• Polésie

    La Polésie * est une région historique d'Europe. Elle s'étend sur le territoire de trois, voire quatre pays : le sud de la Biélorussie, le nord-ouest de l'Ukraine, l'est de la Pologne et, dans le sens maximal, une petite partie de la Russie occidentale.

    La plus grande partie de la Polésie s'étend au sud de la Biélorussie et au nord de l'Ukraine, le sud de la Polésie chevauchant, dans le sens maximal, le nord de la Volhynie, autre région historique d'Ukraine. Mais une partie se situe dans la voïvodie de Lublin, en Pologne, et, au sens large, jusque dans l'oblast de Briansk, en Russie.

    Polésie carte

    La Polésie se situe dans la zone de bois mélangés.
    Sa frontière sud se situe à la limite des bois et de la steppe boisée.

    * le nom Polésie signifie "alternance de marais et de bois". En biélorusse : Палесьсе, Pales'se ; en ukrainien : Полісся, Polissia ; en russe : Полесье, Polessié ; en polonais : Polesie ; en allemand : Polesien)

    Il existe plusieurs variantes de la toponymie et de l'étendue de cette région selon les sources. Pour la plupart des auteurs, ce nom slave viendrait de Pod-lese, qui signifie "sous la forêt" ou "limitrophe d'une forêt". Une première hypothèse linguistique propose que l'étymologie du nom remonte à la grande forêt slave, où les clairières naturelles s’appelaient des "poliés" (poljé). Une poljé peut aussi désigner une formation géologique particulière : la doline, qui abonde dans la région karstique située plus au sud : la Podolie (signifiant "sous les dolines" ou "dans les dolines"). Les fines argiles s'accumulent dans le fond des dolines, formant des sols défavorables aux arbres, au profit des herbacées et poacées, qui nourrissent des troupeaux d'herbivores sauvages (comme le bison d'Europe, qui ne survit que dans cette zone). Avec l'anthropisation et la disparition des grands troupeaux, ces poljés propices aux activités agricoles et pastorales permettent l'établissement des premières pólis (cette fois au sens indo-européen de "localité", initialement en bois et, dans les zones marécageuses, sur pilotis, en palafittes). Le système agricole pratiqué dans ces régions est appelé infield-outfield : l'étendue des activités dépend des fluctuations du climat, du niveau des eaux, des invasions et de la démographie.

    Mais il existe aussi d'autres points de vue, suivant lesquels la toponymie proviendrait des racines baltes pol/pal, qui désignent une région de marécages. Pour appuyer l'hypothèse suivant laquelle le nom Polésie désigne, tantôt un territoire sous les bois, tantôt à la limite du bois, on peut rappeler que le mot "polésie" se traduit en lituanien par le mot pagiriai (en lituanien giria signifie "bois" ou "forêt", et le préfixe pa signifie "à côté de", "tout près de"). En Lituanie, il existe beaucoup de villages et de lieux-dits qui portent ce nom de Pagiriai. Les habitants de ces régions s'appellent, en lituanien, des pagiritaï, c'est-à-dire un nom qui correspond tout à fait à celui que leur donnait les Grecs et qui est mentionné par Claude Ptolémée. Qui plus est, le latin pagus ("peu profond") semble aussi remonter à la même étymologie indo-européenne liée aux marais. La localisation des anciens pagiritaï correspond à celle de la Polésie historique (territoire situé entre la steppe et les zones de forêts, au centre et au sud d'une région où s'étendaient les hydronymes baltes antiques) *.

    * De plus, de nombreux voisins des pagiritaï, mentionnés par Ptolémée, sont également des peuplades de Baltes anciens : les Séloniens (Lettonie), les Coures (Courlande), les Galindiens (sud de mer Baltique), les Prussiens, les Esthes (Estonie) et, encore, les Neuris (Scythie), les Mélancliens et les Budines.

    Wikipédia

    Quelques développements de Wikipédia

    Les Polésies

    Population

    Nous sommes d’ici

    Interrogés sur leur nationalité lors du recensement de la population polonaise en 1931, sept cent mille habitants répondirent "nous sommes d’ici". Les autochtones les plus anciens se donnaient le nom de "Politchouki" (en polonais Poleszucy). Ils parlaient différents dialectes, proches du polonais et du ruthène ancien, une langue slave orientale dont l’ukrainien est issu. Davantage marqués ethniquement à l’ouest de la Polésie, la force physique et mentale des Politchouki leur garantissait autonomie et liberté. Sédentaires, ces paysans-pêcheurs étaient viscéralement attachés à leur sol. La pomme de terre représentait la base de leur nourriture. Les forêts leur offraient champignons et myrtilles. Ils avaient développé l’apiculture. À l’image de leur caractère secret et taciturne, les Polichouki vivaient dans des chalets en bois très simples, avec des fenêtres étroites et des toits de chaume.

    À tout âge et en toute saison, les Politchouki étaient chaussés de laptis (łapcie), des sandales traditionnelles fabriquées artisanalement avec des lanières d’écorce de tilleul, d’orme ou de bouleau. Dans l’eau des tourbières, elles mollissaient et s’usaient rapidement. Mais elles devenaient ainsi très confortables et permettaient de se déplacer en silence, sans effrayer les animaux.

    https://artpolonais.com/la-polesie-lamazonie-en-europe/ [archive]

    Traditions slaves

    Traditions slaves. Source : https://artpolonais.com/la-polesie-lamazonie-en-europe/

    Marais du Pripiat

     

    La Polésie, l’Amazonie de l’Europe

    La Polésie, véritable Amazonie européenne, zone humide sauvage poumon du continent

    La Polésie, véritable Amazonie européenne, zone humide sauvage et poumon du continent.

    Au tournant des XIXe et XXe siècles, la peinture de plein air connut un essor considérable. Dorénavant équipés de tubes de couleurs, les artistes partirent en quête de lumière naturelle. Plusieurs peintres de culture polonaise trouvèrent ainsi l’inspiration en Polésie : une région authentique et préservée, couverte de marais et de bois, peuplée d’oiseaux et de gibiers à profusion, et dont les discrets habitants vivaient en parfaite harmonie avec une nature pourtant difficile à apprivoiser...

    https://artpolonais.com/la-polesie-lamazonie-en-europe/ [archive]

     

    Le paradis des oiseaux et le roi Élan

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    Avec leurs étés pluvieux, leurs lacs brumeux et peu profonds propices à la nidification, les vastes terres polésiennes offrent un accueil paradisiaque à des milliers d’oiseaux aquatiques. Parmi les deux cents espèces recensées aujourd’hui, les grues comptent certainement parmi les plus typiques, aux côtés des sternes, vanneaux, hérons et cigognes. Perchés sur les arbres alentours, ou planant au-dessus des marais, guettent les pygargues à queue blanche. Ces imposants rapaces des milieux aquatiques auraient pu inspirer l’aigle blanc des armoiries de la Pologne.

    Oiseaux de Polésie

    De tout temps, la région fut un terrain de chasse populaire, non seulement pour ses oiseaux, mais aussi pour son grand gibier. L’élan, l’un des plus gros mammifères terrestres d’Europe, était roi en Polésie, avant de devenir une espèce en voie de disparition au XXe siècle. À présent protégé en Pologne, il vit surtout dans les parcs naturels de Biebrza et Kampinoski. Considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands aquarellistes polonais, Julian Fałat (1853-1929) étudia l’art à Cracovie puis à Munich, avant d’entreprendre, en 1885, un véritable tour du monde initiatique. L’année suivante, au cours d’une chasse, il rencontra le futur empereur Guillaume II d’Allemagne. Il devint ainsi peintre officiel à sa cour pendant une dizaine d’années. À ce titre, il participa et illustra de nombreuses parties de chasse. Devenu directeur de l’École des Beaux-Arts de Cracovie en 1895, il eut l’occasion de se rendre à plusieurs reprises en Polésie. Après l’une de ces visites, il réalisa un grand-format mettant en scène le roi Élan au cœur d’un magnifique paysage, dont l’effet panoramique accentue l’immensité et la sauvagerie des marais.

    Polésie Le ''roi Élan''

     

    Le parc national de Polésie

    Polésie bison d'Europe

    Aux confins de la Biélorussie, de l'Ukraine et de la Pologne, la Polésie présente une riche biodiversité.
    Elle abrite des ours bruns, des loups, des bisons d'Europe et des oiseaux rares.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Parc_national_de_Polésie

    Après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, la Biélorussie introduisit une stricte protection de rares zones encore vierges de la Polésie. Il reste ainsi quelques villages dont chaque maison dispose d’un ponton et d’une barque et où la navigation sur l’eau est encore le mode de transport principal. Mais ce sont souvent des personnes âgées qui y vivent, les jeunes préférant partir s’installer en ville. La région de Lublin en Pologne accueille depuis 1990 le Parc national de Polésie (Poleski Park Narodowy). Il fait partie d’une Réserve de Biosphère transfrontalière déclarée en 2012 par l’UNESCO.

    Polésie Photos du site Poleski Park Narodowy

    Photos du site Poleski Park Narodowy

    Les passerelles en bois de ses cent kilomètres carrés permettent d’insolites promenades entre prairies, tourbières et marécages à la vie animale abondante. Et certains racontent qu’à la nuit tombée les chants anciens des Politchouki y résonnent encore.

     

    Documentation Polésie

    Plein la vue ! => Images libres de droits de Polésie

    Histoire

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    La Polésie est une vaste région tourbière et marécageuse bordée de forêts, partant du lit de la rivière Bug à l’ouest puis longeant les six cent cinquante kilomètres du bassin de la rivière Pripyat le long de l’actuelle frontière entre la Biélorussie et l’Ukraine. Certains la surnommèrent "Amazonie de l’Europe" en référence à sa biodiversité hors du commun. A l’antiquité, les Grecs pensaient qu’il devait s’agir d’une ancienne mer. Entre les IXe et XIe siècles, la Polésie se trouvait sur l’une des routes commerciales utilisées par les Varègues, vikings de Suède, pour rejoindre Constantinople et les autres villes de la mer Noire, en alternant navigation et portage.

    Frontières mouvantes

    Avec la création en 1569 de la République des Deux Nations entre la Pologne et la Lituanie, la Polésie devint partie intégrante de ce Commonwealth multiculturel qui englobait désormais la totalité de la rivière Pripyat. L’époque du dernier roi de Pologne et grand-duc de Lituanie, Stanislas Auguste Poniatowski (1732-1798), était au développement de la navigation fluviale. Des canaux furent alors construits entre les cours d’eau pour éviter les harassants portages.

    En 1784, le Canal Royal (Kanal Krolewski), long de cent cinq kilomètres, relia ainsi les rivières Bug, sous-affluent de la Vistule, et Prypiat, affluent du Dniepr. Entre 1765 et 1783, le comte Michel-Casimir Ogiński (1728-1800), richissime grand-général de la République et représentant des Lumières, fit creuser à ses frais un autre canal de cinquante quatre kilomètres entre les fleuves Niémen et Dniepr. Ainsi, de petits navires pouvaient désormais relier directement la mer Baltique à la mer Noire, et donc à la Méditerranée.

    Polésie vieille carte XVIIe siècle

    Lors du partage en 1795 du territoire de la République entre ses trois puissants empires voisins, le régime tsariste annexa l’ensemble de la Polésie. Pendant des décennies, la majeure partie de ses habitants, éloignés des villes et des voies de communication, parvinrent toutefois à rester à l’écart des turbulences de l’histoire, préservant ainsi leurs coutumes.

    Avec l’indépendance de la Pologne à l’issue de la Première Guerre mondiale, la région se trouva au cœur d’un autre redécoupage des territoires. La Polésie occidentale, correspondant à la vallée de la rivière Bug, devint alors une province administrative de la Deuxième République de Pologne. La Polésie orientale fut quant à elle partagée entre les républiques socialistes soviétiques de Biélorussie et d’Ukraine nouvellement créées.

    Après la Seconde Guerre mondiale, les frontières nationales migrèrent significativement vers l’ouest. L’essentiel de la Polésie rejoignit les Kresy (pluriel qui signifie "périphérie" ou "frontière" en polonais, équivalant au français "confins"), un terme populaire polonais désignant le territoire oriental de l’ancienne République des Deux Nations et dont l’usage fut interdit par les autorités communistes. Seul un fragment resta en Troisième République de Pologne.

    Un désastre écologique

    La Seconde Guerre mondiale avait laissé des lieux de massacre et des villages en ruine.

    Dans les années 1960, les autorités soviétiques entreprirent de drainer la Polésie, conduisant à un désastre écologique. Le réseau de fossés reliés aux cours d’eau profonds transforma en effet les zones marécageuses en déserts et toute vie animale disparut. Un institut spécial d’irrigation remplaça alors l’institut de drainage. Des kolkhozes de plusieurs hectares, destinés aux cultures annuelles, se substituèrent à la paysannerie traditionnelle. Les habitants durent abandonner leurs cultures ancestrales.

    En 1986, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl imprégna durablement la partie orientale de la Polésie, à la frontière entre Biélorussie et Ukraine.

    À l’écart du monde

    Quelques décennies plus tôt, des artistes polonais préservèrent heureusement la mémoire paysagère et culturelle de cette région qui paraissait alors si exotique et mystérieuse. Rivières, lacs et marais couvraient encore l’essentiel de la Polésie. Les terres arables constituaient moins du quart de sa superficie. Parmi les marécages impénétrables, des zones sèches formaient des îles accueillant des villages dispersés. Les habitants vivaient ainsi à l’écart du monde. En hiver seulement le gel permettait de rejoindre la ville la plus proche en traîneau.

    Julian Fałat L’hiver en Polésie (1910) – Traîneau sur un champ enneigé (v.1895)

    Julian Fałat L’hiver en Polésie (1910) – Traîneau sur un champ enneigé (v.1895)

    Aux autres saisons, au risque de se perdre à jamais, il fallait savoir reconnaître les fourrés de roseaux et distinguer les passages étroits légèrement piétinés par les populations locales.

    Le radeau constituait le principal moyen de communication : il servait à transporter le foin fauché aux fermes et les animaux domestiques aux pâturages. Les pêcheurs préféraient utiliser des barques étroites, faciles à manœuvrer parmi les roseaux et à glisser sur les berges. Une perche permettait de les guider avec précision et silencieusement, à la manière d’un gondolier vénitien.

    Pêche en Polésie (v. 1919-1939)

    Une Pétition

    La Polésie, véritable Amazonie européenne, est une zone humide sauvage qui constitue le poumon de notre continent. Mais un nouveau canal de navigation financé par nos impôts est sur le point de la décimer. Nous ne pouvons pas laisser l’Union européenne financer cette destruction en notre nom. (avril 2023)

    Saviez-vous que l’Europe possède sa propre "Amazonie" ? La Polésie est un gigantesque labyrinthe de tourbières, de marécages et de ruisseaux. Un haut lieu de la biodiversité, et le poumon de notre continent. [1]

    Mais un projet de construction d’un immense canal de navigation reliant la mer Noire à la mer Baltique menace cette zone extraordinaire. En convertissant la Vistule, un fleuve polonais naturel, en un canal réglementé sur 500 kilomètres, ce projet détruirait les rivières et les zones humides de Polésie. Par conséquent, ce projet aurait des conséquences néfastes sur les zones sensibles de biodiversité. Il menacerait également les bisons, les loups et des lynx d’Europe, déjà en voie d’extinction. [2]

    La construction d’un nouveau barrage sur la Vistule est en cours de préparation à Siarzewo. Il constituerait le premier tronçon de la voie navigable E40. La Pologne affirme que le barrage est nécessaire à la navigation, à la production d’énergie et à la gestion d’eau. Mais c’est faux. En réalité, le barrage ne constitue pas une solution de transport durable et aura des conséquences catastrophiques sur les sites Natura 2000.

    Pire encore, ce projet pourrait être en partie financé par l’argent des contribuables "européen·ne·s". La Commission européenne attribue des fonds à des "mégaprojets" de transport maritimes transfrontaliers, et ce projet pourrait bien en bénéficier ! Malheureusement, très peu de gens sont au courant de l’existence de l’Amazonie européenne et du risque de la voir détruite à l’aide de financements publics de l’UE.

    Si la Commission européenne fait face à l’opposition de dizaines de milliers de personnes, elle pourrait décider de ne pas financer ce projet terrible et appeler la Pologne à protéger les sites Natura 2000 de la Vistule. [...]

    Références

    [1] https://www.theguardian.com/world/2020/mar/06/the-race-to-save-polesia-europes-secret-amazon-aoe – https://savepolesia.org/polesia/
    [2] Il existe des solutions permettant d’éviter de graves dégâts. Plutôt que de détruire les poumons de l’Europe, on pourrait investir dans le réseau ferroviaire existant qui relie la mer Baltique et la mer Noire. En effet, le transport maritime serait plus lent, plus coûteux, plus polluant et moins fiable que le transport ferroviaire électrique. Pour en savoir plus : https://savepolesia.org/the-threat/ et https://savepolesia.org/the-solution/

    Documentation diverse

    Voir Le « monde russe »

    (fr) Virginie Symaniec : La construction idéologique slave orientale. Langues, races et nations dans la Russie du XIXe siècle, Éditions PETRA, Paris, 2012 (ISBN 978-2-84743-045-5).

    (fr) Witt Raczka : Aux confins de l'Europe de l'Est - Mare Balticum, L'Harmatan, volume 1 (ISBN 978-2-296-10883-7) et volume 2 (ISBN 978-2-296-10884-4)