d'ascenseurs :

    Code de la construction et de l'habitation :

    Article L129-1
    Modifié par LOI n°2010-238 du 9 mars 2010 - art. 1

    Lorsque, du fait de la carence du ou des propriétaires, des équipements communs d'un immeuble collectif à usage principal d'habitation présentent un fonctionnement défectueux ou un défaut d'entretien de nature à créer des risques sérieux pour la sécurité des occupants ou à compromettre gravement leurs conditions d'habitation, le maire peut, par arrêté, prescrire leur remise en état de fonctionnement ou leur remplacement, en fixant le délai imparti pour l'exécution de ces mesures

    À défaut de réalisation des travaux dans le délai imparti, le maire, par décision motivée, fait procéder d'office à leur exécution. »

    Voir Documentation et sens "commun"

     

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    Sources

    [https://www.change.org/p/panne-d-ascenseur-prisonni%C3%A8re-de-son-appartement-depuis-2-mois] août 2016

    [https://www.change.org/p/10596686/u/23281770] 16 sept. 2018

     

    Trois histoires de vies chamboulées par des pannes d'ascenseurs

    France-Culture (08/01/2020) - Change.org (24/04/2020) [archive]

    Voir aussi Coronavirus Drames collatéraux

    Vincent est handicapé depuis que l’ascenseur de sa tour de dix-huit étages s'est écrasé au rez-de-chaussée. Anna, sage-femme, a donné naissance dans l’ascenseur d'une maternité. Quant à Baya, assistante maternelle à Romainville, elle risque de perdre son travail si l’ascenseur de son immeuble n'est pas réparé.

    Vincent évoque la chute de l'ascenseur et les blessés dans la cabine. "On a entendu un grand claquement métallique et là, la cabine a accéléré et a été précipitée vers le bas. J'ai été projeté en l'air à un mètre de hauteur et je suis retombé sur les reins dans un grand fracas. Nous étions empilés les uns sur les autres, il y avait beaucoup de douleur" Vincent retrace ses angoisses et ses projets d'éloignement. "Je n'ai qu'une envie : être indemnisé et partir m'installer à la campagne pour y être tranquille. Maintenant, dès que je monte dans un ascenseur, je suis à l'affût du moindre grincement ou cliquetis ; j'ai une peur panique"

    Anna, sage-femme descend en salle d'accouchement avec sa patiente lorsque l'ascenseur s'immobilise entre deux étages. "Alors que la standardiste de la société ascensoriste nous propose de patienter sans croire à notre histoire, je me reconcentre sur ma patiente qui pousse et accouche superbement."

    Baya, assistante maternelle nous raconte ces allers et retours dans les escaliers pour accompagner les enfants qu'elle garde jusqu'à son domicile. "L'ascenseur est constamment en panne, forcément cela impacte notre travail et nous oblige à monter jusqu'à six fois par jour huit étages à pied !" "Cela nous empêche d'accompagner les enfants pour les activités à l'extérieur : baby-gym, les ateliers, les sorties au parc. On est obligé de rester à la maison".

     

    Une initiative au secours des personnes à mobilité réduite

    Change.org (07/05/2023) [archive]

    Fouad Ben-Ahmed cofondateur Collectif Sans-Ascenseurs président Asso CAC93 Seine-Saint-Denis 2023

    Fouad Ben-Ahmed
    France

    cofondateur du Collectif Sans-Ascenseurs, président de l'Association Club-Acteurs-Citoyens Seine-Saint-Denis (CAC93) Villepinte 2023

    Il aide les naufragés de la mobilité

    Fouad Ben Ahmed. Ce militant multicarte de Seine-Saint-Denis permet aux personnes à mobilité réduite de sortir de chez elles en cas de panne ou d'absence d'ascenseur grâce à un fauteuil mobile manié par des personnes en insertion.

    Sa boussole : "Un monde meilleur"

    Peut-être a-t-il le syndrome du sauveur ? "C'est une belle maladie !", plaisante en tout cas Fouad Ben Ahmed, qui se demande sans cesse "comment faire pour rendre la vie de quelqu'un meilleure".

    Le film Un monde meilleur (une comédie dramatique américaine de Mimi Leader sortie en 2000), lui est d'ailleurs particulièrement cher. Sorti en 2001, il raconte comment un garçon de 12 ans, répondant à un devoir scolaire qui demande de trouver des solutions pour améliorer le monde, suggère d'aider trois personnes qui, à leur tour, devront en aider trois autres.

    Pour améliorer les choses, "il faut s'oublier et rester déterminé mais il faut aussi proposer des solutions", estime Fouad Ben Ahmed, citant les exemples précis de Coluche et de l'abbé Pierre, qu'il admire. Pour ce militant de la mobilité verticale "Les grandes victoires en termes d'acquis sociaux ont été le fruit d'un acharnement individuel au service d'une cause".

    Il y a mille histoires dans la vie de Fouad Ben Ahmed. Celle d'un ancien cancre qui a redoublé trois fois mais qui, à la rentrée prochaine, va enseigner la création d'entreprise dans les services à la personne à l'université catholique d'Angers. Celle d'un enfant de Seine-Saint-Denis qui, ayant grandi à la cité de l'Abreuvoir à Bobigny avant de devenir animateur puis chef de service, connaît son territoire comme personne. À tel point qu'en 2015, un journaliste américain en fait le personnage central d'une enquête de dix pages qui fera référence sur les banlieues françaises.

    Et puis il y a aussi le spectaculaire acte de bravoure de ce père de famille qui, alors qu'il emmenait ses enfants voir Superman au cinéma en 2013, tombe sur un homme armé décidé à en découdre avec sa femme et son amant, lui fait une prise de jujitsu et l'immobilise jusqu'à l'arrivée des forces de l'ordre. 

    Et pourtant, c'est encore une autre facette de la vie de Fouad Ben Ahmed qu'il faut raconter cette fois. Cette histoire-là, qui lui vaut d'être nominé à un prix polonais en matière d'in novation, a commencé en juillet 2016, à Bobigny. Ce soir-là, le militant multicarte, qui anime le CAC 93, un "club des acteurs citoyens" œuvrant pour résoudre les problèmes du quotidien, a invité les habitants du quartier à une paella associative. Mais Martine, 66 ans, ne vient pas.

    Depuis presque deux mois, cette femme en fauteuil roulant est bloquée dans son appartement par une panne d'ascenseur qui ne sera pas réglée avant huit semaines encore. "On est capable d'envoyer quelqu'un dans l'espace mais on est incapable de garantir que les gens puissent sortir de chez eux !", s'indigne Fouad. Qui déploie alors son énergie pour interpeller le bailleur, mobiliser des soutiens, et médiatise la situation, qui sera, du coup, résolue en huit jours.

    Sur le compte Facebook qu'il crée pour l'occasion, très vite, une multitude de témoignages similaires affluent. Une mère qui doit porter son fils handicapé, des personnes âgées qui ne peuvent faire leurs courses, des invalides qui sont empêchés de se rendre à un rendez-vous médical... "Quand on vit en appartement, on peut très vite se retrouver prisonnier chez soi pour peu qu'on soit âgé, handicapé ou malade", résume Fouad Ben Ahmed, qui fonde alors le Collectif Plus Sans Ascenseur pour agir plus efficacement auprès des bailleurs.

    Mais Fouad n'est pas un idéologue. Plutôt un idéaliste. "Je n'ai pas une vision radicale des choses, je suis par nature optimiste et à la recherche de solution", explique celui qui, en 2018, se rapproche d'un fabricant pour concevoir un fauteuil sur roues pivotantes. Manié par un bénévole, il peut monter et descendre sans effort n'importe quel escalier.

    Dès 2019, une expérimentation est menée dans la commune du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) pour prendre en charge les naufragés de la mobilité. Expérience réussie.

    Pour grandir, et répondre à des marchés publics, Fouad Ben Ahmed transforme alors l'activité bénévole en entreprise. Depuis février 2021, la société SAMV (Solution d'assistance à la mobilité verticale) propose des prestations de mobilité verticale, et, en attendant de rentabiliser cette activité nouvelle, du portage de courses.

    Grâce à dix fauteuils et six véhicules, près de 29 personnes, essentiellement des salariés en insertion, ont été recrutées. 170 personnes ont été transportées, et plus de 7 500 déplacements, payés par les bailleurs et les ascensoristes, ont été effectuées en Île-de-France mais aussi à Marseille, Bordeaux, Rouen ou Angers. Et nous avons des perspectives à Caen, Rouen, Toulouse, Reims, Lille, Le Havre ou Nice, se réjouit Fouad Ben Ahmed, qui semble inarrêtable.

    "En aidant les gens à se déplacer, on peut vraiment aider les personnes âgées ou handicapées à mieux vivre tout en restant à leur domicile", insiste-t-il. Pour cela, "il faut développer le métier d'assistant à la mobilité verticale et se déployer sur tout le territoire." Fouad Ben Ahmed travaille d'ailleurs avec le sénateur Thierry Meignen (Les Républicains) à une proposition de loi visant à faire inscrire l'aide à la mobilité verticale dans les contrats de tous les ascensoristes.

    Nathalie Birchem

    https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Fouad-Ben-Ahmed-initiative-secours-personnes-mobilite-reduite-2023-04-25-1201264895

     

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